Les sociétés à pouvoir centralisé
INTRODUCTION
Situé au carrefour des routes caravanières, les pays de la HAUTE –VOLTA actuel BURKINA FASO furent, très tôt, convoités par les pays industrialises d’EUROPE à la fin du XIX ième siècle. Ils furent l’objet d’une rivalité vive entre l’Allemagne, l’Angleterre et la France qui voulaient chacun les occuper. En effet, la colonisation étant dans son principe une extorsion de richesse et de travail, elle portait en soi les causes de son rejet subit de la part des colonisés. C’est ainsi que les peuples des pays de la Haute- Volta constitués des sociétés à pouvoir centralisé et lignagère menèrent une résistance aux colons. De ce fait notre étude portera sur celle des sociétés à pouvoir centralisé. Pour mieux approfondir notre réflexion, nous ferons d’abord une brève présentation des sociétés à pouvoir centralisé, ensuite nous donnerons les causes et les formes de ces résistances et enfin nous analyserons les conséquences de celles-ci.
I. PRESENTATION DES SOCIETES A POUVOIR CENTRALISE
1. AU MOOGHO
a. LE ROYAUME DE OUAGADOUGOU
A la fin du XIIIème siècle, un fils de Naaba ZOUNGR ANA soumis les Nyonyossé des régions de Zignaré, Boussouma, Boulsa, La-todin. Lorsqu’ il devient roi de Tenkodogo à la mort de Naaba Ouédraogo, il avait déjà constitué le royaume d’Oubritenga qui s’appellera plus tard le royaume de OUAGADOUGOU dont Oubri fut le premier MOOGO NAABA.
b- LE ROYAUME DE YATENGA
Fondé à la fin du XVI siècle par YADEGA, le royaume de YATENGA était beaucoup moins étendu. Plusieurs villes furent tour à tour sa capitale, la derniere fut OUAHIGOUYA au XVIIième siècle.
Les moosi de Yatenga avaient pour voisins les Habés ou les Dogons, habitants des falaises situées entre Bandiagara et Hombori. Ce peuple a toujours conservé son indépendance et, de nos jours encore il a gardé de curieuses coutumes.
c. LE ROYAUME DE TENKODOGO
Les fondateurs des royaumes du Yatenga et Ouagadougou sont des descendants de Ouédraogo fondateur du royaume de Tenkodogo. Situé au Sud-est du Burkina Faso actuel, le royaume de Tenkodogo fut le premier royaume des Moosi, descendants des dagomba et des Mampoursi, venus du royaume de Gambaga au début du XIIIième siècle.
2. LES ROYAUMES GOULMANTIEBA
Les royaumes Goulmantieba ont été fondes à partir du XVIème siècle .Les Burkimba venus, de la rive gauche du Niger et conduit par Diaba Lompo en firent les fondateurs.la communauté goulmantié actuel est née du métissage entre les Burkimba et les autochtones Goulmantieba.
Au XVIIIième siècle le Goulma était bien organisé, il comprenait des royaumes indépendants et des royaumes autochtones, unis par la culture et la fidélité au Numbado.
3. L’EMIRAT PEULH DU LIPTAAKO
Le Liptaako a été fonde au début du XIXième siècle par les peulhs Féroobé.c’était un Emirat ; le roi gouvernait selon la loi du Coran.il régnait sur une société divisée en couches distinctes. L’élevage, l’agriculture et le commerce constituaient les principales richesses du pays.
II.LES CAUSES DE LA RESISTANCE
- 1. LES CAUSES POLITIQUES
La politique des amendes, il existait deux types d’amendes : l’amende de guerre et celle politique. La première qui sanctionnait les défaites des indigènes au temps de la conquête, fut remplacée par la seconde qui punissait les actes de résistance. L’application de la justice française ajouta aux deux exemples cites un troisième type d’amende : la judiciaire. Perçut au début de la colonisation en nature, grains et animaux sur pied, les amendes de guerre facilitèrent le ravitaillement des colonnes.les populations participèrent par ce biais à l’autofinancement de la répression.
