CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

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Recherches

Publication sur les exposés de classe en Histoire et archéologie


La loi cadre

                        

                          INTRODUCTOIN

                       I.                   GENESE DE LA LOI CADRE

  1. 1.          La situation marginale de l’Afrique Noire
  2. 2.          L’éveil des consciences des africains
  3. 3.          Le contexte international

 

                    II.                   L’ADOPTION DE LA LOI CADRE

  1. 1.          Objectifs de la loi cadre
  2. 2.          L’application de la loi cadre

 

                 III.                   L’ATTITUDE DES LEADERS AFRICAINS FACE A LA LOI CADRE

  1. 1.          Les partisans
  2. 2.          Les adversaires

 

                IV.                   L’IMPACT DE LA LOI CADRE SUR LES COLONIES

  1. 1.          Les avantages
  2. 2.          Les limites

 

                      CONCLUSION

 

 

                    INTODUCTION

       Suite à la prise de conscience des africains après la seconde guerre mondiale, les élites politiques commençaient à piétine d’impatience et revendiquer légitimement des responsabilités accrues. Face aux multitudes revendications et de crises dans les colonies françaises, le gouvernement français se trouve dans l’obligation de réviser la constitution et d’adopter de nouvelles lois, particulièrement à l’endroit des colonies françaises. C’est dans ce projet de loi que naitra la  loi-cadre. Votée par l’Assemblée nationale le 23 juin 1956, la loi-cadre pour les territoires d’Outre-mer marque en outre une étape capitale dans la décolonisation. Loi-cadre ou loi n° 56-619 du 23 juin 1956, dite aussi Loi Gaston DEFERRE, autorisant le gouvernement à mettre en œuvre les réformes et à prendre des mesures propres à assurer l’évolution des territoires relevant du Ministère de la France d’Outre-mer, est adoptée dur l’initiative de Gaston DEFERRE, Ministre français d’Outre-mer et maire à Marseille et Félix Houphouët BOIGNY, premier Président de la Cote d’Ivoire et maire d’Abidjan. On l’appelle « loi-cadre » car elle habilite le gouvernement à statuer par décret dans un domaine réservé en principe à la loi. Sur ce, quelles ont été les circonstances qui on prévalues à la mise en place de la loi cadre? Face à cette adoption, quelle sera la réaction des leaders africains ? Et enfin, quels furent l’impact de cette loi sur les colonies ?

 

 

 

        I.            GENESE DE LA LOI-CADRE.

  1. 1.    La situation marginale de l’Afrique Noire

Jusqu’en 1944, l’Afrique Noire sous domination française n’était pas dotée d’une structure politique moderne. Seul le Sénégal était représenté par un député noir au parlement français, et seules ses quatre communes : Saint Lois, Dakar, Rufisque et Gorée avaient un conseil municipal élu. Sans doute, le chef de la France libre avait-il senti les risques de situation marginale dans laquelle l’Afrique était ténue depuis des décennies. C’est ainsi qu’il allait réunir, du 30 janvier au 8 février 1944, la conférence de Brazzaville en présence des gouverneurs généraux, des gouverneurs d’Afrique française, les observateurs d’Afrique du nord ainsi que du commissaire aux colonies, René Pleven. Les travaux de cette conférence furent essentiellement consacrer à dégager des réflexions sur la politique à suivre dans ces contrées d’Afrique comme le disait De Gaul dans son discours d’ouverture : « sans vouloir exagérer l’urgence des raisons qui nous pressent d’aborder l’ensemble des problèmes africains, nous croyons que les évènements qui bouleversent le monde nous engagent à ne pas tarder ».et même si le Générale De Gaul en janvier 1946, l’esprit de Brazzaville ne disparait pas pour autant. La constitution de la IVe République (27 octobre 1946), ont définit les rapports entre la Métropole et ses colonies devenues Territoires d’Outre-mer (TOM) sur une base pus « audacieuse » du moins dans la forme, comme il est expressément stipulé dans le préambule : « La France forme avec les peuples d’outre-mer une union fondée sur l’égalité des droits et des devoirs, sans distinction de race et de religion ».

  1. 2.    Eveil des consciences des africains

La vie politique se développa activement en Afrique Noire dès 1944. Le retour des tirailleurs africains démobilisés fut marqué par un incident grave, la mutinerie de Tiaroye en décembre 1944 où 35 tirailleurs révoltés furent tués. Mais se fut surtout la violence de la nouvelle presse qui échauffa les esprits : l’Afrique libre, Jeunesse et Démocratie proclamait à l’unisson : « le colonialisme est terminé », « le toubab (le blanc) a peur » ; la Communauté annonçait : « nous n’acceptons plus pour longtemps la domination européenne […]. Nous espérons que l’Europe tombera en poussière devant l’Afrique ressuscitée ». Cette presse saluait les progrès de la fédération panafricaine et les discours enflammés du futur leader ghanéen N’krumah ; ce dernier ne répétait-il pas que la libération et l’unité de l’Afrique devraient se faire contre les puissances impérialistes.

Au Sénégal, de partis politiques existaient déjà comme le Parti Socialiste Sénégalais, dont Mr Lamine GUEYE fit peu à peu son parti, le bloc africain. D’autres se créèrent : la vie politique y était d’autant plus active que l’on comptait en 1945 quelque 93.000 citoyens dont 57.778 à Dakar. Au Dahomey « le quartier latin de l’Afrique », la presse politique était particulièrement nombreuse et violente. Elle réclamait l’établissement d’un trusteeship de l’ONU voire l’indépendance. En juin 1946 fut crée l’Union Progressiste Dahoméenne, le premier d’innombrable parti à vocation électoraliste. En Guinée où il n’y avait pas d’évolués mais seulement « quelques milliers d’évoluant », ceux-ci développaient un racisme noir. Le communisme y eu immédiatement un grand succès, grâce à ses assurances doctrinales et à ses promesses et les violences commencèrent dès octobre 1945.

En Cote d’Ivoire, l’action politique naquit spontanément chez les planteurs africains qui s’étaient regroupés dans un syndicat agricole africain, crée en juin 1944. Celui-ci était dirigé par une puissante personnalité, le Dr Félix H BOIGNY, chef coutumier et riche planteur. Elu député en 1945, il fonda en 1946 un Parti Démocratique de Cote d’Ivoire (PDCI) dont le programme était clair : « l’Afrique Noire en Marche. Au Cameroun où des incidents graves avaient éclaté en septembre 1945, une Assemblée représentative fut mise en place en octobre 1946. Le mot magique d’indépendance y était souvent repris. Il en est de même au Togo où le Ewés, partagés en 1919 entre les mandats britannique et français, ne cessèrent de faire appel à l’ONU et aux Américains. La création d’une Assemblée représentative permis à son Président, Sylvanus OLYMPIO, d’utiliser cette tribune pour accroitre l’influence de son parti.

