La France au Moyen Orient
INTRODUCTION
Le Moyen-Orient est une zone géographique comprise entre la rive orientale de la mer méditerranéenne: à l’ouest, le bassin Levantin, la ligne tracée par la frontière entre l’IRAN d’une part, le PAKISTAN et l’AFGHANISTAN d’autre part ; à l’est, la frontière turco-iranienne avec les pays du CAUCASE. Au nord-ouest les frontières turques avec la BULGARIE et la Grèce et enfin au sud les frontières respectivement terrestres de l’Egypte et maritimes du Yémen et Oman.
La France quant à elle, est issue d’un peuple germanique, les Francs. Elle a tissé depuis des siècles, des relations solides avec le Moyen-Orient. Ainsi, le thème «La France au Moyen-Orient» nous amène à réfléchir sur les relations que la France entretenait avec cette région. Au cours de notre travail, nous aborderons d’une part les raisons de la présence française au Moyen-Orient des origines à nos jours et d’autre part les rivalités entre la France et les autres puissances au Moyen-Orient.
- I. LES RAISONS DE LA PRESENCE FRANCAISE AU MOYEN-ORIENT DES ORIGINES A NOS JOURS
- 1. DES ORIGINES A LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Le démembrement pur et simple de l’empire ottoman n’est pas à l’ordre du jour avant 1914, mais les grandes puissances européennes n’en surveillent pas moins de près la santé chancelante de «l’homme malade» et entendent bien se tailler des zones d’influence économiques susceptibles, de préparer le moment venu, une présence politique plus directe.
La France prétend avoir au Moyen-Orient des « droits historiques » remontant aux croisades mais aussi aux capitulations conclues en 1740 avec le sultan et faisant de la « fille aînée de l’Eglise » la protectrice naturelle des lieux saints des communautés catholiques. Ainsi en 1860, NAPOLEON III a dépêché un corps expéditionnaire au Liban chargé de protéger la minorité chrétienne maronite dangereusement menacée par les Druzes
A cela s’ajoute les importants intérêts économiques au Moyen-Orient notamment en Syrie, confirmés par un accord franco-turc en avril 1914 octroyant à la France de nouvelles concessions ferroviaires et portuaires.
En réalité, cette mission française au Moyen-Orient n’était pas vraiment de sauver la religion chrétienne qu’on disait menacée par des infidèles. Les croisés, rustres et pillards étaient attirés par le gain facile, par les richesses qu’ils pourraient s’approprier ; car l’Orient est riche et, à bien des égards, plus civilisé que ne l’était l’Europe au Moyen-âge.
- 2. ENTRE LES DEUX GUERRES (1919-1939)
La fin de la première guerre mondiale vit donc les troupes franco-anglaises se répandre dans tout le Moyen-Orient. Cela n’alla pas tout seul. Dès 1920, en Syrie, les troupes françaises marchèrent sur Damas pour en déloger le gouvernement indépendant mais elles durent bientôt affronter de nombreuses révoltes qui s’allumaient un peu partout.
Pour gouverner plus à l’aise, le gouvernement français décida de diviser le pays en Août 1920. Ainsi, naquit le Liban, résultat d’un découpage totalement artificiel comme seuls savent en faire les colonialistes. Arès cela, la Syrie fut de nouveau découpée en quatre Etats autonomes : DAMAS, l’Etat d’ALEP, l’Etat des Alaouites et l’Etat du Djebel druze. Ce dépeçage en règle de la Syrie amena de nombreuses révoltes qui conduisirent le gouvernement français à laisser le pays sous autorité militaire. En témoigne la révolte de « Djebel Druze » qui dure de juillet 1925 jusqu’en automne 1927, après avoir enflammé tout le Djebel Druze. Elle toucha Damas, puis elle prit la dimension d’un vaste mouvement national dont les chefs revendiquaient l’unité syrienne ; la démocratie, la formation d’un gouvernement indépendant. La conférence de la Société des Nations(SDN) de Février 1926, confirma le mandat français sur la Syrie et autorise la France a employé tous les moyens qui lui semblaient bons pour ramener le calme en Syrie.
Ajoutons que si la période de l’entre deux-guerres en Syrie fut très mouvementée, elle le fut aussi au Liban. Là aussi, le mandat français se prolongeait et l’administration coloniale eut du fil à retordre. Malgré la constitution accordée sur le papier, les services du haut commissaire français préférèrent le plus souvent accaparer le pouvoir.
