CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

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L'Arabie Saodite dans les relations internationales au Moyen Orient

                                      

                                                          PLAN DE L’EXPOSE

                                INTRODUCTION

      I.                        L’ARABIE SAOUDITE AVANT LA GUERRE FROIDE

  1. 1.    Le wahhabisme et la fondation du royaume d’Arabie Saoudite.
  2. 2.    Le soutien des britannique aux wahhabites
  3. 3.    La naissance des relations avec les Etats-Unis

 

     II.                        L’ARABIE SAOUDITE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES AU MOYEN ORIENT PENDANT LA GUERRE FROIDE.

  1. 1.    Généralité des relations de l’Arabie Saoudite pendant la guerre froide
  2. 2.    L’Arabie Saoudite dans la guerre israélo-arabe
  3. 3.    Les relations de l’Arabie Saoudite avec la Syrie
  4. 4.    Les relations de l’Arabie Saoudite avec l’Iran

 

  1. III.                        L’ARABIE SAOUDITE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES AU MOYEN ORIENT APRES LA GUERRE FROIDE
    1. 1.    L’Arabie Saoudite dans la guerre du golfe
    2. 2.    Les  relations syro-saoudienne après la guerre du Golfe
    3. 3.    L’Arabie Saoudite dans la nouvelle conception des enjeux stratégiques au Moyen Orient après le 11 septembre 2001
    4. 4.    L’Arabie Saoudite : indispensable sur la scène régionale et internationale ?

                                         CONCLUSION

                                              INTRODUCTION

 

Compris entre la rive Orientale de la Méditerranée et la ligne tracée par la frontière entre l’Iran d’une part, le Pakistan et l’Afghanistan d’autre part, mais aussi de l’Afrique du Nord, le Moyen Orient abrite plusieurs groupes culturels et ethniques. Cette région afro-asiatique comprend une vingtaine de pays dont l’Arabie Saoudite.

L’Arabie Saoudite de l’arabe ‘’ As Su'udīyah’,  pays du Proche Orient occupant la plus grande partie de la Péninsule Arabique dont la capitale est Riyad, est entourée au nord par la Jordanie, l’Irak et le Koweït, à l’est par le Golfe Arabo-persique et le Qatar ; au sud-est par les Emirats Arabes Unis et le Sultanat d’Oman ; au sud par la république de Yémen et à l’ouest par la mer rouge et le Golfe d’Aqaba. Les frontières du sud-est et du sud ne sont pas délimitées avec précision et font l’objet de contentieux avec les pays concernés. Relativement peu peuplée et disposant de très importantes réserves pétrolières, l’Arabie Saoudite est l’un des pays les plus riches de l’orient.   Elle est gouvernée depuis près d’un siècle par la dynastie des Saoud qui s’appuient sur une interprétation stricte des recommandations islamiques. Le royaume a su se tailler une place très importante  parmi les Etats les plus puissants du monde, d’où son rôle important dans les relations internationales au Moyen Orient. Sur ce, quels peuvent être les relations de l’Arabie Saoudite sur le plan international avant, pendant et après la guerre froide ?

 

 

I.L’ARABIE SAOUDITE AVANT LA GUERRE FROIDE

 

  1. 1.  Le wahhabisme et la fondation du royaume d’Arabie Saoudite 

         Les circonstances de l’apparition du wahhabisme sont liées à un besoin de réforme sociale et religieuse d’une société marquée à l’époque par les superstitions et l’ignorance …  Ils ont essayé donc de se baser  sur leurs propres efforts juridiques pour construire une doctrine  puritaine qui va jusqu’à nier les quatre doctrines reconnues  par l’ensemble de la Umma (communauté). Ils ont été surtout favorisés par les tendances du nationalisme arabe (une identité arabe contre l’empire Ottoman).

          A la base du wahhabisme se trouve Muhammad Ibn ‘Abd al Whahhâb, théologien, qui s’est dit sunnite fixé en 1739, où il se fait connaitre par une prédication marquée par le puritanisme, l’intolérance et une interprétation littérale du Coran. Ses propos sont repris dans un traité, intitulé ‘’traité de l’unicité divine’’ (Kitâb Al-Tawhîd), dans lequel il rejette tout à la fois les pratiques et les spiritualités chiites ainsi  que tout compromis avec la modernité sociale. De fait, une telle pensé ne peut que provoquer l’hostilité des populations majoritairement chiites. Alors, Abd Al Whahhâb trouve refuge auprès d’un chef local, nommé Muhammad Al-Saoud (1705-1785), qu’il convertit à ses vues théologiques et politiques. La descendance de ce personnage est elle-même durablement acquise au wahhabisme.