  1. 3.    Le contexte international

Plusieurs évènements ont été à l’origine de l’adoption de la loi-cadre ou loi Gaston DEFERRE de 1956. En effet, l’ONU dès sa création en 1945, offre très vite une tribune aux revendications fondées sur le droit des peuples à l’autodétermination. Aussi, l’Eglise catholique avait déjà depuis 1954, plaidé en faveur de l’autonomie politique des peuples coloniaux. En outre la conférence de Bandung en 1955 qui réunissait les pays non-alignés ; l’inquiétude générée par l’insurrection camerounaise de mai 1955 ; la débâcle militaire française en Indochine (Diem-Bien Phu) en 1956 ; l’indépendance du Maroc et de la Tunisie les 7 et 20 mars 1956 ; en hiver 1955-1956, la guerre d’Algérie prend une tournure dramatique avec la confirmation d’un engagement militaire total ; et surtout l’échec franco-britannique en 1956 dans le Canal de Suez …. Tous ces évènements qui, par ailleurs, ont été à l’origine de l’adoption rapide de la loi-cadre, nous laisse entrevoir que cette loi a été commandée face aux urgences qui se présentaient.

 

       II.            L’ADOPTION DE LA LOI CADRE.

  1. 1.     Objectifs de la loi-cadre

Dix ans après le vote de la constitution de la IVe République, deux ans après la guerre d’Algérie et à peine un an après la conférence de Bandung, le gouvernement français décide d’abandonner les vieux principes d’assimilation. Il fait voter à une majorité de 477 voies sur 99 le projet de loi-cadre. Cette loi du 23 juin 1956 accordait d’abord le suffrage universel et le collège unique à  tous les territoires d’Afrique Noire et de Madagascar elle prévoyait la réorganisation des gouvernements généraux c’est-à-dire l’amoindrissement de leur pouvoir, la création des « conseils de gouvernement » élu et l’extension des compétences des Assemblées territoriales élues. Bref  la loi créait les exécutifs dans les territoires d’Outre-mer et augmentait les pouvoirs du législatif local. Enfin, la loi-cadre posait le principe de l’africanisation des cadres, sous couvert d’une réforme des services publics et de la création des « cadres territoriaux » gérés par les autorités locales ; elle s’engageait aussi à favoriser le développement économique et le progrès social.

  1. 2.     L’application de la loi cadre

 

Le 20 juin 195, l’Assemblée Nationale adopte le texte définitif de la loi cadre qui sera promulguée le 23 du même moi. Des décrets d’applications de cette législation seront approuvés par le parlement français et promulgués le 4 avril 1957. Après quoi, la loi-cadre entrera en vigueur. On peut résumer ainsi les dispositions essentielles de cette législation dans les territoires d’Outre-mer par :

  • L’aménagement de la fonction publique par l’africanisation des cadres en vue  de ‘’ permettre aux africains d’accéder à tous échelons de la hiérarchie administrative’’.
  • L’instauration du suffrage universel et l’adoption du collège unique pour que le paysan noir puisse ‘’au même  titre que le diplômé, exprimer son opinion ‘’. Les femmes et les hommes pourront désormais voter à l’âge de 21ans.
  • L’extension des attributions des Assemblées territoriales, notamment en ce qui concerne la possibilité de légiférer sur des sujets locaux. Ainsi, il a été établi dans chaque territoire un gouvernement dont les Ministres ont été désignés par l’Assemblée territoriale. Néanmoins, les pouvoirs de ce gouvernement sont limités par les compétences déléguées au chef de territoire.
  • La mise en œuvre d’une politique de développement économique dans le monde rural par la création des caisses de stabilisation ou par l’attribution de crédits pour encourager les cultures vivrières.

Tels sont les traits fondamentaux de la loi cadre qui furent plus ou moins mis appliqués pour la nouvelle gouvernance dans les territoires d’Outre-mer. Cependant, bien de divergences de conception sur les rapports franco-africains vont animer les controverses dans les journaux des deux camps adverses : celui des partisans de la loi-cadre et celui des adversaires.

 

APPLICATION DE LA LOI-CADRE AU BUKINA FASO :

              les premières élections sont organisées le 31mars 1957. A l’issue de ces élections, les principales responsabilités sont réparties comme suite :

  • Gouverneur, Président du conseil de gouvernement : Yvon BOUGES.
  • Vice président du conseil du gouvernement : Ouinzzin COULIBALY.
  • Président de l’Assemblée territoriale : Yalgado OUEDRAOGO.

 

          Le premier gouvernement dirigé par un voltaïque est formé le 17mai 1957 et comporte outre des éléments du PDU (Parti Démocratique Unifié), des Ministres du MDV (Mouvement Démocratique Voltaïque). L’assemblée territoriale comptait 70 membres qui portent le titre de ‘’conseillers territoriaux.   

 

       III.     L’ATTITUDE DES LEADERS AFRICAINS FACE A LA LOI CADRE

  1. 1.    Les partisans

Parmi les fervents partisans de la Loi-cadre, il va de soi que le chef RDA (Rassemblement Démocratique Africain), qui a concouru à l’élaboration des textes de la Loi-cadre, doit défendre avec ardeur son œuvre des attaques des ‘’ Senghoristes’’. Il mène ainsi du 26 avril au 22 mai 1956, une campagne de propagande en Côte d’Ivoire au cours de laquelle il s’efforce d’expliquer aux populations les avantages économique, politique et social que leur apportera cette législation. Tous ses discours s’articulent autour de trois thèmes essentiels: la fraternité entre Africains et Métropolitains, le maintien de l’Union française et le rejet catégorique de l’idée d’indépendance. Sur ce, il affirmait : « la Loi-cadre concernant les TOM due à la généreuse initiative de mon excellence ami Gaston Deferre, avec qui j’ai le plus vif plaisir de collaborer, constitue dans son ensemble institutionnel, politique, économique et social, une réelle promotion pour l’Afrique.