Pendant toute cette période de l’entre deux-guerres, si l’impérialisme français tergiversait quand il s’agit de discuter de la Syrie et du Liban, il ne perdait pas de temps pour ce qui était d’accroitre sa pénétration économique.
La structure coloniale des échanges offrait à la métropole un solde positif, de loin le plus élevé de ceux dont elle bénéficiait à la même époque avec ses colonies. La France exportait dans ces deux pays des marchandises pour une valeur quatre fois plus supérieure à celle des marchandises qu’elle importait. La Syrie et le Liban produisaient essentiellement des cocons, de la soie, des laines, du coton, des peaux brutes ainsi divers produits agricoles ; ces produits leur revenaient ensuite de France sous forme de draps, tissus, cuir, conservés et de produits transformés et… plus chers.
En même temps, le capital financier français pénétrait le Moyen-Orient, via le Liban. Le secteur bancaire se développa essentiellement à Beyrouth. Toutes les banques étaient à capitaux en majeure partie français mais elles fixèrent aussi une grande partie du capital libanais, en particulier celui appartenant à la grande bourgeoisie chrétienne maronite.
- 3. DE LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE A NOS JOURS
A la veille de la deuxième guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne restaient donc les deux grandes puissances coloniales qui, à elles seules se partageaient le Moyen-Orient. De nos jours, les relations entre la France et le Moyen-Orient sont surtout d’ordre militaire, économique, politique, sociale,…
EN SYRIE ET AU LIBAN : La Syrie avait été au centre de la révolte arabe contre les ottomans. Elle était aussi un des principaux foyers du nationalisme arabe naissant. L’administration française l’avait séparée du Liban qu’elle estimait pouvoir dominé plus facilement. En effet, un des premiers actes du haut commissaire français, le général GOURAUD, fut donc de proclamer que le Liban serait désormais indépendant, pas indépendant de la France mais de la Syrie. Finalement le 17 avril 1946, les dernières troupes françaises quittèrent la Syrie. Cette date est encore la date de la fête nationale du pays. Et puis fin décembre 1946, ce fut autour du Liban de voir partir le dernier contingent français. Les deux colonies du Moyen-Orient furent donc dans cet après-guerre les premières, parmi les possessions françaises à réussir à se débarrasser de la tutelle coloniale. Depuis son arrivée à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a signé des dizaines de contrats dans de multiples domaines avec le monde arabe. C’est dans le cadre de l’Union pour la méditerranée avec la venue à Paris du président Bachar el-Assad les 13 et 14 juillet 2008 qu’a été entreprise une politique d’ouverture vers la Syrie qui visait notamment à encourager Damas à respecter la souveraineté libanaise, à engager des négociations de paix avec Israël et à prendre ses distances vis-à-vis du Téhéran. Mais ces buts n’ont pas été atteints à ce jour.
En Egypte : L’histoire du canal de suez concerne directement la France, puisque les français ont contribué largement à sa construction, réalisé en partie par Ferdinand de Lesseps. La nationalisation du canal de suez le 26 juillet 1956 intervient dans un climat assez difficile dans le monde arabo-israélien. La réaction de la France et de l’Angleterre, cogestion aires du trafic sur le canal ne se fait pas attendre. La France a accéléré ses livraisons d’armes à l’Etat hébreu. Ce conflit mené par la France, l’Angleterre, l’Israël contre l’Egypte répondait à des intérêts communs : Les nations européennes avaient des intérêts politiques, économiques et commerciaux dans le canal de suez, et Israël avait besoin de l’ouverture du canal pour assurer son transport maritime. Aujourd’hui, par volonté politique on a effacé les traces de cette domination dans le canal de suez, mais il y règne tout de même une atmosphère particulière, d’attachement respectif entre français et égyptiens.