    Le wahhabisme a imposé ses principes archaïques et vidés de toute spiritualité dans la majeure partie de l’Arabie (de la Mecque à Oman) dès le début du XIXe siècle. Mais au début du XXe siècle, son influence s’est peu  à peu restreinte à la petite république du Nedjd dont la capitale est Riyad. C’est cette petite république qui deviendra, par la suite le Royaume d’Arabie Saoudite (par la fusion du Nadjd et du Hedjaz le 22septembre 1932).

Dans les années 1960, la famille royale saoudienne et ses alliées wahhabites s’emploient à une politique active de prosélytisme international propageant la conception  wahhabite au-delà des frontières du royaume. Grace aux importantes ressources financières dont elle dispose, l’Arabie Saoudite favorise l’idéologisation, selon la conception wahhabite, d’Etats tels que le Pakistan et le Soudan. Ainsi, l’Arabie Saoudite a financé directement ou indirectement à la création et le développement de mouvements islamistes radicaux poussant parallèlement à certains autres mouvements islamistes à une radicalisation dogmatique et/ ou politique.

 

  1. 2.    Le soutien des britanniques aux wahhabites

Les préceptes du wahhabisme sont des faits importants ou influents dans les sphères religieuses et politiques des pays musulmans. Dès sa création, les Britanniques ont joué un grand rôle  dans le soutien à l’influence et à la diffusion du wahhabisme en Arabie Saoudite, avant l’expansion de cette doctrine qui a trouvé des adeptes dans le monde musulman. Cette doctrine a été soutenue par les Britanniques pour contrecarrer et affaiblir l’empire Ottoman surnommé « homme malade » à l’époque. Après le départ des Britanniques et grâce aux importantes ressources financières dont elle dispose, l’Arabie Saoudite a favorisé l’idéologisation de la conception wahhabite, dans nombres de pays tels que le Pakistan et le Soudan. Par ailleurs, on estime que le wahhabisme est surtout une doctrine ultraconservatrice et résolument passéiste, qui vise à maintenir les masses populaires dans l’ignorance des réalités scientifiques et philosophique.

 

  1. 3.    La naissance des relations avec les Etats-Unis

Au début du XXe siècle, Abdelaziz Ben Abdel Rahman al Saoud, le fondateur du royaume saoudien moderne, voulant protéger l’indépendance du pays, décida de prendre le premier contact avec les  américains, seule puissance à ne pas avoir eu une démarche colonisatrice dans la région. C’est au début des années 1930, contraint par des problèmes de finance publique désastreuse, que le monarque attribua à une compagnie américaine une concession de forage.

Le 14 février 1945, le Président des Etats-Unis Franklin Delano Roosevelt (1882-1945), reçoit à bort du croiseur Quincy le Roi d’Arabie Saoudite sur le Lac Amer, dans le Canal de Suez en Egypte. Roosevelt propose alors au régime saoudien le soutien américain et la  garantie de la sécurité de son territoire contre l’exploitation de ses richesses pétrolières. Le Roi accepte d’attribuer les concessions pétrolières à la société ARAMCO (Arabian American Oïl Company), contrôlées principalement par las compagnies américaines, sur 1.500.000 Km² pour une période de 60 ans. L’accord entre les deux chefs d’Etats  prévoit qu’entre 18 à 21% par baril exporté de cette zone doivent être réservés Royaume. Le soutien américain permet alors au Roi Abd Al Aziz d’assoir confortablement son pouvoir sur l’ensemble du territoire et de s’assurer un revenu nécessaire à la modernisation du pays. Les Etats-Unis peuvent quant à eux contrôler les ressources saoudiennes et s’appuyer sur un allié de poids dans la région. En effet, le pétrole prend une importance considérable pour la croissance économique américaine et le Moyen Orient devient le centre de l’industrie pétrolière. Ce rapprochement entre les deux pays va être renforcé  tout au long de la guerre froide, période durant laquelle, l’Arabie Saoudite devient un allié important contre la propagation du communisme dans la région.