En plus de Boigny, le Sénégalais Lamine GUEYE pense aussi la France doit au plus vite réaliser l’union franco-africaine. Il invitait de ce fait les Africains à accepter cette idée. Il va même affirmer ceci : « quand nous venons dire, d’après de la Loi-cadre, que nous estimons qu’une nouvelle étape doit-être franchie, dans le même esprit d’amitié et d’accord avec la France. On nous répond : ‘’vous êtes des perturbateurs’’. Alors, je demande à ceux qui travaillent dans ce sens de comprendre que ce n’est pas la meilleure façon de servir la France. »

  1. 2.    Les adversaires

Se place en tête des opposants à la Loi-cadre le leader Sénégalais Léopold Sedar Senghor dont l’itinéraire politique et intellectuel diverge de celui de Félix Houphouët Boigny. Poète et intellectuel mûri dans la culture française, Léopold Senghor n’était pas tenté au début de sa vie par la politique. Ce n’est qu’en 1945, que le parti socialiste sénégalais l’a choisi en même temps que Lamine Gueye pour représenter le Sénégal à la première Assemblée Nationale Constituante. En 1947, les socialistes perdent le Ministère de la France d’Outre-mer qui passe aux mains du Mouvement Républicain Populaire (MRP). La compétition est donc ouverte entre la  SFIO et le MRP qui tentait d’attirer vers lui les élus africains. Alors, Senghor va crée son parti : le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS), faisant de lui un rival de Lamine Gueye son compagnon de lutte. Si Félix Houphouët Boigny a fait son entrée au gouvernement français en 1956, Senghor avait, bien avant participé à des cabinets français au titre de Secrétaire d’Etat. Lorsque les décrets d’application de la Loi-cadre sont approuvés au parlement français, le journal, L’Unité publie un article de L.S. Senghor englobant tous les aspects de la Loi-cadre. Le leader y dénonce le caractère ‘’balkanisateur’’ de cette loi,  car les mesures de décentralisation et de déconcentration ne peuvent qu’accélérer la désagrégation des solidarités fédérales et enrayer le développement  économique  de l’Afrique. Il met en garde les députés africains, notamment les houphouëtistes, contre ce danger de désagrégation de l’Afrique, car pour Senghor, ‘’avant de réaliser la «communauté française », il faut d’abord réaliser la « communauté africaine ».

Tout comme Senghor, le Dr Raseta de Madagascar pense que : «la France, dans sa Constitution, entend conduire les peuples dont elle a pris la charge à la liberté de s’administrer eux-mêmes. Elle n’a jamais respecté ce principe […], elle nous a octroyé unilatéralement la Loi-cadre, loi qui a pour but de perpétuer le colonialisme et d’abuser du monde de la prétendue générosité de la France envers ses colonies.

Quant à l’UGTAN (Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire) : «  la Loi-cadre est une  mystification, une façade qui ne trompe personne; elle a pour seul but de nous diviser, de masquer et de perpétuer le Régime coloniale ». Pour elle, cette loi aboutira à la balkanisation de l’Afrique Noire, chose qui entrainera la rupture de l’unité des travailleurs.

 

 IV.            L’IMPACT DE LA LOI CADRE SUR LES COLONIES

  1. 1.    Les avantages

Quoi qu’on en dise sur la Loi-cadre, admettons qu’elle a eu un impact très bénéfique dans les différentes colonies. En effet, même si la loi avait introduit une semi-autonomie dans le territoires d’Outre-mer, elle a cependant permis un rapprochement plus considérable entre les leaders politiques et la population. Elle a permis à la population d’être associée étroitement à la gestion de leurs propres affaires.

Dès lors, les gouvernements généraux  disparurent au profil de « groupes de territoires », les grands conseils de fédérations furent maintenus, mais leur rôle ne sera pas essentiel. Inversement, les membres des « conseils de gouvernement», qui reçurent le titre de Ministres, obtenaient des pouvoirs réels, à parité avec les représentants du pouvoir central. Les « conseils de gouvernement » restaient présidés par les gouverneurs devenus « chefs de territoires » ou en leur absence par le vice-président, le conseiller africain élu en tête.

  1. 2.    Les limites

         Ce qui a été une faiblesse de l’application de la Loi-cadre fut cette ambiguïté dans son mode d’approche au niveau des différentes colonies africaines. De ce fait d’aucun n’hésiteraient de dires qu’il y avait ambiguïté dans la Loi et le degré d’application : en effet, l’Assemblée territoriale (représentation locale) est subordonnée à celle de Paris. Aussi, elle ne peut pas s’opposer ou contrôler le pouvoir exécutif. Le principal danger est que la Loi-cadre s’adressait de façon individuelle aux colonies, ce qui entrainer, comme le disaient les opposants ci-dessus cités, à la division des africains.

 

                             CONCLUSION

En somme, nous pouvons, au terme de notre étude, retenir que dix (10) ans après les réformes de 1946, l’impatience des élites africaines conduisit la France à préparer l’acheminement des populations de l’Afrique et de Madagascar  vers la libre disposition de leurs propres affaires. Des urgences politiques extérieures en faisaient aussi nécessaire, d’où l’application d’une loi dénommée « Loi-cadre » ou « Loi Gaston Deferre ». Avec cette loi, la France entait dans une ère nouvelle : de facto, le fédéralisme s’était introduit dans les institutions, même si Paris refusait ostensiblement que cette transformation devint constitutionnelle. Quant aux africains, divisés sur la loi, ils étaient pourtant unanimes à ne pas voir dans ces réformes de structure qu’une étape : l’autonomie de territoire devant déboucher sur l’indépendance ou la constitution d’un Etat fédéral. 

 

 

                                              BIBLIOGRAPHIE

  • Ø Charles-robert Ageron, La décolonisation française, Paris, Armand Colin, 1991-1994, pp : 143-147
  • Ø Capt. Bognessan Arsène Ye, 1986, Profil politique de la Haute Volta coloniale et néocoloniale, ou les origines du Burkina Faso Révolutionnaire, Ouagadougou, Nouvelle du Centre, 110p
  • Ø Ibrahima Baba Kaké, 1989, Chronique de l’Afrique : de 1950 à 1989, éd AMI, 4e trimestre,  pp : 62-65

 

  • Ø Cours d’histoire de la classa de Terminale

 

 

 

                                                                             

