CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

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L'école de la Nouvelle Histoire

PLAN

INTRODUCTION

I/ NAISSANCE ET PRECURSEURS DE L’ECOLE DE LA NOUVELLE HISTOIRE

1/Naissance de la Nouvelle Histoire

2/Les précurseurs

II/CARACTERISTIQUES ET OBJECTIFS DE LA NOUVELLE HISTOIRE

1/Les caractéristiques

2/Les objectif

III/ EVOLUTION ET LIMITES DE L’ECOLE DE LA NOUVELLE HISTOIRE

1/ Evolution

2/ Les limites

CONCLUSION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

L’historiographie européenne a eu une longue histoire qui plonge ses racines dans l’Antiquité au travers de la Grèce. Elle connaitra plus tard une évolution notable au cours des 18eme et surtout 19eme et 20eme siècle, lorsqu’elle acquiert un statut véritablement scientifique, lequel statut est à mettre à l’actif de quatre grandes écoles dont celle positiviste, celle des Annales, l’école marxiste et l’école des Historiens de la Nouvelle Histoire. Nous nous pencherons sur cette dernière qui est le courant historiographique, correspondant à la troisième génération de l’école des Annales française, apparue dans les années 1970. Aussi sera-t-il question de mettre en exergue l’apport fondamental de cette école à l’écriture de l’histoire en passant par les conditions de sa naissance, les objectifs visés, son évolution et les limites éventuelles que celle-ci viendrait à présenter.

 

I/ NAISSANCE ET PRECURSEURS DE L’ECOLE DE LA NOUVELLE HISTOIRE

1/ Naissance de l’école de la Nouvelle Histoire

 

L’école des Annales est remontée d’une histoire économique et démographique très productive dans l’intervalle 1950 à 1960 à une histoire culturelle en plein essor dans les années 1970. Ce dernier courant a donné  naissance en 1978 à la Nouvelle Histoire qui apparait dans un contexte où l’Europe était en proie à un déclin à la fois démographique et politique et où l’économie connait un essor considérable.

Selon certains auteurs, il y aurait beaucoup d’autres « idoles » dont la chute a favorisé l’apparition de la Nouvelle Histoire et à consolider ensuite son assise. En tout premier lieu l’ « idole » du sujet « maître » et possesseur de la nature et maître de soi comme le concevait DESCARTES. La déconstruction du sujet entreprise depuis le début du siècle a mis en circulation des idées dont s’est inspirée la Nouvelle Histoire. Il est vrai qu’ensuite celle-ci allait apporter une contribution importante à cette œuvre de démolition à laquelle ont participé d’autres courants de la pensée.

 

 

 

2/ Les précurseurs

 

La Nouvelle école historique a eu des précurseurs peu nombreux, mais de taille. On peut se rappeler VOLTAIRE qui affirmait que « les trois ou quatre mille descriptions de batailles » qu’il avait lues ne l’avaient guère instruit sur les hommes et les mœurs des évènements passés. On rappelle également MICHELET, le grand précurseur, qui, détestant l’histoire décharnée, avait voulue la «biographier » comme si c’était une personne, refaisant le « bios », c'est-à-dire la vie intégrale du passé. Il se voulait un « ressusciteur ». Effectivement, le texte qui cite J. LE GOFF est étonnant, parce qu’il préfigure avec précision, le programme de la Nouvelle Histoire : « En résumé, l’histoire…me paraissait encore faible en ses deux méthodes : très peu matérielle, tenant compte des races, non du sol, du climat, des aliments, de temps, de circonstances physiques et physiologiques. Trop peu spirituelles, parlant des lois, des actes politiques, non des idées, des mœurs, non du grand mouvement progressif, intérieur de l’âme nationale ». On pourrait ajouter également à cette listes d’éminentes figures comme celles de LUCIEN FEBVRE, ERNEST LABROUSSE, GEORGES DUBY, JEAN BOUVIER….

