CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

Les sociétés à pouvoir centralisé

                                                        INTRODUCTION

 

           Situé au carrefour des  routes  caravanières, les pays de la HAUTE –VOLTA  actuel BURKINA FASO  furent, très  tôt, convoités  par  les pays  industrialises  d’EUROPE  à la fin du XIX ième siècle. Ils furent  l’objet  d’une rivalité vive  entre l’Allemagne, l’Angleterre et  la  France qui  voulaient  chacun les  occuper. En effet, la colonisation étant dans son principe une extorsion de richesse  et  de travail, elle portait en soi  les causes de son rejet subit de la part des colonisés. C’est  ainsi  que les  peuples des  pays  de la Haute- Volta constitués  des sociétés  à pouvoir  centralisé et lignagère menèrent une résistance aux  colons. De ce fait notre étude portera  sur  celle des sociétés  à pouvoir centralisé. Pour  mieux  approfondir  notre réflexion, nous  ferons  d’abord une brève présentation des sociétés à pouvoir centralisé, ensuite nous donnerons les  causes et  les formes  de ces  résistances  et  enfin nous  analyserons  les conséquences  de celles-ci.         

 

     I. PRESENTATION DES SOCIETES A POUVOIR CENTRALISE

        1. AU MOOGHO

a. LE ROYAUME DE OUAGADOUGOU

          A la fin du XIIIème siècle, un fils de Naaba ZOUNGR ANA soumis les Nyonyossé des régions de Zignaré, Boussouma, Boulsa, La-todin. Lorsqu’ il  devient  roi de Tenkodogo  à  la mort de  Naaba Ouédraogo, il avait déjà constitué le royaume d’Oubritenga qui s’appellera plus tard le royaume de OUAGADOUGOU dont  Oubri   fut  le premier MOOGO NAABA. 

       b- LE ROYAUME DE YATENGA

      Fondé à la fin du XVI siècle par YADEGA, le royaume de YATENGA  était beaucoup  moins  étendu. Plusieurs  villes  furent  tour  à tour sa capitale, la derniere  fut  OUAHIGOUYA  au  XVIIième siècle.

      Les moosi de Yatenga avaient pour voisins les Habés ou les Dogons, habitants  des  falaises  situées entre Bandiagara  et  Hombori. Ce peuple  a toujours  conservé  son  indépendance  et, de nos jours  encore il a gardé de curieuses coutumes.

c. LE ROYAUME DE TENKODOGO

               Les fondateurs des royaumes   du Yatenga et  Ouagadougou sont des descendants de Ouédraogo fondateur du royaume de Tenkodogo. Situé au Sud-est du Burkina Faso actuel, le royaume de Tenkodogo fut le premier royaume des Moosi, descendants des dagomba et  des Mampoursi, venus du royaume de Gambaga au début du XIIIième siècle.

   2. LES ROYAUMES GOULMANTIEBA

         Les  royaumes  Goulmantieba ont été fondes à partir du XVIème siècle .Les  Burkimba venus, de la rive gauche du Niger et conduit par Diaba Lompo en firent les fondateurs.la communauté goulmantié actuel est née du métissage entre les Burkimba et les autochtones Goulmantieba.

Au  XVIIIième siècle le Goulma était bien organisé, il comprenait des royaumes indépendants et des royaumes autochtones, unis par la culture et la fidélité au Numbado.

      3. L’EMIRAT PEULH DU LIPTAAKO

       Le Liptaako  a été fonde au début du XIXième siècle par les  peulhs Féroobé.c’était un Emirat ; le roi gouvernait selon la loi du Coran.il régnait  sur une société divisée en couches distinctes. L’élevage, l’agriculture et le commerce constituaient les principales richesses du pays.

II.LES CAUSES DE LA RESISTANCE

  1. 1.      LES CAUSES POLITIQUES

       La politique des amendes, il existait deux types d’amendes : l’amende de guerre et celle politique. La première qui sanctionnait les défaites des indigènes au temps de la conquête, fut remplacée par la seconde qui punissait les  actes de résistance. L’application de la justice française ajouta aux deux exemples cites un troisième type d’amende : la judiciaire. Perçut au début de la colonisation en nature, grains et animaux sur pied, les amendes de guerre facilitèrent  le ravitaillement des colonnes.les populations participèrent  par ce biais à l’autofinancement  de la répression.