PARTIES……………………………………………………………………….……PAGES

…PLAN DEL’EXPOSE……………………………………………………………………….…1

INTRODUCTOIN………………………………………………………………….…….…2

I…GENESE DE LA LOI CADRE…………………………………………..….……..…...2

1…La situation marginale de l’Afrique Noire………………………………..….2

2…L’éveil des consciences des africains……………………………………….…….3

3…Le contexte international………………………………………………….…….......4

II…L’ADOPTION DE LA LOI CADRE…………………………………………….……..4

1…Objectifs de la loi cadre…………………………………………………….…..…..…4

2…L’application de la loi cadre……………………………………………….….………5

III…L’ATTITUDE DES LEADERS AFRICAINS FACE A LA LOI CADRE….......6

1…Les partisans……………………………………………………………………………...…6

2…Les adversaires…………………………………………………………………………..….7

IV…L’IMPACT DE LA LOI CADRE SUR LES COLONIES……………… ….………8

1…Les avantages ……………………………………………………………………….….......8

2…Les limites………………………………………………………………………...……..…..8

….CONCLUSION………………………………………………………………..……9

….BIBLIOGRAPHIE……………………………………………


24/09/2012
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La France au Moyen Orient

INTRODUCTION

Le Moyen-Orient est une zone géographique comprise entre la rive orientale de la mer méditerranéenne: à l’ouest, le bassin Levantin, la ligne tracée par la frontière entre l’IRAN d’une part, le PAKISTAN et l’AFGHANISTAN d’autre part ; à l’est, la frontière turco-iranienne avec les pays du CAUCASE. Au nord-ouest les frontières turques avec la BULGARIE et la Grèce et enfin au sud les frontières respectivement terrestres de l’Egypte et maritimes du Yémen et Oman.

La France quant à elle, est issue d’un peuple germanique, les Francs. Elle a tissé depuis des siècles, des relations solides avec le Moyen-Orient. Ainsi, le thème «La France au Moyen-Orient» nous amène à réfléchir sur les relations que la France entretenait avec cette région. Au cours de notre travail, nous aborderons d’une part les raisons de la présence française au Moyen-Orient des origines à nos jours et d’autre part les rivalités entre la France et les autres puissances au Moyen-Orient.

 

  1. I.                     LES RAISONS DE LA PRESENCE FRANCAISE AU MOYEN-ORIENT DES ORIGINES A NOS JOURS

 

  1. 1.      DES ORIGINES A LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

Le démembrement pur et simple de l’empire ottoman n’est pas à l’ordre du jour avant 1914, mais les grandes puissances européennes n’en surveillent pas moins de près la santé chancelante de «l’homme malade» et entendent bien se tailler des zones d’influence économiques susceptibles, de préparer le moment venu, une présence politique plus directe.

La France prétend avoir au Moyen-Orient des « droits historiques » remontant aux croisades mais aussi aux capitulations conclues en 1740 avec le sultan et faisant de la « fille aînée de l’Eglise » la protectrice naturelle des lieux saints des communautés catholiques. Ainsi en 1860, NAPOLEON III a dépêché un corps expéditionnaire au Liban chargé de protéger la minorité chrétienne maronite dangereusement menacée par les Druzes

A cela s’ajoute les importants intérêts économiques au Moyen-Orient notamment en Syrie, confirmés par un accord franco-turc en avril 1914 octroyant à la France de nouvelles concessions ferroviaires et portuaires.

En réalité, cette mission française au Moyen-Orient n’était pas vraiment de sauver la religion chrétienne qu’on disait menacée par des infidèles. Les croisés, rustres et pillards étaient attirés par le gain facile, par les richesses qu’ils pourraient s’approprier ; car l’Orient est riche et, à bien des égards, plus civilisé que ne l’était l’Europe au Moyen-âge.

 

  1. 2.       ENTRE LES DEUX GUERRES (1919-1939)

La fin de la première guerre mondiale vit donc les troupes franco-anglaises se répandre dans tout le Moyen-Orient. Cela n’alla pas tout seul. Dès 1920, en Syrie, les troupes françaises marchèrent sur Damas pour en déloger le gouvernement indépendant mais elles durent bientôt affronter de nombreuses révoltes qui s’allumaient un peu partout.

Pour gouverner plus à l’aise, le gouvernement français décida de diviser le pays en Août 1920.  Ainsi, naquit le Liban, résultat d’un découpage totalement artificiel comme seuls  savent en faire les colonialistes. Arès cela, la Syrie fut de nouveau découpée en quatre Etats autonomes : DAMAS, l’Etat d’ALEP, l’Etat des Alaouites et l’Etat du Djebel druze. Ce dépeçage en règle de la Syrie amena de nombreuses révoltes  qui  conduisirent  le gouvernement  français à laisser le pays sous autorité militaire. En témoigne la révolte de « Djebel Druze » qui dure de juillet 1925 jusqu’en automne 1927, après avoir enflammé tout le Djebel Druze. Elle toucha Damas, puis elle prit la dimension d’un vaste mouvement national  dont les chefs revendiquaient l’unité syrienne ; la démocratie, la formation d’un gouvernement indépendant. La conférence de la Société  des Nations(SDN) de Février 1926, confirma le mandat français sur  la Syrie et autorise la France a employé tous les moyens qui lui semblaient bons pour ramener le calme en Syrie.

Ajoutons que si la période de l’entre deux-guerres en Syrie fut très mouvementée, elle le fut aussi au Liban. Là aussi, le mandat français se prolongeait et l’administration  coloniale eut du fil à retordre. Malgré la constitution accordée sur le papier, les services du haut commissaire français préférèrent le plus souvent accaparer le pouvoir.

Pendant toute cette période de l’entre deux-guerres, si l’impérialisme français tergiversait quand il s’agit de discuter de la Syrie et du Liban, il ne perdait pas de temps pour ce qui était d’accroitre sa pénétration économique.

La structure coloniale des échanges offrait à la métropole un solde positif, de loin le plus élevé de ceux dont elle bénéficiait à la même époque avec ses colonies. La France exportait dans ces deux pays des marchandises pour une valeur quatre fois plus supérieure à celle des marchandises qu’elle importait. La Syrie et le Liban produisaient essentiellement des cocons, de la soie, des laines, du coton, des peaux brutes ainsi divers produits agricoles ; ces produits leur revenaient ensuite de France sous forme de draps, tissus, cuir, conservés et de produits transformés et… plus chers.

En même temps, le capital financier français pénétrait le Moyen-Orient, via le Liban. Le secteur bancaire se développa  essentiellement à Beyrouth. Toutes les banques étaient à capitaux en majeure partie français mais elles fixèrent aussi une grande partie du capital libanais, en particulier celui appartenant à la grande bourgeoisie chrétienne maronite.