 

 

II.  L’ARABIE SAOUDITE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES PENDANT LA GUERRE FROIDE.

 

  1. 1.    Généralité des relations de l’Arabie Saoudite pendant la guerre froide

Le Roi Ibn Séoud mourut le 9 novembre 1953. Son fils aîné Séoud Ibn Abd Al Aziz  né lui succéda. Prônant la neutralité arabe dans la guerre froide opposant l’Est et l’Ouest, l’Arabie Saoudite s’oppose au pacte de Bagdad signé en 1955 par la Turquie, l’Irak   , le Pakistan et la Grande Bretagne. La même année, des représentants de l’Arabie Saoudite assistèrent à la conférence de Bandung de Non-alignés. En octobre 1955, les forces britanniques du sultanat de Mascate et d’Oman reprirent une oasis située dans la zone de conflit occupée en 1952 par la Police saoudienne. L’Arabie Saoudite fit appel, mais en vain, à l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour obtenir son soutien contre les Britanniques. L’Arabie Saoudite se rapprocha de l’Egypte nassérienne et de la Syrie, qu’elle soutint financièrement par ailleurs. Après que les Israéliens, les Britanniques et les Français eurent conjointement attaqué l’Egypte en 1956, l’Arabie Saoudite durcit ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne et la France, et cessa d’approvisionner leurs ankers en pétrole. Après la crise de Suez, l’influence américaine en Arabie Saoudite  s’accru encore. Le Roi Séoud effectua une visite aux Etats-Unis en janvier 1957: en échange de facilité en Arabie Saoudite (base aérien d’Oharan) les Etats-Unis fourniraient des armes au pays.

En mars 1958, le Roi Séoud(Saoud) conféra ses pouvoirs exécutifs et législatifs au Premier Ministre, son frère le prince héritier Fayçal Ibn Abd Al-Aziz, tout en conservant le droit de véto. En mai, un décret royal établit un cabinet. Toutefois, en 1960,  le Roi Séoud démit Fayçal, reprit le contrôle du gouvernement et assuma lui-même les fonctions de Premier Ministre. Lors d’une conférence à Bagdad du 10 au 14 septembre 1960, l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Venezuela et le Koweït fondèrent l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole(OPEP) afin de coordonner leurs politiques et de maintenir les prix du pétrole.

En octobre 1962, le Roi Séoud renonça de nouveau à sa fonction de Premier Ministre en faveur de Fayçal. Entre temps, les relations avec l’Egypte s’étaient détériorées, du fait de la révolution de septembre 1962 au Yémen : l’Egypte accorda son soutien au nouveau gouvernement républicain tandis que l’Arabie Saoudite accueillait l’Imam yéménite en exil et s’engageait à l’aider à remonter sur le trône. Ce soutient provoqua le bombardement des villes saoudiennes par l’aviation égyptienne en novembre 1962.  Le prince Fayçal, qui avait renforcé son pouvoir et introduit des réformes économiques et sociale importantes, succéda Séoud le 2 novembre 1964.

Depuis les années 1970, l’Arabie Saoudite renforce son rôle sur la scène internationale au Moyen Orient grâce à sa puissance financière et au recule des idéologies socialistes dans le monde arabe. Elle cherche en effet, à devenir l’un des axes fondamentaux sinon le centre de l’ensemble musulman. C’est ainsi que Faysal se fait l’un des plus actifs artisans de la création en 1972 de l’Organisation de la Conférence Islamique(OCI) qui institutionnalise la solidarité et la coopération entre les Etats musulmans dans le domaine économique. Après l’antimarxisme et l’islamisme, le troisième fondement de la politique économique extérieure du royaume est la lutte contre le sionisme, qui passe par la revendication constante de l’évacuation de Jérusalem (où se trouve le troisième lieu saint de l’islam, la mosquée d’Al-Aqsa) par Israël, ainsi par un soutien financier aux adversaires de l’Etat hébreu dont l’OLP.