            2. LES CAUSES ECONOMIQUES

          Il n’existait  pas de rôle d’impôt au début de la colonisation, les résidents prélevaient grains et  animaux  en  fonction des besoins des troupes d’occupation. Mais l’expansion territoriale du domaine colonial français à la fin du XIXième siècle, accrut fortement les dépenses de fonctionnement des colonies, nécessitant une organisation fiscale plus structurée.par une loi du 13 avril 1900,le  parlement  établit le principe selon lequel : «toutes les dépenses civiles, y compris celle relative à la gendarmerie, serait à la charge des budgets coloniaux ».pour ce faire, les territoires firent appel au financement obligatoire par les populations, à travers des recettes divers.

          Parmi les recettes des budgets, les contributions directes et principalement l’impôt personnel intervenant pour une part importante qui alla croissant. Conformément aux arrêtés des 3 juillet et 14 novembre 1903, tous les indigènes des deux territoires militaires étaient soumis aux paiements annuel d’un impôt personnel ou impôt de capitation dont le taux est fixé en 1904 de 0,50 à 4,50f  varia dans le temps et d’une région à l’autre.

          3. LES CAUSES SOCIALES

                    Comme les amendes de guerre, l’impôt de capitation, les prestations ou corvées accompagnèrent la colonisation dans sa phase d’installation et participèrent par la suite à la croissance de ses structures. Fondées sur le principe du travail gratuit ou peu rémunéré dû par les indigènes à l’administration, les prestations entaient effectuées par voie de réquisition et couvraient des domaines variés : travaux de construction et maintenance des travaux administratifs, ouverture et entretien des routes, partage du ravitaillement et du courrier, ainsi que tous les travaux nécessaires au développement des infrastructures coloniales.

IV.LES FORMES DE RESISTANCES DES SOCIETES  A POUVOIR CENTRALISE

       L’infériorité technologique de la population voltaïque face aux armes à feu des colonnes françaises, les obligea  à  adopter des  formes de résistances  semblables  d’une région à  l’autre. Toutes  pratiquèrent  la « stratégie défensive de la dispersion ». Si l’on a pu noter des combats de front  mossi  aux  forces  de conquête ou de répression, les  indigènes  utilisèrent  de préférence le harcèlement, des méthodes  de  guérilla  qui  permettaient  à leur armement  rudimentaire  d’obtenir quelques  succès. Très  vite  cependant  la  supériorité  des  armes  coloniales imposa partout  la trêve et  les populations  se retranchèrent  dans  des  méthodes de  luttes  non violentes  connues  sous l’appellation  de résistance  passive. Nous  tenterons  ici  une analyse des deux  formes  de résistances : la passive et l’active.

  1. 1.      LA FORME ACTIVE

 

Cette  première  forme  de résistance  se manifesta  lors de la prise de Ouagadougou.

           En effet à l’approche de la capitale, selon le rapport  de Voulet, il aurait dépêché auprès du Moogho Naaba  un émissaire. Le souverain  aurait refusé  d’entendre  cet  ambassadeur, et  l’aurait chassé  après  l’avoir  fait  molester. Lorsque  l’envoyer  est  venu  rendre  compte, la  colonne  n’était plus  qu’à 7 ou 8 Km de  Wagadougou. De nombreux  cavaliers  mossis  ont  alors fait  feu sur eux, tandis  que  des  fantassins  leur  lançaient  des  flèches. Le  combat  s’est engagé  et  la colonne française  traversa  de  vive  force  les  nombreux  villages  qui  les  séparèrent  de  Wagadougou  et de la demeure du Naaba.      

A cinq du soir , toute  résistance  était  anéantie  et  le pavillon français était hissé sur le Dionfoutou de  Bokary qui  s’est  enfui  avec  les  siens  vers  Bakata  c'est-à-dire dans l’Est de  Lallé.