2. LES CAUSES ECONOMIQUES
Il n’existait pas de rôle d’impôt au début de la colonisation, les résidents prélevaient grains et animaux en fonction des besoins des troupes d’occupation. Mais l’expansion territoriale du domaine colonial français à la fin du XIXième siècle, accrut fortement les dépenses de fonctionnement des colonies, nécessitant une organisation fiscale plus structurée.par une loi du 13 avril 1900,le parlement établit le principe selon lequel : «toutes les dépenses civiles, y compris celle relative à la gendarmerie, serait à la charge des budgets coloniaux ».pour ce faire, les territoires firent appel au financement obligatoire par les populations, à travers des recettes divers.
Parmi les recettes des budgets, les contributions directes et principalement l’impôt personnel intervenant pour une part importante qui alla croissant. Conformément aux arrêtés des 3 juillet et 14 novembre 1903, tous les indigènes des deux territoires militaires étaient soumis aux paiements annuel d’un impôt personnel ou impôt de capitation dont le taux est fixé en 1904 de 0,50 à 4,50f varia dans le temps et d’une région à l’autre.
3. LES CAUSES SOCIALES
Comme les amendes de guerre, l’impôt de capitation, les prestations ou corvées accompagnèrent la colonisation dans sa phase d’installation et participèrent par la suite à la croissance de ses structures. Fondées sur le principe du travail gratuit ou peu rémunéré dû par les indigènes à l’administration, les prestations entaient effectuées par voie de réquisition et couvraient des domaines variés : travaux de construction et maintenance des travaux administratifs, ouverture et entretien des routes, partage du ravitaillement et du courrier, ainsi que tous les travaux nécessaires au développement des infrastructures coloniales.
IV.LES FORMES DE RESISTANCES DES SOCIETES A POUVOIR CENTRALISE
L’infériorité technologique de la population voltaïque face aux armes à feu des colonnes françaises, les obligea à adopter des formes de résistances semblables d’une région à l’autre. Toutes pratiquèrent la « stratégie défensive de la dispersion ». Si l’on a pu noter des combats de front mossi aux forces de conquête ou de répression, les indigènes utilisèrent de préférence le harcèlement, des méthodes de guérilla qui permettaient à leur armement rudimentaire d’obtenir quelques succès. Très vite cependant la supériorité des armes coloniales imposa partout la trêve et les populations se retranchèrent dans des méthodes de luttes non violentes connues sous l’appellation de résistance passive. Nous tenterons ici une analyse des deux formes de résistances : la passive et l’active.
- 1. LA FORME ACTIVE
Cette première forme de résistance se manifesta lors de la prise de Ouagadougou.
En effet à l’approche de la capitale, selon le rapport de Voulet, il aurait dépêché auprès du Moogho Naaba un émissaire. Le souverain aurait refusé d’entendre cet ambassadeur, et l’aurait chassé après l’avoir fait molester. Lorsque l’envoyer est venu rendre compte, la colonne n’était plus qu’à 7 ou 8 Km de Wagadougou. De nombreux cavaliers mossis ont alors fait feu sur eux, tandis que des fantassins leur lançaient des flèches. Le combat s’est engagé et la colonne française traversa de vive force les nombreux villages qui les séparèrent de Wagadougou et de la demeure du Naaba.
A cinq du soir , toute résistance était anéantie et le pavillon français était hissé sur le Dionfoutou de Bokary qui s’est enfui avec les siens vers Bakata c'est-à-dire dans l’Est de Lallé.
