Histoire des luttes des noirs pour leur émencipation au Etats Unis
INTRODUCTION
L’histoire des Etats Unis est indissociable de celle de l’esclavage des Noirs. La traite des Noirs a été à l’origine de la présence des noirs sur le continent américain. Ceux-ci y seront confrontés à des conditions inhumaines voire un asservissement total de la part des blancs ; cause de la mort de nombreux d’entre eux. Cette situation sociale va amener les noirs à revendiquer leur liberté et leur droit civique par tous les moyens. Ces revendications seront un combat quotidien de tous les noirs américains depuis le début du XIXème jusqu’à la fin du XXème siècle. Pour la suite de notre travail nous allons d’abord évoquer les causes de la lutte des Noirs, ensuite nous nous attarderons sur les différentes révoltes et enfin les conséquences.
I- LES CAUSES DES LUTTES DES NOIRS
- 1. LES CONDITION DE VIE DES ESCLAVES
-SUR LE PLAN SOCIAL :
- les esclaves étaient considérés comme du bétail, de la marchandise. Il n'y avait aucune pitié, aucune compassion à leur égard, et cela durait souvent toute leur vie.
- La nourriture des esclaves était essentiellement composée de bananes, de riz, d'ignames et rarement de viande. Elle n'était donc pas adaptée à un travail lourd.
- Les maîtres avaient tous les droits et avaient toujours raison, ils dirigeaient la vie de ses esclaves à tous points de vue en décidant de leur avenir, de leur religion, en leur interdisant de parler de leur pays.
Tant d'exemples cités ci-dessus prouvent que pour les maîtres, un esclave n'était pas vraiment un homme mais plutôt une "chose’’
-SUR LE PLAN PHYSIQUE ET MORAL: Les esclaves ont subi des violences morales et des violences physiques.
- La violence morale commençait tout d'abord par le déracinement. C'est pourquoi de nombreux esclaves se sont suicidés. De plus, on les baptisait deux fois ; par cet acte, les esclavagistes s’appropriaient l'identité de leurs esclaves qui devaient subir bien d'autres humiliations.
- La violence physique s'exprimait dans les mauvaises conditions de vie et de travail, sans oublier la sous-alimentation. Les châtiments et la répression pouvaient se présenter sous différentes formes : le fouet, les brûlures, les mutilations, l'enchaînement, la peine de mort. Par conséquent l'espérance de vie d'un esclave travaillant sur les plantations était réduite.
I- LES CONDITIONS DE TRAVAIL
-Le travail quotidien : Le travail épuisait les esclaves du matin tôt jusque tard dans la nuit. Aux Antilles, les esclaves étaient réveillés vers 5 h du matin par un claquement de fouet. A midi, ils disposent de deux heures pour préparer leur repas et manger. Puis le travail reprend jusqu'a la tombée de la nuit. Vers minuit, épuisés, ils se jettent sur leur lit pour une courte nuit de sommeil.
-Le système de travail : Deux principaux systèmes de travail, parfois non exclusifs l'un de l'autre, ont coexisté au sein du système des plantations américaines : le task system et le gang system. Il n'existait pas non plus de hiérarchie établie entre esclaves sur la base de l'appartenance à l'un ou l'autre de ces deux types de métiers. Si les domestiques étaient globalement mieux nourris et bénéficiaient de conditions de travail plus clémentes, ils subissaient aussi plus directement l'arbitraire des décisions et des châtiments des propriétaires.
Ces conditions de vie et de travail contraignantes seront à l’origine des révoltes des noirs.
II- LES MANIFESTATIONS
- 1. Les révoltes individuelles
Pour ne pas subir l'esclavage, les esclaves feignent la maladie ; certains pratiquent l'automutilation ; certaines mères sont allées jusqu'à tuer leur enfant nouveau-né. En outre la destruction des outils, c’est-à-dire des moyens de production, était une façon d'être au chômage, et de ne pas travailler. Il était aussi courant d'exercer des brutalités envers le bétail, afin que celui-ci soit hors d'état de travailler. Des esclaves pouvaient également abîmer les récoltes ou les semis, ce qui entraînait un gaspillage c’est-à-dire une baisse des rendements et donc, au final, de la richesse du planteur. Pour ne pas travailler certains esclaves fuyaient les plantations pour aller vivre dans les forêts et les marais.
2- Révoltes collectives
Les révoltes collectives comprenaient les mutineries et les complots collectifs. En ce qui concerne les mutineries, elles étaient fréquentes à bord des négriers qui transportaient leur "marchandise" vers les Etats Unis ; à tel point qu'une partie d'entre elle était considérée, dès avant le voyage, comme perdue, pour cause de soulèvements. Les deux mutineries les plus retentissantes eurent lieu après l'abolition de la traite (1807).