  1. 2.      LA FORME PASSIVE

     La forme la plus élémentaire de la résistance pacifique était le refus d’obéissance aux ordres, se traduisant  par  le non paiement  de l’impôt, le non présentation de porteurs et de prestataires, ou l’absence de volontaires pour guider les colonnes. Les  rapports contiennent  de nombreux exemples de ces actions couramment  menées dans l’ensemble des pays  étudiés. Une autre manifestation de la résistance passive fut  le rejet  par les populations  des  chefs  nommés  par  l’administration marquant  par  là un grave défi  à l’autorité du commandant. Nous avons rencontré ce fait au Yatenga  lorsque l’administrateur de Ouahigouya  se mêla des problèmes de successions pour  écarter  les «fils de Sagha  » du pouvoir. Le refus de l’obéissance au chef imposé pouvait parfois dégénéré en action  violente. Ainsi  en 1900, les chefs  installés  par le capitaine Amman dans le KIRPISI (région située à l’Ouest de la piste Ouagadougou-Yako) furent  chassés  par  les  villageois. Quand elles ne chassèrent  pas ces chefs importuns, les  populations  utilisèrent  d’autres  méthodes  pour  échapper  à  leur  autorité,  aux répressions  et  aux  corvées. Parmi  celles-ci, l’émigration  vers  les  territoires  français  voisins  ou vers  les  colonies  anglaises  de la Gold Coast  et  du  Nigeria. Exemple   des peulhs du Liptaako  fuyant  vers  Sokoto.

Ils  se  pratiquaient  chez  les populations  voltaïques  une  forme  de résistance pacifique  que méprisèrent  les coloniaux  pour  son caractère irrationnel mais dont  les indigènes  n’attendaient  pas  moins d’efficacité. Il s’agit des sortilèges appelés maraboutage, ou de vœux prononcés sur les autels des ancêtres demandant leur protection contre le pouvoir des blancs, avec la promesse  de leur  résister pour toujours. Les marabouts et  autres  féticheurs  de renom pratiquèrent  à  la demande des gens, un grand nombre de « sacrifices » pour « attacher » l’esprit des blancs en vue de s’attirer  ses  faveurs ou pour les chasser du pays. En 1900, le Naaba de Tibi, village situé à une trentaine de km de Boulsa, envoya  aux  résidents  de  Ouagadougou  un colis macabre  contenant  le cadavre  d’un enfant. Ce  sortilège destiné  à  expulser  les  européens  du Mossi  fit  parait-il une forte  impression  sur  la population. 

 IV.LES CONSEQUENCES DE LA RESISTANCE

  1. 1.      LES CONSEQUENCES POLITIQUES

       A ce niveau les populations  perdent  leur  indépendance. Elles  se  soumettent, en effet, à l’autorité de l’administration française .Elles paient de ce fait de fortes  amendes  de guerres. Tous les  chefs  de la résistance  sont  soit condamnés  à la déportation, soit  tués. Ce  fut  le cas du chef de Tokuna (Djakpangou). 

  1. 2.      LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES

       A ce niveau de lourdes amendes de guerres (or et cauris) ruinent  les  populations. Les opérations  militaires et  la mobilisation freinent  la mise en valeur des terres, réduisent  la production agricole, l’activité des artisans, ralentissent  les échanges commerciaux entre les populations locales. Les  échanges  avec  les traitants européens  sont  imposés.

  1. 3.      LES CONSEQUENCES SOCIO-CULTURELLES

       Sur ce plan, la défaite provoque une crise de confiance et un affaiblissement  du pouvoir traditionnel (sorciers, féticheurs, chefs). Elle prépare la pénétration de religion monothéiste  comme le christianisme et  le syncrétique(le harrisme) dans les régions  animistes.  

 

                                  CONCLUSION

 

     La conquête française a rencontré une vive résistance dans les pays du Burkina. Les peuples du Burkina  en particulier ceux à pouvoir centralisé (Ouagadougou, Yatenga, Gulmu, Tenkodogo, Liptaako) se sont battus avec courage pour sauvegarder  leur liberté et leur intégrité territoriale. Mais leur courage et leur détermination n’ont pu empêcher  l’occupation. Cependant  ils ont  laissé une véritable leçon de patriotisme  à leurs descendants.

 

                                              BIBLIOGRAPHIE

 

-JEANNE- MARIE KAMBOU –FERRAND ,peuples voltaïques et conquêtes coloniales(1885-1914)Burkina Faso, éd Acct /l’harmattan, collection racine du présent .

-LIVRE D’HISTOIRE CM1, INSTITUT PEDAGOGIQUE DU BURKINA.

 



24/09/2012
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