- 2. LA FORME PASSIVE
La forme la plus élémentaire de la résistance pacifique était le refus d’obéissance aux ordres, se traduisant par le non paiement de l’impôt, le non présentation de porteurs et de prestataires, ou l’absence de volontaires pour guider les colonnes. Les rapports contiennent de nombreux exemples de ces actions couramment menées dans l’ensemble des pays étudiés. Une autre manifestation de la résistance passive fut le rejet par les populations des chefs nommés par l’administration marquant par là un grave défi à l’autorité du commandant. Nous avons rencontré ce fait au Yatenga lorsque l’administrateur de Ouahigouya se mêla des problèmes de successions pour écarter les «fils de Sagha » du pouvoir. Le refus de l’obéissance au chef imposé pouvait parfois dégénéré en action violente. Ainsi en 1900, les chefs installés par le capitaine Amman dans le KIRPISI (région située à l’Ouest de la piste Ouagadougou-Yako) furent chassés par les villageois. Quand elles ne chassèrent pas ces chefs importuns, les populations utilisèrent d’autres méthodes pour échapper à leur autorité, aux répressions et aux corvées. Parmi celles-ci, l’émigration vers les territoires français voisins ou vers les colonies anglaises de la Gold Coast et du Nigeria. Exemple des peulhs du Liptaako fuyant vers Sokoto.
Ils se pratiquaient chez les populations voltaïques une forme de résistance pacifique que méprisèrent les coloniaux pour son caractère irrationnel mais dont les indigènes n’attendaient pas moins d’efficacité. Il s’agit des sortilèges appelés maraboutage, ou de vœux prononcés sur les autels des ancêtres demandant leur protection contre le pouvoir des blancs, avec la promesse de leur résister pour toujours. Les marabouts et autres féticheurs de renom pratiquèrent à la demande des gens, un grand nombre de « sacrifices » pour « attacher » l’esprit des blancs en vue de s’attirer ses faveurs ou pour les chasser du pays. En 1900, le Naaba de Tibi, village situé à une trentaine de km de Boulsa, envoya aux résidents de Ouagadougou un colis macabre contenant le cadavre d’un enfant. Ce sortilège destiné à expulser les européens du Mossi fit parait-il une forte impression sur la population.
IV.LES CONSEQUENCES DE LA RESISTANCE
- 1. LES CONSEQUENCES POLITIQUES
A ce niveau les populations perdent leur indépendance. Elles se soumettent, en effet, à l’autorité de l’administration française .Elles paient de ce fait de fortes amendes de guerres. Tous les chefs de la résistance sont soit condamnés à la déportation, soit tués. Ce fut le cas du chef de Tokuna (Djakpangou).
- 2. LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES
A ce niveau de lourdes amendes de guerres (or et cauris) ruinent les populations. Les opérations militaires et la mobilisation freinent la mise en valeur des terres, réduisent la production agricole, l’activité des artisans, ralentissent les échanges commerciaux entre les populations locales. Les échanges avec les traitants européens sont imposés.
- 3. LES CONSEQUENCES SOCIO-CULTURELLES
Sur ce plan, la défaite provoque une crise de confiance et un affaiblissement du pouvoir traditionnel (sorciers, féticheurs, chefs). Elle prépare la pénétration de religion monothéiste comme le christianisme et le syncrétique(le harrisme) dans les régions animistes.
CONCLUSION
La conquête française a rencontré une vive résistance dans les pays du Burkina. Les peuples du Burkina en particulier ceux à pouvoir centralisé (Ouagadougou, Yatenga, Gulmu, Tenkodogo, Liptaako) se sont battus avec courage pour sauvegarder leur liberté et leur intégrité territoriale. Mais leur courage et leur détermination n’ont pu empêcher l’occupation. Cependant ils ont laissé une véritable leçon de patriotisme à leurs descendants.
BIBLIOGRAPHIE
-JEANNE- MARIE KAMBOU –FERRAND ,peuples voltaïques et conquêtes coloniales(1885-1914)Burkina Faso, éd Acct /l’harmattan, collection racine du présent .
-LIVRE D’HISTOIRE CM1, INSTITUT PEDAGOGIQUE DU BURKINA.
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