Faysal Ier est assassiné le 25 mars 1975 par un de ces neveux. Son deuxième successeur qui fut l’Emir Fahd bin Abdul-Aziz Al Saoud va consacrer une partie importante du budget à l’armement et à accède de ce fait au rang de puissance militaire. Forte de ses pétrodollars, l’Arabie Saoudite tient en effet un rôle majeur dans la région du Golfe et même au-delà : les saoudiens ont par exemple soutenu financièrement le afghans moudjahidin contre l’armée rouge. Craignant les tentatives hégémoniques du pouvoir islamique de Téhéran (plus encore que celle de l’Irak sur le Koweït), les saoudiens accusent les chiites iraniens d’être à l’origine de très graves incidents qui auraient ensanglanté le pèlerinage à la Mecque le 31 juillet 1987 (402 victimes) et soutient financièrement Bagdad lors du conflit irano-irakien (1979-1988).

Depuis les années 1970, l’Arabie Saoudite renforce son rôle sur la scène internationale au Moyen Orient grâce à sa puissance financière et au recule des idéologies socialistes dans le monde arabe. Elle cherche en effet, à devenir l’un des axes fondamentaux sinon le centre de l’ensemble musulman. C’est ainsi que Faysal se fait l’un des plus actifs artisans de la création en 1972 de l’Organisation de la Conférence Islamique(OCI) qui institutionnalise la solidarité et la coopération entre les Etats musulmans dans le domaine économique. Après l’antimarxisme et l’islamisme, le troisième fondement de la politique économique extérieure du royaume est la lutte contre le sionisme, qui passe par la revendication constante de l’évacuation de Jérusalem (où se trouve le troisième lieu saint de l’islam, la mosquée d’Al-Aqsa) par Israël, ainsi par un soutien financier aux adversaires de l’Etat hébreu dont l’OLP.

Faysal Ier est assassiné le 25 mars 1975 par un de ces neveux. Son deuxième successeur qui fut l’Emir Fahd bin Abdul-Aziz Al Saoud va consacrer une partie importante du budget à l’armement et à accède de ce fait au rang de puissance militaire. Forte de ses pétrodollars, l’Arabie Saoudite tient en effet un rôle majeur dans la région du Golfe et même au-delà : les saoudiens ont par exemple soutenu financièrement le afghans moudjahidin contre l’armée rouge. Craignant les tentatives hégémoniques du pouvoir islamique de Téhéran (plus encore que celle de l’Irak sur le Koweït), les saoudiens accusent les chiites iraniens d’être à l’origine de très graves incidents qui auraient ensanglanté le pèlerinage à la Mecque le 31 juillet 1987 (402 victimes) et soutient financièrement Bagdad lors du conflit irano-irakien (1979-1988).

 

2. L’Arabie Saoudite dans la guerre Israélo-Arabe

En 1967, peu avant la guerre des six jours,  le Roi Fayçal exprima son soutien total à au Président Gamal Abdel Nasser et envoya 20.000 hommes en Jordanie pour combattre Israël. Le 6 juin, toutes les exportations de pétrole d’Arabie Saoudite vers la Grande-Bretagne et les Etats-Unis furent suspendues ; toutefois, les relations diplomatiques ne furent pas rompues ; le commerce du pétrole reprit avec la défaite arabe. Une conférence au  sommet des pays arabes se tint plus tard dans l’année et déboucha sur le retrait de l’Egypte du Yémen ; en juillet 1970, l’Arabie Saoudite reconnut officiellement le gouvernement républicain du Yémen après sept (7) années d’affrontement intermittents. L’Arabie Saoudite accrut son aide à l’Egypte pour compenser la perte de revenu occasionnée par la fermeture du canal de Suez pendant la guerre. Le Roi Fayçal continua à demander une action panislamique contre Israël. Cependant, il fut toujours réticent à militer contre l’Occident. Lors de la guerre de Kippour, l’Arabie Saoudite joua un rôle décisif en suspendant brièvement les livraisons de pétrole vers les pays qui avaient soutenu Israël et en multipliant par quatre le prix mondial du pétrole. Le choc pétrolier et la participation majoritaire acquise en 1974 par l’Arabie Saoudite dans la société ARAMCO, augmentèrent fortement les revenues du gouvernement et permirent de financer un plan important de développement économique.

 

 

3. Les relations de l’Arabie Saoudite avec la Syrie

 

Le Syrie et l’Arabie Saoudite mettent en place des relations à la suite de la   prise du pouvoir par Hafez el-Assad le 13 novembre 1970 qui devint Président le 22 février 1972.