 

  1. 3.       DE LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE A NOS JOURS

A la veille de la deuxième guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne restaient donc les deux grandes puissances coloniales qui, à elles seules se partageaient le Moyen-Orient. De nos jours, les relations entre la France et le Moyen-Orient sont surtout d’ordre militaire, économique, politique, sociale,…

EN SYRIE ET AU LIBAN : La Syrie avait été  au centre de la révolte arabe contre les ottomans. Elle était aussi un des principaux foyers du nationalisme arabe naissant. L’administration française l’avait séparée du Liban qu’elle estimait pouvoir dominé  plus facilement. En effet, un des premiers actes du haut commissaire français, le général GOURAUD, fut donc de proclamer que le Liban serait désormais indépendant, pas indépendant de la France mais de  la Syrie. Finalement  le 17 avril 1946, les dernières troupes françaises quittèrent la Syrie. Cette date est encore la date de la fête nationale du pays. Et puis fin décembre 1946, ce fut autour du Liban de voir partir le dernier contingent français. Les deux colonies du Moyen-Orient furent donc dans cet après-guerre les premières, parmi les possessions françaises à réussir à se débarrasser de la tutelle coloniale. Depuis son arrivée à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a signé des dizaines de contrats dans de multiples domaines avec le monde arabe. C’est dans le cadre de l’Union pour la méditerranée avec la venue à Paris du président Bachar el-Assad les 13 et 14 juillet 2008 qu’a été entreprise une politique d’ouverture vers la Syrie qui visait notamment à encourager Damas à respecter la souveraineté libanaise, à engager des négociations de paix avec Israël et à prendre ses distances vis-à-vis du Téhéran. Mais ces buts n’ont pas été  atteints  à ce jour.

En Egypte : L’histoire du canal de suez concerne directement  la France, puisque les français ont contribué largement à sa construction, réalisé en partie par Ferdinand de Lesseps. La nationalisation du canal de suez le 26 juillet 1956 intervient dans un climat assez difficile dans le monde arabo-israélien. La réaction de la France et de l’Angleterre, cogestion aires du trafic  sur le canal ne se fait pas attendre. La France a accéléré ses livraisons d’armes à l’Etat hébreu. Ce conflit mené par la France, l’Angleterre, l’Israël contre l’Egypte répondait à des intérêts communs : Les nations européennes avaient des intérêts politiques, économiques et commerciaux dans le canal de suez, et Israël avait besoin de l’ouverture du canal pour assurer  son transport maritime. Aujourd’hui, par volonté politique on a effacé les traces de cette domination dans le canal de suez, mais il y règne tout de même une atmosphère particulière, d’attachement respectif entre français et égyptiens.

La France en Israël : Le déclenchement de la seconde Intifada a provoqué une rapide dégradation des relations franco-israélienne. A l’époque, la France critiquait vivement l’opération rempart (opération militaire de grande envergure contre les infrastructures terroristes palestiniennes lancées en mars 2002) qu’elle trouvait disproportionnelle ainsi que la politique israélienne d’isolement de Yasser Arafat. La diplomatie française soutenait en effet Arafat, refusant de le voir comme responsable du terrorisme et des violences palestiniennes, malgré l’implication de l’autorité palestinienne dans de telles activités. Dans le même temps, l’Israël accusait Paris de partialité. La France a par conséquent décidé à partir de l’été 2002, d’œuvrer pour l’amélioration des relations bilatérales franco-israéliennes dans divers domaines comme la coopération culturelle, scientifique et commerciale tout en conservant la même politique partiale. Le rapprochement a été facilité par plusieurs évènements importants comme la mort de Yasser  Arafat le 11/11/2004 et le retrait de gaza en Août 2005. En Israël, l’arrivée de Sarkozy à l’Elysée a suscité l’espoir que les relations bilatérales avec la France s’améliorent. Cette attente israélienne résultait  des déclarations amicales de Sarkozy envers Israël  (invitation du président israélien Simon Pérès à paris en mars 2008 et le choix d’Israël comme invité d’honneur du salon du livre)  et de l’expression de sa préoccupation pour la sécurité d’Israël. Cependant, il faut noter que Sarkozy n’a pas fondamentalement changé la politique française vis-à-vis d’Israël. Concernant le règlement du conflit israélo-palestinien, la France  réclame qu’Israël se retire du territoire palestinien occupé depuis 1967 y compris Jérusalem EST. Elle continu d’exercer des pressions sur Israël pour qu’il permette la création d’un état palestinien sur tous ses territoires. La France a aussi tenté de convaincre ses partenaires européens ainsi que les USA d’exercer des pressions communes sur Israël à cette fin.

La France en Iran : les relations entre les deux grands peuples, iranien et français trouvent des racines profondément ancrées dans l’histoire des deux pays. Au cours des dernières années, les relations et coopérations entre l’Iran et la France ont été particulièrement influencés de manière inadéquate et injuste par la question nucléaire. Rappelons que l’Iran est membre de l’Agence Internationale l’Energie Atomique(AIEA) et a ratifié le traité de non prolifération nucléaire depuis 1970. En effet, l’AIEA a conduit des inspections inopinées qui ont confirmés l’absence de toute déviation dans le programme iranien. Sous la présidence de Nikola Sarkozy, la position française était de refuser d’atténuer des mesures coercitives prises contre l’Iran sans engagement par ce dernier de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium.

La France en Irak : L’Irak est un pays stratégique pour la France pour trois raisons : La force de l’histoire, le poids géostratégique de ce pays, l’importance du marché irakien. Dès la proclamation de l’indépendance en 1932 la France a reconnu la souveraineté de l’Irak. La richesse de ce pays, l’existence d’une classe moyenne d’exception, la mise en place d’un Etat structurant, tout ceci ne pouvait qu’inciter à construire une relation bilatérale forte. La France s’est montrée solidaire avec l’Irak dans les moments difficiles, en particulier dans sa guerre contre l’Iran. Une importante coopération s’est développée dans les domaines de la défense mais aussi de l’éducation et de la culture. Les marques de cette relation sont encore très vivaces. Après vingt ans d’interruption, la coopération avec l’Irak reprend dans un contexte favorable de fortes améliorations sécuritaires et de retrait des forces de la coalition après la conclusion d’un accord stratégique de long terme avec les USA. La France et l’Irak ont fait le choix réciproque d’une alliance stratégique exemplaire, après la visite du président Sarkozy à Bagdad en février 2009 et la  visite d’Etat du président Talabani à Paris en novembre. Des engagements très importants ont été formalisés lors de cette visite ; un accord de coopération a été signé donnant un cadre solide à la reprise de la coopération militaire.

