CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

La Diina du Macina

PLAN

 

INTRODUCTION

 

  1. I.                 PRESENTATION DU DELTA DU NIGER ET SON PEUPLEMENT PAR LES PEULH

 

  1. II.            L’EMPIRE DE SEKOU AHMADOU (1810-1844)

 

  1. Le Marabout peul Ahmadou Hammadi Boubou   
  2. L’Assevero
  3. La Pacification intérieur et conquête extérieures
  4. La colonisation intérieure du Macina

 

  1. III.        L’ORGANISATION DE LA DIINA DU MACINA

 

  1. La Politique extérieure
  2. La Justice
  3. Les Finances
  4. L’Armée

 

 

CONCLUSION

 

 

 

Références Bibliographiques

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

Entre le XVIIIème siècle et le début eu XIXème siècle émergent en Afrique Occidentale les fulbés. Leur nombre augment à travers le sahel du fait des vagues successives de migrations. La forte pression bambara sous le règne du royaume bambara de Ségou dans le delta intérieur du Niger crée une situation d’insécurité qui favorise l’avènement du Djihad en milieu peulh. Ce qui conduira à la création de la Diina du Macina, qui fera l’objet de notre étude.

            Ainsi, notre travail s’articulera autour de trois grands points à savoir la présentation sommaire du delta du Niger et de son peuplement par les peulh, puis des grandes étapes de la création de l’empire du Macina et enfin son organisation.

 

  1. I.                   PRESENTATION DU DELTA DU NIGER ET SON PEUPLEMENT PAR LES PEULH

            Cette région qui connaitra l’autorité de la Diina du Macina, s’étend sur une partie du Mali actuel, de Tombouctou au Nord, au pays Mossi au sud, de la Mauritanie à l’Est à la région de Mopti.

            Les premiers Peul qui ont occupé le delta intérieur, ont migré par vagues successives du Fouta Toro vers la fin du XIVème siècle, à la recherche de pâturages. D’après certaines traditions, ceux-ci, de couleur « rouge », avaient de longs cheveux. Il semble aussi que ce soit le hasard qui les ait dirigés vers cette région, ou ils furent surpris par l’abondance des pâturages et de l’eau, mais surtout par l’absence de groupements importants de populations. Seules existaient de petites communautés de pêcheurs et d’agriculteurs. Installés dans la région sans heurts avec les populations locales, les Peul semblent être restés majoritairement animistes pendant très  longtemps. La région était alors sous le contrôle des chefs de clans, les Ardo. Pourtant, l’islamisation était déjà très ancienne dans le pays, mais limitée seulement aux agglomérations importantes comme Djenné, Dia et Tombouctou.

  1. II.                L’EMPIRE DE SEKOU AMADOU (1810-1844) : LA DIINA

 

  1. Le marabout Peul Ahmadou Hammadi Boubou

L’histoire de la période (début du XIXème siècle) est dominée par la pieuse physionomie d’Ahmadou Hammadou Boubou, fils du marabout Hammadi Boubou au Lobbo, du clan des Barri dans le Guimbala. Né en 1776 à Molangol, un village près de Mopti, il fut élevé par son grand-père Alfa Gouro à Toumoura. Il fut un brillant élève et étudia auprès de plusieurs maîtres. A 22ans, il avait apprit le coran, étudié le droit canonique, la théorie, la rhétorique, sans avoir abandonné pour autant le traditionnel métier de berger. A Djenné il suivit les cours de Kabara Fama avec son ami, Amidou. Les œuvres mystiques d’Abdel Kader El Djilani passionnèrent son âme assoiffée de pureté et d’idéal.il alla étudier auprès du chef Kounta Cheik El Kébir à Zawat et travailla pour lui pendant trois(3) ans au bout desquels le maître lui donna le « Dalilou », pouvoir mystique qui devait lui permettre de réaliser son desseins. A son retour, il persuada les principaux marabouts peuls qu’il était appelé à faire triompher l’islam au Macina. Il fit campagne à travers le pays mais les marabouts de Djenné inquiets, le chassèrent de leur ville. Il alla alors s’établir à Rundé-Sirou ou il se prépara à la Guerre Sainte.