 

II/ CARACTERISTIQUES ET OBJECTIFS

 

1/ Les caractéristiques

 

En remontant à la première phase des Annales nous pouvons déceler ce qui caractérisait la Nouvelle Histoire. Dire qu’elle se voulait économique et sociale explique peut être moins que de dire ce qu’elle ne voulait pas être, évènements, dates, rois, batailles….

La Nouvelle Histoire rejette explicitement ces objets d’étude qu’elle jugeait insignifiants dans le double sens du mot : dépourvue d’importance et de signification, elle élimine catégoriquement le politique de ses préoccupations. Ce ne sont pas les rois et les empereurs qui comptent ni leurs actions et leurs décisions, parce que les projets, la volonté ne peut pas grand-chose par comparaison au déterminisme qui pèse sur eux. Déterminisme géographique, social, économique et culturel.

La Nouvelle Histoire se caractérise en sus de par ses méthodes. En effet, elle s’arroge un nouveau type de connaissance spécifique d’où elle ne veut  plus  raconter ce qui s’est passé mais plutôt chercher à l’expliquer. De là « l’histoire restitution » cède la place à « l’histoire interprétation » qui pense ainsi révéler ce qui se cachait, éclaircir ce qui était opaque, retrouvant du même coup la cohérence ou même d’en donner à des faits qui n’en avait aucunement. A y regarder de près l’on peut se rendre compte que la Nouvelle Histoire est avant tout « l’histoire des mentalités » car il s’agit d’établir une histoire sérielle des mentalités, c'est-à-dire des représentations collectives et des structures mentales des sociétés. En fonction de la question posée, l’historien analyste, s’efforce de proposer une interprétation rationnelle des données que lui ont fourni son corpus de recherche.

Il  ressort donc que les Historiens de la Nouvelle Histoire se sont lancés dans l’analyse globale de très vastes ensembles, cohérents dans leur organisation sociale et économique et coiffés par un système de représentations homogènes. Il convient de souligner que la Nouvelle Histoire fait appel à l’anthropologie historique, sociologique, mathématique etc.

 

2/ Les objectifs

 

Plusieurs éléments caractérisent la Nouvelle Histoire et elle se fixe divers objectifs :

Tout d’abord la Nouvelle Histoire se veut une histoire conceptualisante. Pour elle, l’évènement n’est au pis, un accident sinon, tout au plus la pointe visible d’un énorme iceberg. Aussi serait-il intéressant de regarder encore et encore cette pointe visible ? Raison pour laquelle la nouvelle discipline se veut une histoire des profondeurs. Et, comme celles-ci ne sont pas visibles, elle se propose de les reconstituer par la force de l’intelligence voire de la science.

PAUL VEYNE, l’auteur de ces lignes plaide donc pour une histoire conceptualisante, qui opère, à l’exemple de la sociologie de MAX WEBER avec des « idéaltype » c'est-à-dire des idées, des concepts, des hypothèses logiques qui précèdent la recherche et l’oriente. Elle ne se situe plus au niveau de la réalité des faits mais élabore avant de les étudier des concepts rationnels et systématiques « avec la connotation mathématique du mot science ». Ainsi, toute page d’histoire est sous tendue par des syllogismes implicites, partout où elle explique au lieu de constater ». L’historien dont le talent est « pour moitié d’inventer les concepts » ne part plus loin dans son expédition scientifique les mains vides pour voir ce qu’il va découvrir, se laissant imprégner par l’admirable diversité de paysages avec pour ambition de bien le peindre. Le Nouvel Historien sait ce qu’il cherche et même ce qu’il va découvrir. De toute façon tout est dans sa tête pour ainsi dire. C’est un penseur et un créateur. Il s’arroge le pouvoir de recréer le passé, parfois même de le créer tel qu’il n’a jamais été, c'est-à-dire doué de sens, cohérent, logique, clair.

L’histoire qu’il écrit se veut en général fidèle à ce passé véridique, mais on le dirait parfois être tenté seulement, vraisemblable, possible, comme une pure construction de l’esprit. Le maître LUCIEN FEBVRE avait soutenu que : « il n’y a le passé qui engendre l’historien, il y a l’historien qui fait naitre l’histoire ».