Au titre des complots collectifs, nous retenons :
- 1er complot d'Africains en 1663 dans le comté de Gloucester en Virginie ;
- La 1ère révolte à être bien connue est celle de 1712 à New York où plusieurs esclaves complotèrent de se venger de leurs maîtres pour des traitements durs qu'ils avaient subis de leur part, en vue d'obtenir leur liberté. Ainsi, dans la nuit du 6 avril, ils mirent le feu à plusieurs habitations et tuèrent une dizaine de Blancs qui cherchaient à éteindre les incendies.
- En 1791, l'esclave noir haïtien François Dominique Toussaint, dit Toussaint Louverture, prend la tête d'une révolte dans son pays. Ce soulèvement général, soutenu par les acteurs de la Révolution française, mène à l'abolition de l'esclavage en 1793. Le premier pouvoir noir autonome est constitué en 1800, lorsque T. Louverture prend le titre de gouverneur général de St Domingue. Les succès de cet ancien esclave devenu homme politique sont importants dans l'histoire des esclaves américains car ces derniers en eurent connaissance et placèrent Toussaint comme un exemple et voyait en sa réussite l'espoir de réussir eux aussi un jour un complot et de se libérer enfin.
Durant les années 1930, la NAACP organisa une bataille légale acharnée contre la discrimination notamment sur la ségrégation dans l’enseignement public.
En 1966, la SNCC annonça que le but du mouvement noir n’était plus les droits civiques mais le "Black Power" (pouvoir noir). Lors des Jeux Olympiques de 1968, pendant la remise des médailles, Tommie Smith et John Carlos, athlètes Noirs américains levèrent le poing ganté de noir et baissèrent la tête au son de l’hymne des Etats-Unis. Ils manifestaient contre la ségrégation raciale. Une nette tendance à l’action directe apparut dans les centres urbains du Nord, avec à sa tête les Black Muslims de Malcolm X. Ses idées devinrent de plus en plus populaires, surtout après son assassinat en 1965. Ses appels à l’auto défense armée reflétaient la colère généralisée des Noirs des villes qui se traduisit par des explosions de violence raciales en 1964 à Harlem ou en 1965 à Watts en Californie. Ces émeutes montrèrent surtout le déclin de l’influence de Martin Luther King et de ses méthodes pacifiques. De nouvelles organisations militantes telles que le Parti des Black Panthers, fondé par Huey P. Newton et Bobby Seale, se créèrent pour organiser le mécontentement des Noirs dans les villes.
III- LES CONSEQUENCES
- 1. les impacts négatifs
Des mesures ont été prises pour lutter contre les révoltes des noirs :
-Dans les plantations : des mesures telles que le système de gardes, rondes et couvre-feu propre à chaque plantation. En effet, un régisseur pour surveiller les travaux des champs, fouiller les cabanes des Noirs.
Les pouvoirs du planteur, du maître, qu'il délègue à un régisseur sont très étendus : il peut tout sur ses esclaves, sauf les mutiler ou les tuer sans motif. Des châtiments corporels sont administrés par le régisseur ou le maître, privations de sorties ou de laissez-passer ; travail supplémentaire ; diminution des rations ; emprisonnement ; pilori (en Louisiane et en Géorgie) ; mise aux fers (en particulier pour les fugitifs) ; marquage au fer rouge (idem) ; fouet. La cruauté était utilisée pour réprimer les révoltes.
-Au niveau local : une importante présence des forces armées pour maintenir l'ordre : troupes fédérales régulières et de maréchaussée et surtout des milices. Ce sont des gardes et des patrouilles locales organisées et obligatoires
Un tel déploiement devait inspirer crainte et respect aux esclaves et ainsi décourager tout espoir de révolte. Notons aussi que la résistance des femmes utilisant des moyens de contraception afin de limiter les naissances fut brisée par la violence, les viols. Des lois interdisaient aux Noirs de posséder des terres, de voter ou de se marier avec des Blancs, d’aller à l’école, de travailler dans des postes qualifiés, donc d’avoir des responsabilités
-Au niveau national : les codes noirs visent à empêcher le rassemblement des Noirs (interdit hors de la présence d'un Blanc) ; l'éveil d'une conscience collective (interdiction d'apprendre à lire et écrire, de distribuer des tracts, coller des affiches...); les relations entre esclaves noirs et Noirs affranchis (dont les droits étaient d'ailleurs bien inférieurs à ceux d'un homme blanc). Les codes noirs deviennent plus restrictifs et répressifs après chaque complot.