  1. L’assevero (1810)

Un incident précipita les évènements. En 1810, le fils de l’Ardo du Macina fut tué au cours d’une dispute par un des talibés (élèves) du marabout. L’Ardo qui craignait la popularité grandissante d’Ahmadou trouva l’occasion de l’arrêter. L’Ardo n’avait en réalité qu’un pouvoir symbolique. Le pays était morcelé en grandes principautés dirigées par des Ardo indépendants du pouvoir central. Les plus célèbres, Guéladio Hambodédio, Ngourori étaient animistes et anticléricaux. L’Ardo « souverain » suprême du Macina, était lui-même dépendant de l’empire bambara de Ségou, auquel il subordonnait les intérêts du pays. Prétextant le meurtre de son fils, il fit appel à l’empereur de Ségou, Monzon Diarra  qui lui envoya une armée punitive sous le commandement de Fatoma Seri. Les armées peul et bambara furent défaites à Noukouma, le « samedi initial » ou l’Assévéro (1810). La victoire d’Ahmadou Hammadou Boubou fit le tour du Macina. Le marabout allait devenir en peu de temps le maître du pays. Il reçut d’Ousman Dan Fodio le titre de « Cheikh »ou sékou, les étendards de la Guerre Sainte.

  1. La pacification intérieure et conquêtes extérieures

La disparition de l’Ardo n’avait pas mis fin à toute hostilité contre Sékou Ahmadou. Hambodédio, Ardo de Kounari, Ngourori Ardo de Woro Nguiya et bien d’autres n’auraient pas accepté le pouvoir du marabout. Ahmadou agit avec diplomatie. Il put obtenir la conversion et la soumission de Hambodédio qui lui donna des sages conseils de gouvernement et lui recommanda de fixer sa capitale à Hamdallaye. Ngourori trahi par les siens, finit par embrasser la cause musulmane. Tout semblait bien arrangé quand hambodédio, las de la tutelle musulmane, se rebella et prit les armes. Il fut chassé du Macina et alla se réfugier dans le Liptako. Ahmadou organisa ses armées et étendit en 1826 ses conquêtes jusqu’à Tombouctou d’où il chassa les Touareg de Séri Agbadi et y installa une administration peulh. Il fit occuper Djenné dès le début par son ami Amirou Mangal, le vainqueur de Noukouma. Il étendit ses conquêtes jusque chez les Dogon, sur les montagnes de Bandiagara, jusqu’à la Volta et le Sourou. Les Bambara restèrent ses ennemis les plus acharnés. Da Monzon voulut venger Fatoma. Il s’allia à Tyon, roi de Saro mais les coalisés furent cependant battus à Madiongo. Les Bambara de Niansannari et de Soualo ne furent pas plus heureux. Jusqu’à la fin du règne de Sékou Ahmadou, la frontière sud était constamment sous la menace des Bambara qui razziaient périodiquement les animaux. L’empire était pourtant constitué et atteignit son apogée du vivant même du fondateur.

 

  1. La colonisation intérieure du Macina

Ahmadou Sékou fit une véritable révolution au Macina par les mouvements de population qu’il y opéra. Le pays devient une terre de colonisation ou l’agriculture se développa amplement en harmonie avec l’élevage qui fut scrupuleusement réglementé. Sékou obtint ce résultat grâce à une politique très réaliste :

Il obligea tous les clans peuls à se fixer et mit ainsi fin à leur nomadisme séculaire. Ainsi, furent construits de nombreux villages neufs de culture et d’élevage. D’anciens villages accueillirent de nouvelles populations et accrurent leur productivité. De nouvelles terres furent défrichés et le Macina devint, au bout de quelques années un véritable grenier à riz. La réglementation de l’élevage s’est faite à travers la fixation des lieux de passage, de campement et de pâturage. Les troupeaux étaient sous la surveillance des autorités et tout conflit entre éleveurs et agriculteurs était aussitôt tranché par les Juges Pastoraux. Sékou Ahmadou unifia les poids et les mesures et fixa les prix des denrées et des animaux dans tout l’empire. A sa mort en 1844, l’empire était à son apogée. Le Macina vivait dans la paix et la prospérité.

  1. III.             L’ORGANISATION DE LA DIINA DU MACINA

 

  1. L’organisation politique

Pendant son long règne (1810-1844), Sékou Ahmadou créa l’Etat. Il gouverna avec l’aide d’un grand conseil, le Bâto Maoudo, organe souverain de la théocratie ou Dina. L’empire fut divisé en provinces confiées à des amirou militaires assistés de conseils. La Justice était rendue selon le coran par des Cadis indépendants des amirou. Un système fiscal fut organisé avec un corps des percepteurs. Les impôts, nombreux, frappaient surtout les biens mobiliers (bétail, marchandises, récoltes) et servaient à faire vivre les fonctionnaires et les soldats de la Dina. Sékou Ahmadou favorisa l’épanouissement de la religion. La fréquentation scolaire devient obligatoire, des écoles furent construites aux frais de la Dina. De grands érudits tels Alpha Nouhou Tayrou, Hafis Diaba, Sékou Amadou lui-même, firent d’Hamdallaye un grand foyer intellectuel et religieux