La Nouvelle Histoire s’intéresse également à l’histoire non évémentielle qui pousse la conceptualisation plus loin que ne le font ses sources et que ne le faisait les historiens d’autre fois.

Outre ces objectifs, cette école se veut objective c'est-à-dire que l’histoire ne s’écrit plus qu’entre guillemets, n’acceptant la subjectivité du chercheur que lorsqu’elle s’avère admirable, c'est-à-dire indispensable, bien à propos. Au lieu d’être un scribe, l’historien devient un savant, opérant avec des déductions, des comparaisons et des généralisations, étudiant logiquement les données tout en leur prêtant un sens.

 

III/ EVOLUTION ET LIMITES

 

1/ Evolution

 

La Nouvelle Histoire a joué un rôle fédérateur des sciences sociales. Si elle a joué ce rôle, comme on le voit dans les pages des Annales, c’est qu’elle a renoncé à ce qui faisait antérieurement la stricte spécificité de l’étude historique, pour adopter leurs objets. Elle s’est proposé de rechercher dans le passé ce que la géographie, la sociologie, l’économie, l’ethnologie cherchent dans le présent. Cette interdisciplinarité nous semble être devenue encore plus importante pour l’histoire des mentalités qui est selon nous une vraie pluri discipline. C’est ce qui explique sa vogue et son rayonnement : non seulement les historiens mais aussi les professeurs de lettres, les anthropologues, les sociologues, les psychologues se découvrent intéressés par elle et se rangent sous sa bannière. Cette évolution a favorisé des spécialisations dans le domaine de l’histoire : histoire de la mort, histoire de la consommation, histoire des mentalités, histoire de la santé…toute chose qui a permis l’élargissement du champ historique. Nonobstant tout cet effort de l’école de la Nouvelle Histoire, celle-ci présente des limites.

 

2/ Les limites

Selon HERVE COUTAU BEGARIE, dans son ouvrage « le phénomène nouvelle histoire », les limites de cette école se mettent en évidence par le manque de considération pour l’antiquité, l’époque contemporaine et l’histoire politique, militaire, diplomatique… En rejetant l’histoire événementielle telle que les guerres, la narration, la biographie d’un roi, l’héroïsme, l’école de la Nouvelle Histoire réduit le champ d’expression historique dans la mesure où ces évènements constituent des sources de recherche pour l’historien.

 

CONCLUSION

 

En somme, nous retiendrons que l’école de la Nouvelle Histoire dont les tenants en France sont entre autres JACQUES LE GOFF, PIERRE NORA est née dans un contexte de bouleversement fondamental que connaissait l’Europe dans les années 1970. Son émergence résidait dans le besoin d’apporter un souffle nouveau dans l’écriture de l’histoire, toute chose déjà amorcée par l’école des Annales de LUCIEN FEBVRE et MARC BLOCH. Conceptualiser la recherche historique, rompre avec le récit événementiel et apporter de l’objectivité dans la démarche historique, telles étaient les préoccupations essentielles qui sous tendaient son action. Les Historiens de la Nouvelle Histoire se sont lancés dans l’analyse globale de très vastes entités cohérentes dans leur organisation sociale et économique et coiffées par un système de représentation homogène. Le champ de l’histoire s’élargit encore et la discipline s’intéresse davantage aux phénomènes de longue durée. Cependant l’enthousiasme qui l’animait conduisit à une omission qui lui valu des critiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

+ Atlas historique : De l’apparition de l’homme sur la terre à l’ère atomique, édition originale, DTV Atlas zur Weltgeschiste

+ Anthony Bowley, Bernard Droz, Histoire générale du 20ème siècle, Déclin européens, édition du Seuil, Février 1986, Tome I.

+ www.google.fr du 30 Avril 2011.

+ Bakari Traoré ,cours sur les grandes tendances de l’histoire depuis le 19eme siècle, avril 2011.



24/09/2012
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