Exemples : après les événements de 1740, le code noir de Caroline du Sud devient le plus sévère de l'époque : interdiction de se réunir, de quitter la plantation sans autorisation, d'apprendre l'anglais, de gagner de l'argent grâce au commerce des produits de son lopin; surveillance renforcée.
En 1850, suite au renforcement de la propagande abolitionniste et à l'accroissement des activités du chemin de fer clandestin, les Sudistes obtiennent un renforcement de la loi sur les esclaves fugitifs : tout Noir soupçonné d'être fugitif peut être arrêté sans mandat et sans preuve de propriété. De plus, il est interdit d'héberger un esclave fugitif sous peine de sanction.
- 2. les impacts positifs
Au Sud, les révoltes des Noirs s’achèveront par sa ruine, l’abolition de l’esclavage et la consolidation des institutions des Etats-Unis. Le 1er Janvier 1863, le Président Lincoln proclama l’émancipation des esclaves du territoire rebelle et avec le vote du 13ème amendement, l’esclavage fut constitutionnellement aboli sur tout le territoire. Puis, les 14ème et 15ème amendements (en 1868 et 1870), qui garantissaient les droits civiques des Noirs, et leur égalité devant la loi avec les Blancs furent votés. Les protestations pour les droits civiques remportèrent de grands succès dans les centres urbains du Sud aussi grâce aux marche de la liberté en 1961-1962 et connurent leur apogée le 28 Août1963 lors d’une gigantesque manifestation non violente : la marche sur Washington. C’est là que le pasteur King, devant 250000 personnes prononça son fameux discours "I have a dream…" où il exprimait sa volonté de vivre dans une Amérique fraternelle où Blancs et Noirs se retrouveraient unis et libres. La lutte pour les droits civiques dans le Sud provoqua une montée de la fierté raciale et de la ferveur chez les Noirs dans tout le pays.
La 2ème Guerre mondiale fut l’occasion de grands changements dans la politique raciale nationale et rendit les Blancs plus conscients du danger des idées racistes. Au début de la guerre, la menace d’une marche des Noirs sur Washington, força le Président Roosevelt à émettre un décret-loi prohibant la discrimination raciale dans les industries de la défense et au gouvernement. Par la suite, les Noirs cherchèrent à obtenir une amélioration de leur condition par le service militaire.
La période de l’après guerre vît d’importants changements dans les relations raciales aux Etats Unis. La situation économique des Noirs s’améliora, même si leurs revenus restaient inférieurs à ceux des Blancs. En 1954, la Cour jugea à l’unanimité dans l’arrêt Brown que les établissements d’enseignements séparés étaient illégaux et ordonna aux écoles de cesser la ségrégation.
En dehors des revers, l’activisme Noir des années 60 obtint des gains politiques durables. A mesure que les résidents noirs des villes devenaient une minorité importante de l’électorat, parfois même une majorité, des candidats Noirs se mirent à remporter des élections. La 1ère femme sénateur Afro-Américaine, Carol Moseley Braun fut d’ailleurs élue en 1992 en Illinois. Dans les années 80, des maires Noirs furent élus à Chicago, Philadelphie, New York et dans d’autres villes de tout le pays. Plus récemment, Colin Powell occupa le poste de secrétaire d’Etat pendant 4 ans sous le 1er mandat du Président Bush après s’être illustré dans l’armée. Il a depuis été remplacé par Condoleeza Rice, également Afro-Américaine.
De nombreux Afro Américains sont des exemples de réussite de la lutte des noirs pour leur émancipation. On les retrouve dans tous les domaines : au cinéma, dans le secteur musical, dans le sport, en politique (Jesse Jackson, Barrack Obama), dans les affaires ou en matière de littérature.
La vie des Afro Américains s’est considérablement améliorée depuis l’esclavage. Toutefois, des progrès restent encore à accomplir afin que toutes les communautés soient sur le même pied d’égalité.
Conclusion
Au terme de notre analyse, il convient de noter que la lutte des noirs pour leur émancipation n’a pas débuté ex-nihilo. Elle tire ses causes des traitements violents qui leur étaient réservés. C'est à l'aune de ces violences que l'on peut mesurer le poids insupportable de l'esclavage. On assiste ainsi à des révoltes violentes tant individuelles que collectives dont les conséquences furent aussi positives que négative. La prévalence des impacts positifs, sera à l’origine de l’implication des Noirs dans la politique des Etats Unis.
BIBLIOGRAPHIE
-Exposé Sandrine Brugot Maillard, les révoltes d’esclaves Noirs aux Etats-Unis
-Yasmina Yacou, La lutte des noirs pour les droits civiques aux Etats-Unis
- Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed, le mouvement Noirs au Etats-Unis
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