Un intérêt croissant pour le Golfe : La France éprouve pour le Golfe un intérêt croissant tant au niveau des approvisionnements énergétiques de l’Europe que du fait de sa forte croissance économique et des importantes mutations socioculturelles. C’est aussi une zone charnière de l’arc de crise entre l’Afrique, le Proche-Orient et la région du Pakistan et de l’Afghanistan. Malgré un contexte régional dominé historiquement par une forte présence anglo-saxon, la France a réussi à devenir aujourd’hui l’un des premiers partenaires en matière de défense des six pays membres du conseil de coopération des Etats arabes du golfe. Le président Sarkozy a encore renforcé la présence française par une forte politique d’influence reposant sur :

-Des projets de formation des élites militaire et civile de la région : la création de la Sorbonne et du Louvre, Abu-Dhabi, développement de l’énergie renouvelable (cité Mas Dar : projet d’énergie solaire)

-Le renforcement des accords de défense en particulier le Qatar et les EAU (Emirats Arabes Unis) : inauguration en 2009 de la première base française dans un pays arabe postindépendance, au frein des capacités supplémentaires de prévention des conflits et d’intervention dans la zone notamment dans l’Afghanistan et dans l’océan indien. Cette base de 500 militaires dispose de trois composantes : air , terre  et  marine.

 

  1. II.                   LES RIVALITES ENTRE LA FRANCE ET LES PUISSANCES

 

  1. 1.       LA FRANCE ET L’ANGLETERRE

Dès le XIXe siècle, le Moyen-Orient, mal protégé, est le théâtre d’affrontement impérialiste entre grandes puissances européennes, notamment pour la délimitation des zones d’influence. Les Anglais s’intéressent avant tout au contrôle de la route des Indes. Ils  cherchent à contrôler l’espace entre la méditerranée et l’océan Indien, et portent leurs efforts sur la péninsule arabique. Quand à la France, elle étend son influence à travers son protectorat catholique.

Elle entend donc renforcer sa présence en Syrie considérée comme lui appartenant intrinsèquement. On en arrive même à parler d’une «  France du Levant », ce qui agace les Britanniques, qui finissent quand même par reconnaître cette primauté. Le milieu colonial français s’intéresse à la Syrie que barrer la route à l’impérialisme britannique. Après de rudes négociations, on arrive à un compromis, l’accord dit Sykes-Picot du nom des deux plénipotentiaires Français et Britannique (03 janvier 1916). Ces accords consacrent le partage de l’empire Ottoman et n’ont pas tenu compte des promesses faites au chérif de la Mecque, Husséin.

 

  1. 2.      LA FRANCE FACE AUX ETATS-UNIS

La France prenait ses distances par rapport à l’hégémonie américaine en se retirant de l’OTAN dès 1961. Après l’indépendance de l’Algérie, De Gaule décida de réorienter sa politique en vue de concrétiser des marchés avec les pays arabes or, la part du lion de ces marchés revenait aux puissances Anglo-saxonnes. Il fallait donc les pénétrer à coup de force et les arracher à l’emprise de ces dernières. Ainsi la guerre de six(6) jours servit de prétexte à De Gaule pour afficher une politique ouvertement pro-arabe, bien que l’opinion française était délibérément  pro-israélienne. En outre l’embargo unilatéral décrété par De Gaule avait jeté Israël dans les bras des Etats-Unis. Aux yeux de l’opinion israélienne la France devenait un suspect dangereux.

Depuis la France a essayé par tous les moyens de faire la cour aux leaders et aux dictateurs arabes. Elle a tenté d’acquérir des contrats lucratifs de vente  d’équipements militaires dans les pays  arabes riches.

Le subjectivisme et la mobilité théâtrale des principaux medias français contre l’Amérique depuis le déclenchement  des hostilités contre l’Irak rappellent par certains traits ceux des medias soviétiques durant la guerre froide.

Cependant il ya eu un revirement de la politique française durant les dernières années de la présidence de Chirac, car un grand effort a été fait pour renouer les relations avec Israël afin de pouvoir jouer un rôle au Moyen-Orient et aussi de bénéficier d’une coopération économique et militaire  avantageuse. Le président Sarkozy s’est affiché comme américain et n’a pas mâché de traiter Hezbollah de terroriste.

 

  1. 3.       LA FRANCE ET LA RUSSIE

En 1854, la Russie réclame la protection de tous les orthodoxes de l’empire Ottoman et devant le refus du sultan, elle entre en guerre envahit les provinces roumaines et écrase la flotte turque à Sinope (novembre 1853). Les Britanniques ne veulent pas voir les Russes contrôler l’empire Ottoman et déclarent la guerre à la Russie. Soutenus par les Français, ravis de nouer avec le Royaume-Uni, les forces alliées après être installées à Varna forcent les Russes à se replier. Le traité de Paris  du 30 mars 1856 marque la défaite de la Russie et donne à la France  l’initiative des indépendances roumaine et serbe, un prestige certain dans les Balkans. Profitant de la défaite de la France de 1871, la Russie veut venger le traité de Paris. Ainsi elle déclare à nouveau la guerre à la Turquie en 1877.

 

CONCLUSION

 

De tout ce qui précède, il ressort que les relations entre la France et le Moyen-Orient  sont des relations séculaires reposant sur plusieurs aspects à savoir le social, l’économie, le politique et le militaire. Toutefois, ces relations ne sont pas restées figées, elles ont évolué au fil du temps, au gré des différents chefs d’Etats, et selon chaque pays du Moyen-Orient. Ainsi, par exemple si en Iran il est question de nucléaire, en Israël il est surtout question du conflit israélo-palestinien. Notons aussi que dans l’établissement de ses relations avec le Moyen-Orient, la France a eu fort à faire car il fallait aussi compter avec les autres puissances qui eux aussi avaient des ambitions sur cette partie du monde. En attendant de voir le scénario avec le président français François HOLLANDE qui vient d’être élu, la France maintient sa position dans cette partie du monde.

 


24/09/2012
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La Diina du Macina

PLAN

 

INTRODUCTION

 

  1. I.                 PRESENTATION DU DELTA DU NIGER ET SON PEUPLEMENT PAR LES PEULH

 

  1. II.            L’EMPIRE DE SEKOU AHMADOU (1810-1844)

 

  1. Le Marabout peul Ahmadou Hammadi Boubou   
  2. L’Assevero
  3. La Pacification intérieur et conquête extérieures
  4. La colonisation intérieure du Macina

 

  1. III.        L’ORGANISATION DE LA DIINA DU MACINA

 

  1. La Politique extérieure
  2. La Justice
  3. Les Finances
  4. L’Armée

 

 

CONCLUSION

 

 

 

Références Bibliographiques

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

Entre le XVIIIème siècle et le début eu XIXème siècle émergent en Afrique Occidentale les fulbés. Leur nombre augment à travers le sahel du fait des vagues successives de migrations. La forte pression bambara sous le règne du royaume bambara de Ségou dans le delta intérieur du Niger crée une situation d’insécurité qui favorise l’avènement du Djihad en milieu peulh. Ce qui conduira à la création de la Diina du Macina, qui fera l’objet de notre étude.