     A cet époque, la Syrie recherche des alliées régionaux, afin notamment de faire face à Israël qui occupe le Golan syrien depuis la Guerre de six jours. De son coté, l’Arabie Saoudite redoute l’Iran gouverné par des chiites et contrôlant la rive nord-est du Golfe, ainsi que le Détroit d’Ormuz. Elle souhaite donc renforcer sa sécurité régionale et sa stabilité interne et se rapproche de la Syrie. A l’époque de la guerre froide, des divergences en politique étrangère existent entre la Syrie et l’Arabie Saoudite. La Syrie entretenait des relations avec l’Union Soviétique (vente d’armes notamment) et l’Arabie Saoudite considérant ce pays commun régime communiste et athée. Mais ces divergences ne remettent pas en cause les relations syro-saoudiennes. Celles-ci s’orientent sur la base d’une aide financière versée par l’Arabie Saoudite à la Syrie : en 1971, l’Arabie Saoudite lui verse deux fois 100 millions de dollar. Dans les années 1980, cette aide est estimée à 500 millions de dollar par an.

A partir de 1980, alors que la République islamique venait d’être établie en Iran en février 1979, la Syrie se rapproche de l’Iran. Ce rapprochement n’est pas idéologique car la Syrie étant un pays sunnite dominé par le parti Baas nationaliste et laïque et l’Iran un régime chiite théocratique. En outre, lors de la guerre Irak-Iran qui débute le 22 septembre 1980, la Syrie soutient l’Iran considérée  comme une menace par ses voisins sunnites du Golfe. Des intérêts communs motivent cette alliance, pérenne depuis 1980, alors que les monarchies du Golfe et l’Arabie Saoudite considèrent l’Iran comme une menace, en raison de la contagion qui risque de s’effectuer en direction des populations chiites du Golfe. Mais l’alliance entre la Syrie et l’Arabie Saoudite persiste. L’Arabie Saoudite devant ménager son alliée pour des raisons de stabilité

4.  Les relations de l’Arabie Saoudite avec l’Iran

Depuis l’instauration du régime islamique d’Iran en 1970, le pèlerinage annuel aux lieux saints musulmans de la Mecque et de Médine est devenu l’occasion d’affrontement récurent entre pèlerins iraniens et polices saoudiennes. La question de pèlerinage aux lieux saints demeure une source constante de tension entre les deux voisins.

    Par ailleurs, Téhéran reproche à la monarchie saoudienne de s’être éloignée des préceptes de l’Islam et d’être des alliées des américains et d’Israël. Les relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran ont connu un nouveau tournant. Depuis 1987, les saoudiens prônent la fermeté et reconnaissent l’inanité d’une politique d’apaisement la république islamique qui, non seulement en désarme pas mais attaque profondément les fondements même de la dynastie des Saoud.

      Cette situation amène les saoudiens à couper les relations diplomatiques avec Téhéran le 26 avril 1988. Il faut observer qu’en effet, l’Arabie Saoudite a toujours cherché à affaiblir la révolution islamique. Elle a profité de l’engagement de l’Irak et de l’Iran dans la guerre du Golfe pour mettre en place le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), avec le Koweït, Qatar, Bahreïn, les Emirats arabes unis et Oman. L’Iran de son coté le considère comme une alliance militaire dirigée par les cercles impérialistes similaire à l’OTAN, dont la principale raison d’être est d’empêcher la victoire de la révolution islamique dans la région.

     Au-delà de l’hostilité traditionnelle entre arabes et perces ; entre sunnites et chiites, l’affrontement irano-saoudien symbolisait de manière emblématique la compétition que la monarchie saoudienne et le régime des Mollahs se livraient au même moment, sur plus d’un continent, chacun cherche à affirmer la légitimité de son leadership sur la communauté musulmane. Interne et régionale.

 

III  L’ARABIE SOUDITE DANS LES RELATIONS    INTERNATIONALES  AU MOYEN ORIENT APRES LA GUERRE FROIDE

1. L’Arabie Saoudite dans la guerre du Golfe.

La prise du Koweït par l’Irak en août 1990 eut des répercutions militaires, politiques et économiques importantes en Arabie Saoudite. Une coalition dirigée par les Etats-Unis prit position sur le territoire saoudien pour le défendre contre une éventuelle invasion irakienne et, ultérieurement, pour libérer le Koweït et anéantir l’armée irakienne lors de la guerre du Golfe. Entre temps, afin de compenser la perte des livraisons de pétrole en provenance de l’Irak et du Koweït, l’Arabie Saoudite augmente fortement sa production de pétrole. Des réformes politiques décrétées par le Roi Fahd en 1992 mirent en place un conseil consultatif, la choura et une déclaration des droits ; elles modifièrent aussi les règles de succession. Les problèmes économiques devinrent manifestes en 1993. 