  1. La Justice

La loi de la Dina est celle du coran mais on se référait aussi à la tradition locale dans certains cas. L’organisme judiciaire suprême était le grand conseil qui jugeait en dernière instance. Hambarké Samatata assurait le Ministère Public.il était d’une severité extrême. « On lui avait confié les fonctions de Ministère Public, parce qu’il avait été reconnu le plus intègre et le plus implacable. Il avait toujours à la porté de sa main son livre de Jurisprudence, son coran, son sabre et son fouet… il rendait la justice sur place et exécutait lui-même la sentence, séance tenante ». Hampaté Bâ, L’empire peul du Macina, PP 65. Bréhima Khalilou assurait le rôle de la défense. Sékou Ahmadou n’avait pas le droit de grâce. Il pouvait simplement retarder l’exécution. Dans chaque chef-lieu résidait un Cadi, indépendant de l’Amirou du lieu. Chaque quartier d’Hamdallaye avait son Cadi. Tous les magistrats étaient rémunérés par la Dina.

  1. Les Finances

Les finances n’étaient pas gérées par le Cheikh mais par la Dina. Une administration structurée, adéquate fut installée. Des collecteurs d’impôts furent institués et rémunérés avec une partie de leurs recettes. Plusieurs catégories d’impôts enrichissaient le trésor public (Beyt el Mal)

ü  La dîme(Karadé) sur les récoltes était le principal impôt. Elle était repartie entre le collecteur (1/10), la maison de Sékou (1/5), les fonctionnaires de l’Etat et les militaires.

ü  Le mould, payé par tête à la Ramadan servait à la rémunération du personnel du culte et à l’entretien des indigents.

ü  Le 40ème, impôt somptuaire prélevé sur les riches

ü  Le 41ème, impôt prélevé sur les troupeaux.

ü  Le Pâbé, contribution de guerre payée par tête

ü  Les Taxes diverses, les biens confisqués, les amendes, les droits de succession, le butin de guerre, etc. étaient versés au Beyt el Mâl.

ü  L’Oussourou taxait les marchandises importées.

L’Etat avait ses propres ressources. Dans chaque village, il y avait des terres publiques cultivées par les esclaves de la Dina(ou Rimaïbé) et les produits récoltés étaient directement emmagasinés dans les greniers de l’Etat. Toute l’administration générale était sous surveillance d’inspecteurs qui allaient de province en province, de village en village pour contrôler les agents de l’Etat et rendre compte au grand conseil. Toute exaction était sévèrement réprimée. Ainsi l’ordre fut partout restauré. Peut à juste raison parler de la paix Poular au Soudan nigérien.

  1. L’Armée

L a Dina était une puissance guerrière. Les Peuls animés par l’islam, imposèrent leur domination aux voisins sous le couvert religieux. L’armée était l’instrument du pouvoir civil, le grand conseil nommait les généraux. Seul il pouvait déclarer la guerre et négocier les traités comme il l’entendait. L’empire était divisé en cinq(5) commandements militaires précédemment énumérés. Les commandant qui avaient la défense des frontières et la sécurité intérieure étaient vigilants et faisaient des tournés périodiques. Hamadallaye était fortifiée par un tat et protégée par une cavalerie de 10000 chevaux sous les ordres d’Alpha Samba Fouta. Chacune des autres régions n’en avait pas moins. Le soldat (militaire) était rémunéré par la Dina mais s’équipait lui-même. Des magasins de vivres facilitaient l’approvisionnement. Le service militaire était obligatoire de 20 à 60ans. Chaque village avait son contingent divisé en trois(3) groupes appelés à tour de rôle.

 

 

CONCLUSION

 

La Dina du Macina fut un royaume bien structuré qui reposait sur des bases solides ou le pouvoir était théocratique. La politique était fondée sur la morale islamique. Au milieu du XIXème siècle, ce royaume était l’Etat le plus puissant du Moyen Niger. Au nom de la « Guerre Sainte » dirigée par le Toucouleur El Hadj Omar, le royaume du Macina qui était sous le règne de Ahmadou Ahmadou après la mort de son grand-père Sékou Ahmadou en 1844 puis celle de son père Ahmadou Sékou en 1853, fut attaqué en1862. Ces Toucouleurs après leur victoire furent incapables de pacifier le pays ; ainsi la révolte peul se généralisa. C’est dans cette tourmente que la conquête coloniale sonna le glas de la Dina du Macina en 1893 date à laquelle Djenné fut conquise par le colonel français Archinard.

 



24/09/2012
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 183 autres membres