            Ainsi, notre travail s’articulera autour de trois grands points à savoir la présentation sommaire du delta du Niger et de son peuplement par les peulh, puis des grandes étapes de la création de l’empire du Macina et enfin son organisation.

 

  1. I.                   PRESENTATION DU DELTA DU NIGER ET SON PEUPLEMENT PAR LES PEULH

            Cette région qui connaitra l’autorité de la Diina du Macina, s’étend sur une partie du Mali actuel, de Tombouctou au Nord, au pays Mossi au sud, de la Mauritanie à l’Est à la région de Mopti.

            Les premiers Peul qui ont occupé le delta intérieur, ont migré par vagues successives du Fouta Toro vers la fin du XIVème siècle, à la recherche de pâturages. D’après certaines traditions, ceux-ci, de couleur « rouge », avaient de longs cheveux. Il semble aussi que ce soit le hasard qui les ait dirigés vers cette région, ou ils furent surpris par l’abondance des pâturages et de l’eau, mais surtout par l’absence de groupements importants de populations. Seules existaient de petites communautés de pêcheurs et d’agriculteurs. Installés dans la région sans heurts avec les populations locales, les Peul semblent être restés majoritairement animistes pendant très  longtemps. La région était alors sous le contrôle des chefs de clans, les Ardo. Pourtant, l’islamisation était déjà très ancienne dans le pays, mais limitée seulement aux agglomérations importantes comme Djenné, Dia et Tombouctou.

  1. II.                L’EMPIRE DE SEKOU AMADOU (1810-1844) : LA DIINA

 

  1. Le marabout Peul Ahmadou Hammadi Boubou

L’histoire de la période (début du XIXème siècle) est dominée par la pieuse physionomie d’Ahmadou Hammadou Boubou, fils du marabout Hammadi Boubou au Lobbo, du clan des Barri dans le Guimbala. Né en 1776 à Molangol, un village près de Mopti, il fut élevé par son grand-père Alfa Gouro à Toumoura. Il fut un brillant élève et étudia auprès de plusieurs maîtres. A 22ans, il avait apprit le coran, étudié le droit canonique, la théorie, la rhétorique, sans avoir abandonné pour autant le traditionnel métier de berger. A Djenné il suivit les cours de Kabara Fama avec son ami, Amidou. Les œuvres mystiques d’Abdel Kader El Djilani passionnèrent son âme assoiffée de pureté et d’idéal.il alla étudier auprès du chef Kounta Cheik El Kébir à Zawat et travailla pour lui pendant trois(3) ans au bout desquels le maître lui donna le « Dalilou », pouvoir mystique qui devait lui permettre de réaliser son desseins. A son retour, il persuada les principaux marabouts peuls qu’il était appelé à faire triompher l’islam au Macina. Il fit campagne à travers le pays mais les marabouts de Djenné inquiets, le chassèrent de leur ville. Il alla alors s’établir à Rundé-Sirou ou il se prépara à la Guerre Sainte.

  1. L’assevero (1810)

Un incident précipita les évènements. En 1810, le fils de l’Ardo du Macina fut tué au cours d’une dispute par un des talibés (élèves) du marabout. L’Ardo qui craignait la popularité grandissante d’Ahmadou trouva l’occasion de l’arrêter. L’Ardo n’avait en réalité qu’un pouvoir symbolique. Le pays était morcelé en grandes principautés dirigées par des Ardo indépendants du pouvoir central. Les plus célèbres, Guéladio Hambodédio, Ngourori étaient animistes et anticléricaux. L’Ardo « souverain » suprême du Macina, était lui-même dépendant de l’empire bambara de Ségou, auquel il subordonnait les intérêts du pays. Prétextant le meurtre de son fils, il fit appel à l’empereur de Ségou, Monzon Diarra  qui lui envoya une armée punitive sous le commandement de Fatoma Seri. Les armées peul et bambara furent défaites à Noukouma, le « samedi initial » ou l’Assévéro (1810). La victoire d’Ahmadou Hammadou Boubou fit le tour du Macina. Le marabout allait devenir en peu de temps le maître du pays. Il reçut d’Ousman Dan Fodio le titre de « Cheikh »ou sékou, les étendards de la Guerre Sainte.

  1. La pacification intérieure et conquêtes extérieures

La disparition de l’Ardo n’avait pas mis fin à toute hostilité contre Sékou Ahmadou. Hambodédio, Ardo de Kounari, Ngourori Ardo de Woro Nguiya et bien d’autres n’auraient pas accepté le pouvoir du marabout. Ahmadou agit avec diplomatie. Il put obtenir la conversion et la soumission de Hambodédio qui lui donna des sages conseils de gouvernement et lui recommanda de fixer sa capitale à Hamdallaye. Ngourori trahi par les siens, finit par embrasser la cause musulmane. Tout semblait bien arrangé quand hambodédio, las de la tutelle musulmane, se rebella et prit les armes. Il fut chassé du Macina et alla se réfugier dans le Liptako. Ahmadou organisa ses armées et étendit en 1826 ses conquêtes jusqu’à Tombouctou d’où il chassa les Touareg de Séri Agbadi et y installa une administration peulh. Il fit occuper Djenné dès le début par son ami Amirou Mangal, le vainqueur de Noukouma. Il étendit ses conquêtes jusque chez les Dogon, sur les montagnes de Bandiagara, jusqu’à la Volta et le Sourou. Les Bambara restèrent ses ennemis les plus acharnés. Da Monzon voulut venger Fatoma. Il s’allia à Tyon, roi de Saro mais les coalisés furent cependant battus à Madiongo. Les Bambara de Niansannari et de Soualo ne furent pas plus heureux. Jusqu’à la fin du règne de Sékou Ahmadou, la frontière sud était constamment sous la menace des Bambara qui razziaient périodiquement les animaux. L’empire était pourtant constitué et atteignit son apogée du vivant même du fondateur.