Les Etats-Unis avaient insisté pour que l’Arabie Saoudite paie pour la guerre du Golfe, ce qui coûta au pays 51 milliards de dollars. En dépit de ses problèmes économiques, l’Arabie Saoudite aida à déjouer un plan iranien visant à augmenter artificiellement le prix du pétrole en mars 1994. L’Arabie Saoudite a été le plus ardent défenseur des pourparlers israélo-palestiniens. Mais le soutien de Yasser Arafat à Saddam Hussein lors de l’invasion du Koweït a fourni aux saoudiens une occasion de réduire considérablement les aides financières consenties à l’OLP (près de 500 millions de dollars en 25 ans).

   2. Les relations Syro-saoudienne  après la guerre froide

   Les relations entre ces deux pays sont rompues à la suite de l’assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri le 14 février 2005 connu pour ses liens avec l’Arabie Saoudite. Le Président Bachar al- Assad est ainsi convoqué en mars 2005 à Riyad par le roi Abdallah, qui lui demande d’appliquer la résolution de l’ONU et de retirer ses troupes du Liban. En outre, l’aide de la Syrie au Hezbollah libanais et au Hamas, mouvement soutenu par l’Iran, ne peut-être acceptée par l’Arabie Saoudite, qui craint le renforcement de son voisin chiite au dépend des sunnites.

        Mais la participation de Bachar al-Assad au sommet de paris pour la méditerranée le 13 juillet 2008 puis l’arrivée de la nouvelle administration Obama au pouvoir en janvier 2009 marquant un tournant dans les relations avec la Syrie, tant du coté occidental que de l’Arabie Saoudite. Concernant les raisons du rapprochement Syro-Saoudien, certains estiment que l’Arabie de Saoudite se rapproche de la Syrie afin de la détacher de l’Iran. D’autres avancent l’hypothèse que l’administration Obama a permise ou souhaitée le rapprochement entre les « modérés » (Egypte, Jordanie et Arabie Saoudite) et les proches de l’Iran afin de reprendre  le dialogue avec l’axe Syrie-Iran.

 

3. L’Arabie Saoudite dans la nouvelle conception des enjeux stratégiques au Moyen Orient.

L’après 11 septembre 2001 marque un tournant important dans la trajectoire politico-économique du Royaume saoudien au Moyen Orient. D’une part, sa relation de confiance avec les Etats-Unis est durablement affectée ; d’autre part, on observe un net déclin de son emprise et sur sa traditionnelle sphère d’influence (le conseil de coopération du Golfe). Ce nouveau contexte pousse les dirigeants saoudiens à développer une autre conception stratégique pour un  Moyen Orient pacifié. Cela repose sur la volonté du royaume d’impliquer  davantage la communauté internationale et de voir réduire l’influence américaine pour le règlement des crises régionales (israélo-palestiniennes, irakiennes, programme nucléaire iranien…), ainsi que sur la défense de l’idée de garder le Moyen Orient libre de toutes armes de destruction massive avec la participation de toutes les acteurs concernés, y compris Israël. Cette vision globale saoudienne de la sécurité est inédite depuis la création du Royaume en 1932. Elle est davantage liée à la panique que suscite à Riyad la future prise en main par les chiites d’Irak et ses possibles conséquences sur  la communauté chiite présente dans le nord-est du royaume, à Bahreïn et au Koweït, que sur une volonté d’afficher son indépendance vis-à-vis de Washington. La nouvelle perception régionale voisine qui, de la résignation à la tutelle américaine, adhèrent aujourd’hui à la vision stratégique américaine d’un « remodelage du Moyen Orient ».