La France en Israël : Le déclenchement de la seconde Intifada a provoqué une rapide dégradation des relations franco-israélienne. A l’époque, la France critiquait vivement l’opération rempart (opération militaire de grande envergure contre les infrastructures terroristes palestiniennes lancées en mars 2002) qu’elle trouvait disproportionnelle ainsi que la politique israélienne d’isolement de Yasser Arafat. La diplomatie française soutenait en effet Arafat, refusant de le voir comme responsable du terrorisme et des violences palestiniennes, malgré l’implication de l’autorité palestinienne dans de telles activités. Dans le même temps, l’Israël accusait Paris de partialité. La France a par conséquent décidé à partir de l’été 2002, d’œuvrer pour l’amélioration des relations bilatérales franco-israéliennes dans divers domaines comme la coopération culturelle, scientifique et commerciale tout en conservant la même politique partiale. Le rapprochement a été facilité par plusieurs évènements importants comme la mort de Yasser Arafat le 11/11/2004 et le retrait de gaza en Août 2005. En Israël, l’arrivée de Sarkozy à l’Elysée a suscité l’espoir que les relations bilatérales avec la France s’améliorent. Cette attente israélienne résultait des déclarations amicales de Sarkozy envers Israël (invitation du président israélien Simon Pérès à paris en mars 2008 et le choix d’Israël comme invité d’honneur du salon du livre) et de l’expression de sa préoccupation pour la sécurité d’Israël. Cependant, il faut noter que Sarkozy n’a pas fondamentalement changé la politique française vis-à-vis d’Israël. Concernant le règlement du conflit israélo-palestinien, la France réclame qu’Israël se retire du territoire palestinien occupé depuis 1967 y compris Jérusalem EST. Elle continu d’exercer des pressions sur Israël pour qu’il permette la création d’un état palestinien sur tous ses territoires. La France a aussi tenté de convaincre ses partenaires européens ainsi que les USA d’exercer des pressions communes sur Israël à cette fin.
La France en Iran : les relations entre les deux grands peuples, iranien et français trouvent des racines profondément ancrées dans l’histoire des deux pays. Au cours des dernières années, les relations et coopérations entre l’Iran et la France ont été particulièrement influencés de manière inadéquate et injuste par la question nucléaire. Rappelons que l’Iran est membre de l’Agence Internationale l’Energie Atomique(AIEA) et a ratifié le traité de non prolifération nucléaire depuis 1970. En effet, l’AIEA a conduit des inspections inopinées qui ont confirmés l’absence de toute déviation dans le programme iranien. Sous la présidence de Nikola Sarkozy, la position française était de refuser d’atténuer des mesures coercitives prises contre l’Iran sans engagement par ce dernier de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium.
La France en Irak : L’Irak est un pays stratégique pour la France pour trois raisons : La force de l’histoire, le poids géostratégique de ce pays, l’importance du marché irakien. Dès la proclamation de l’indépendance en 1932 la France a reconnu la souveraineté de l’Irak. La richesse de ce pays, l’existence d’une classe moyenne d’exception, la mise en place d’un Etat structurant, tout ceci ne pouvait qu’inciter à construire une relation bilatérale forte. La France s’est montrée solidaire avec l’Irak dans les moments difficiles, en particulier dans sa guerre contre l’Iran. Une importante coopération s’est développée dans les domaines de la défense mais aussi de l’éducation et de la culture. Les marques de cette relation sont encore très vivaces. Après vingt ans d’interruption, la coopération avec l’Irak reprend dans un contexte favorable de fortes améliorations sécuritaires et de retrait des forces de la coalition après la conclusion d’un accord stratégique de long terme avec les USA. La France et l’Irak ont fait le choix réciproque d’une alliance stratégique exemplaire, après la visite du président Sarkozy à Bagdad en février 2009 et la visite d’Etat du président Talabani à Paris en novembre. Des engagements très importants ont été formalisés lors de cette visite ; un accord de coopération a été signé donnant un cadre solide à la reprise de la coopération militaire.
Un intérêt croissant pour le Golfe : La France éprouve pour le Golfe un intérêt croissant tant au niveau des approvisionnements énergétiques de l’Europe que du fait de sa forte croissance économique et des importantes mutations socioculturelles. C’est aussi une zone charnière de l’arc de crise entre l’Afrique, le Proche-Orient et la région du Pakistan et de l’Afghanistan. Malgré un contexte régional dominé historiquement par une forte présence anglo-saxon, la France a réussi à devenir aujourd’hui l’un des premiers partenaires en matière de défense des six pays membres du conseil de coopération des Etats arabes du golfe. Le président Sarkozy a encore renforcé la présence française par une forte politique d’influence reposant sur :
-Des projets de formation des élites militaire et civile de la région : la création de la Sorbonne et du Louvre, Abu-Dhabi, développement de l’énergie renouvelable (cité Mas Dar : projet d’énergie solaire)
-Le renforcement des accords de défense en particulier le Qatar et les EAU (Emirats Arabes Unis) : inauguration en 2009 de la première base française dans un pays arabe postindépendance, au frein des capacités supplémentaires de prévention des conflits et d’intervention dans la zone notamment dans l’Afghanistan et dans l’océan indien. Cette base de 500 militaires dispose de trois composantes : air , terre et marine.