 

  1. La colonisation intérieure du Macina

Ahmadou Sékou fit une véritable révolution au Macina par les mouvements de population qu’il y opéra. Le pays devient une terre de colonisation ou l’agriculture se développa amplement en harmonie avec l’élevage qui fut scrupuleusement réglementé. Sékou obtint ce résultat grâce à une politique très réaliste :

Il obligea tous les clans peuls à se fixer et mit ainsi fin à leur nomadisme séculaire. Ainsi, furent construits de nombreux villages neufs de culture et d’élevage. D’anciens villages accueillirent de nouvelles populations et accrurent leur productivité. De nouvelles terres furent défrichés et le Macina devint, au bout de quelques années un véritable grenier à riz. La réglementation de l’élevage s’est faite à travers la fixation des lieux de passage, de campement et de pâturage. Les troupeaux étaient sous la surveillance des autorités et tout conflit entre éleveurs et agriculteurs était aussitôt tranché par les Juges Pastoraux. Sékou Ahmadou unifia les poids et les mesures et fixa les prix des denrées et des animaux dans tout l’empire. A sa mort en 1844, l’empire était à son apogée. Le Macina vivait dans la paix et la prospérité.

  1. III.             L’ORGANISATION DE LA DIINA DU MACINA

 

  1. L’organisation politique

Pendant son long règne (1810-1844), Sékou Ahmadou créa l’Etat. Il gouverna avec l’aide d’un grand conseil, le Bâto Maoudo, organe souverain de la théocratie ou Dina. L’empire fut divisé en provinces confiées à des amirou militaires assistés de conseils. La Justice était rendue selon le coran par des Cadis indépendants des amirou. Un système fiscal fut organisé avec un corps des percepteurs. Les impôts, nombreux, frappaient surtout les biens mobiliers (bétail, marchandises, récoltes) et servaient à faire vivre les fonctionnaires et les soldats de la Dina. Sékou Ahmadou favorisa l’épanouissement de la religion. La fréquentation scolaire devient obligatoire, des écoles furent construites aux frais de la Dina. De grands érudits tels Alpha Nouhou Tayrou, Hafis Diaba, Sékou Amadou lui-même, firent d’Hamdallaye un grand foyer intellectuel et religieux

  1. La Justice

La loi de la Dina est celle du coran mais on se référait aussi à la tradition locale dans certains cas. L’organisme judiciaire suprême était le grand conseil qui jugeait en dernière instance. Hambarké Samatata assurait le Ministère Public.il était d’une severité extrême. « On lui avait confié les fonctions de Ministère Public, parce qu’il avait été reconnu le plus intègre et le plus implacable. Il avait toujours à la porté de sa main son livre de Jurisprudence, son coran, son sabre et son fouet… il rendait la justice sur place et exécutait lui-même la sentence, séance tenante ». Hampaté Bâ, L’empire peul du Macina, PP 65. Bréhima Khalilou assurait le rôle de la défense. Sékou Ahmadou n’avait pas le droit de grâce. Il pouvait simplement retarder l’exécution. Dans chaque chef-lieu résidait un Cadi, indépendant de l’Amirou du lieu. Chaque quartier d’Hamdallaye avait son Cadi. Tous les magistrats étaient rémunérés par la Dina.

  1. Les Finances

Les finances n’étaient pas gérées par le Cheikh mais par la Dina. Une administration structurée, adéquate fut installée. Des collecteurs d’impôts furent institués et rémunérés avec une partie de leurs recettes. Plusieurs catégories d’impôts enrichissaient le trésor public (Beyt el Mal)

ü  La dîme(Karadé) sur les récoltes était le principal impôt. Elle était repartie entre le collecteur (1/10), la maison de Sékou (1/5), les fonctionnaires de l’Etat et les militaires.

ü  Le mould, payé par tête à la Ramadan servait à la rémunération du personnel du culte et à l’entretien des indigents.

ü  Le 40ème, impôt somptuaire prélevé sur les riches

ü  Le 41ème, impôt prélevé sur les troupeaux.

ü  Le Pâbé, contribution de guerre payée par tête

ü  Les Taxes diverses, les biens confisqués, les amendes, les droits de succession, le butin de guerre, etc. étaient versés au Beyt el Mâl.

ü  L’Oussourou taxait les marchandises importées.

L’Etat avait ses propres ressources. Dans chaque village, il y avait des terres publiques cultivées par les esclaves de la Dina(ou Rimaïbé) et les produits récoltés étaient directement emmagasinés dans les greniers de l’Etat. Toute l’administration générale était sous surveillance d’inspecteurs qui allaient de province en province, de village en village pour contrôler les agents de l’Etat et rendre compte au grand conseil. Toute exaction était sévèrement réprimée. Ainsi l’ordre fut partout restauré. Peut à juste raison parler de la paix Poular au Soudan nigérien.

  1. L’Armée

L a Dina était une puissance guerrière. Les Peuls animés par l’islam, imposèrent leur domination aux voisins sous le couvert religieux. L’armée était l’instrument du pouvoir civil, le grand conseil nommait les généraux. Seul il pouvait déclarer la guerre et négocier les traités comme il l’entendait. L’empire était divisé en cinq(5) commandements militaires précédemment énumérés. Les commandant qui avaient la défense des frontières et la sécurité intérieure étaient vigilants et faisaient des tournés périodiques. Hamadallaye était fortifiée par un tat et protégée par une cavalerie de 10000 chevaux sous les ordres d’Alpha Samba Fouta. Chacune des autres régions n’en avait pas moins. Le soldat (militaire) était rémunéré par la Dina mais s’équipait lui-même. Des magasins de vivres facilitaient l’approvisionnement. Le service militaire était obligatoire de 20 à 60ans. Chaque village avait son contingent divisé en trois(3) groupes appelés à tour de rôle.

 

 

CONCLUSION

 

La Dina du Macina fut un royaume bien structuré qui reposait sur des bases solides ou le pouvoir était théocratique. La politique était fondée sur la morale islamique. Au milieu du XIXème siècle, ce royaume était l’Etat le plus puissant du Moyen Niger. Au nom de la « Guerre Sainte » dirigée par le Toucouleur El Hadj Omar, le royaume du Macina qui était sous le règne de Ahmadou Ahmadou après la mort de son grand-père Sékou Ahmadou en 1844 puis celle de son père Ahmadou Sékou en 1853, fut attaqué en1862. Ces Toucouleurs après leur victoire furent incapables de pacifier le pays ; ainsi la révolte peul se généralisa. C’est dans cette tourmente que la conquête coloniale sonna le glas de la Dina du Macina en 1893 date à laquelle Djenné fut conquise par le colonel français Archinard.

 


24/09/2012
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