En outre, les évènements du 11 septembre 2001 ont obligé les dirigeants saoudiens à remettre en cause les fondements de la politique qui régit l’Arabie Saoudite. En effet, les relations avec les Etats-Unis qui reposaient sur l’accord « pétrole saoudien contre protection américaine » ont été fortement ébranlées. Dès lors, l’Arabie Saoudite doit se faire à l’idée que dans le Golfe elle a perdu de l’influence dans les monarchies pétrolières qui s’appuyaient jusqu’à présent sur la protection américaine. L’apparition au début de 2000 d’un terrorisme djihadiste a conduit à une profonde remise en cause de la mission que s’est assignée l’Arabie Saoudite : le tabou autour du dogme wahhabite est levé, les terroristes s’en réclamant, sont désormais combattus ouvertement

4. L’Arabie Saoudite : indispensable sur la scène régionale et internationale ?

 Pour l’ensemble des pays du Moyen Orient, la puissance saoudienne en leur sein surtout avec une si grande abondance en hydrocarbure (pétrole mais aussi le gaz naturel) devrait être interpréter comme une bénédiction pour ses riverains et pour l’ensemble moyen oriental. Mais hélas, cela est devenue plus pue jamais une source de malédiction pour cette partie du monde. Tant de richesses, partagées au gré des frontières héritées de la colonisation, sont sources de conflits interminables, de convoitise de la part des voisins plus peuplés et moins pourvus. Elles placent aussi la région sous la surveillance, pour ne pas dire sous la tutelle, des grandes puissances industrialisées dont l’économie est fortement dépendante des approvisionnements énergétiques en provenance du Moyen Orient.

        En outre, la puissance saoudienne est telle qu’elle est crainte par les superbes puissances mondiales. Ainsi, les Etats-Unis ont tiré de ces mythes éculés une attitude de différence à l’égard de l’Arabie Saoudite parce qu’ils sont persuadés que ce pays a le pouvoir de ruiner l’Occident grâce à son pétrole. Sur ce, la politique Occidentale a plus de respect pour l’Arabie Saoudite que pour aucun autre pays. Mais le jour où ses décideurs politiques se rendront compte que l’économie mondiale est moins entre les mains de l’Arabie Saoudite que ne l’est l’économie saoudienne entre les mains des clients occidentaux, alors ils cesseront d’être effrayés. Ils devraient réaliser que la réalité à changé et que la menace du pétrole n’a plus cours.

 

 

                  CONCLUSION

     En somme, on peut retenir au terme de notre étude que l’Arabie Saoudite reste au cœur de la vie internationale. Elle est cet « Etat sans Nation » qui tient pour sa fortune pétrolière et la force de la dynastie au pouvoir. Mais la longue fin du règne du Roi Fahd a concentré tous les dangers : la tension avec l’Iran, l’invasion du Koweït par l’Irak, l’émergence d’Al Qaïda, organisation hyper-terroriste islamique anti-occidentale et d’origine arabe, l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. Les tensions internes s’accumulent : lutte des palais, essor du fondamentalisme sunnite contestataire, irruption du terrorisme islamique à l’intérieur. L’alliée américaine est devenue imprévisible. Sa présence massive en Irak est une menace potentielle.

      L’Arabie Saoudite tient les clés des questions qui la dépassent au Moyen Orient : l’approvisionnement pétrolier des économies industrielles, la garde des lieux saints de l’Islam, l’équilibre stratégique  au Moyen Orient selon les jeux du pouvoir au gré des circonstances et suivant l’habilité des acteurs.  Il apparait aujourd’hui que l’argent du pétrole saoudien a été à l’origine de la résurgence de l’Islam militant et terroriste à travers le monde. On a besoin de chasser les mythes éculés de la puissance du pétrole saoudien pour établir une nouvelle politique réaliste et saine pour la région.

 

 

BIBLIOGGRAPHIE

 

  • Ø CAROLINE.D, 2009, l’exception syrienne entre modernisation et      résistance, Paris la Découverte, 354p

 

  • Ø KARIM. B, « l’Iran est aujourd’hui une puissance incontournable avec laquelle les Etats-Unis vont traiter », dossier de l’IRIS, janvier 2009

.

  • Ø OLIVIER. D, 2006, Géopolitique de l’Arabie Saoudite, Paris, édition Complexe, 143p.

 

  • Ø DOMINIQUE et MICHELE. F,  QUID 2000, « tout sur tout et un peu plus que tout », éd. Robert Laffont, pp : 953-954

 

  • Ø Internet : www.google.fr

 



24/09/2012
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