- II. LES RIVALITES ENTRE LA FRANCE ET LES PUISSANCES
- 1. LA FRANCE ET L’ANGLETERRE
Dès le XIXe siècle, le Moyen-Orient, mal protégé, est le théâtre d’affrontement impérialiste entre grandes puissances européennes, notamment pour la délimitation des zones d’influence. Les Anglais s’intéressent avant tout au contrôle de la route des Indes. Ils cherchent à contrôler l’espace entre la méditerranée et l’océan Indien, et portent leurs efforts sur la péninsule arabique. Quand à la France, elle étend son influence à travers son protectorat catholique.
Elle entend donc renforcer sa présence en Syrie considérée comme lui appartenant intrinsèquement. On en arrive même à parler d’une « France du Levant », ce qui agace les Britanniques, qui finissent quand même par reconnaître cette primauté. Le milieu colonial français s’intéresse à la Syrie que barrer la route à l’impérialisme britannique. Après de rudes négociations, on arrive à un compromis, l’accord dit Sykes-Picot du nom des deux plénipotentiaires Français et Britannique (03 janvier 1916). Ces accords consacrent le partage de l’empire Ottoman et n’ont pas tenu compte des promesses faites au chérif de la Mecque, Husséin.
- 2. LA FRANCE FACE AUX ETATS-UNIS
La France prenait ses distances par rapport à l’hégémonie américaine en se retirant de l’OTAN dès 1961. Après l’indépendance de l’Algérie, De Gaule décida de réorienter sa politique en vue de concrétiser des marchés avec les pays arabes or, la part du lion de ces marchés revenait aux puissances Anglo-saxonnes. Il fallait donc les pénétrer à coup de force et les arracher à l’emprise de ces dernières. Ainsi la guerre de six(6) jours servit de prétexte à De Gaule pour afficher une politique ouvertement pro-arabe, bien que l’opinion française était délibérément pro-israélienne. En outre l’embargo unilatéral décrété par De Gaule avait jeté Israël dans les bras des Etats-Unis. Aux yeux de l’opinion israélienne la France devenait un suspect dangereux.
Depuis la France a essayé par tous les moyens de faire la cour aux leaders et aux dictateurs arabes. Elle a tenté d’acquérir des contrats lucratifs de vente d’équipements militaires dans les pays arabes riches.
Le subjectivisme et la mobilité théâtrale des principaux medias français contre l’Amérique depuis le déclenchement des hostilités contre l’Irak rappellent par certains traits ceux des medias soviétiques durant la guerre froide.
Cependant il ya eu un revirement de la politique française durant les dernières années de la présidence de Chirac, car un grand effort a été fait pour renouer les relations avec Israël afin de pouvoir jouer un rôle au Moyen-Orient et aussi de bénéficier d’une coopération économique et militaire avantageuse. Le président Sarkozy s’est affiché comme américain et n’a pas mâché de traiter Hezbollah de terroriste.
- 3. LA FRANCE ET LA RUSSIE
En 1854, la Russie réclame la protection de tous les orthodoxes de l’empire Ottoman et devant le refus du sultan, elle entre en guerre envahit les provinces roumaines et écrase la flotte turque à Sinope (novembre 1853). Les Britanniques ne veulent pas voir les Russes contrôler l’empire Ottoman et déclarent la guerre à la Russie. Soutenus par les Français, ravis de nouer avec le Royaume-Uni, les forces alliées après être installées à Varna forcent les Russes à se replier. Le traité de Paris du 30 mars 1856 marque la défaite de la Russie et donne à la France l’initiative des indépendances roumaine et serbe, un prestige certain dans les Balkans. Profitant de la défaite de la France de 1871, la Russie veut venger le traité de Paris. Ainsi elle déclare à nouveau la guerre à la Turquie en 1877.
CONCLUSION
De tout ce qui précède, il ressort que les relations entre la France et le Moyen-Orient sont des relations séculaires reposant sur plusieurs aspects à savoir le social, l’économie, le politique et le militaire. Toutefois, ces relations ne sont pas restées figées, elles ont évolué au fil du temps, au gré des différents chefs d’Etats, et selon chaque pays du Moyen-Orient. Ainsi, par exemple si en Iran il est question de nucléaire, en Israël il est surtout question du conflit israélo-palestinien. Notons aussi que dans l’établissement de ses relations avec le Moyen-Orient, la France a eu fort à faire car il fallait aussi compter avec les autres puissances qui eux aussi avaient des ambitions sur cette partie du monde. En attendant de voir le scénario avec le président français François HOLLANDE qui vient d’être élu, la France maintient sa position dans cette partie du monde.
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