L'économie de la Haute Volta
PLAN
INTRODUCTION
- I. Définition de l’économie - Economie précoloniale
de la Haute-Volta
- 1. Définition
- 2. Economie précoloniale de la Haute-Volta
- II. Economie de la Haute-Volta de 1919 à 1960
- 1. Le coton
- 2. L’arachide et le karité
- 3. L’élevage
- III. UNITES INDUSTRIELLES ET DIFFICULTES LIEES AU DEVELOPPEMENT DE LA HAUTE-VOLTA
- 1. Unités industrielles
- 2. Difficultés liées au développement
CONCLUSION
INTRODUCTION
La Haute Volta, actuel Burkina-Faso, est l’un des rares pays à avoir connu dans son histoire coloniale, trois démembrements successifs (création, suppression et reconstitution). Les Français à leur arrivée, ont trouvé sur ce territoire des sociétés à pouvoir centralisé et des sociétés lignagères. Ces Sociétés évoluaient dans un univers économique très largement autarchique. La création des frontières fit située le territoire de la Haute-Volta entre les économies Sahélo-sahariennes du Soudan et du Niger et les économies subtropicales de la Côte d’Ivoire et de la Gold-Coast. Cependant quelle est l’économie de la Haute Volta? Pour cerner cette problématique, nous définirons d’abord l’économie et ferons un bref aperçu de l’économie de la période précoloniale de la Haute-Volta ensuite nous aborderons l’économie de la Haute-Volta de 1919 à 1960. Et enfin nous parlerons des unités industrielles et des difficultés liées au développement de ce pays.
- I. Définition de l’économie - Economie précoloniale
de la Haute-Volta
- 1. Définition
L’économie est une science qui étudie la production, la consommation et l’échange des biens de service. Le terme «économie» dérive du grec. Oïkonomia qui signifie «les lois de la maison».
A l’origine, l’économie désigne donc, la gestion privée; au delà de ce niveau domestique, cette discipline s’intéresse également aux comportements collectifs des individus et des groupes. L’économie aujourd’hui, au delà de la science et de ses théories, est un élément essentiel de la vie moderne. Elle a toujours été puisqu’il a fallu échanger des marchandises par exemple et donc avoir recourt à des comportements économiques. A cette vue générale, il faut ajouter une définition restreinte et ciblée centrée sur les activités nées des initiatives locales pour ce qui est des sociétés africaines.
- 2. Economie précoloniale de la Haute-Volta
Les sociétés précoloniales ont développé des systèmes de production allant de la mise en œuvre d’une agriculture très diversifiée au pastoralisme en passant par des types d’Associations entre agriculteurs et éleveurs. Le mil et le sorgho constituent les cultures vivrières de base, mais selon des conditions écologiques locales, de nombreuses autres cultures sont pratiquées : maïs, fonio, riz, arachide, haricot, pois de terre, igname, manioc, patate douce, sésame…On peut aussi ajouter le coton que l’administration coloniale va mettre en valeur.
Les produits de cueillette (graines de karité et de néré) font aussi partie de la ration alimentaire. De ce système économique, dont la finalité première est la satisfaction des besoins alimentaires des unités de production, les échanges ne sont pas pour autant exclus : échanges à courte distance à travers la commercialisation sur les marchés locaux le surplus de la production agricole et de l’élevage, mais aussi des produits transformés (coton égrainé, fil de coton, bande de coton tissé). Les échanges à longue distance concernent l’approvisionnement en bétail ou en bandes de coton du commerce caravanier qui traditionnellement pourvoit les «pays» de la Haute-Volta en cola depuis la forêt tropicale (pays Ashanti, Ghana actuel) et en sel depuis les salines du Sahara. En prévision au déficit des mauvaises années, les produits céréaliers sont stockés dans des greniers. Cependant, la colonisation va bouleverser le fonctionnement de l’univers économique des Sociétés traditionnelles.
- II. Economie de la Haute-Volta de 1919 à 1960
- 1. Le coton
Le système colonial fit de la Haute-Volta, une productrice de produits de base destinés à l’exportation. Ainsi, le coton qui avait joué un rôle important dans l’économie précoloniale (culture, filage, tissage, commerce) sera valorisé par la puissance coloniale en lui donnant une nouvelle orientation dès les années 1920.
L’Administration coloniale française avait agi avec détermination pour intensifier la culture du coton afin d’augmenter « dans la plus large proportion la part de la récolte non nécessaire à la consommation locale et par la suite disponible pour l’exportation». Le rôle assigné au coton colonial consistait à réduire la dépendance de la France des pays étrangers dans le domaine d’approvisionnement en matières premières.
En Haute-Volta, la culture du coton avait été caractérisée par deux modes de production avant 1932. Le premier fut obligatoire et institué par le Gouverneur E. Hesling et le second basé sur la libre entreprise, débuta sous l’administration de M. Chesse.
Le climat tropical convenait parfaitement à la culture du coton et la dynamique du rendement avait beaucoup influencé les activités agricoles dans les régions voltaïques. L’augmentation de la récolte provenait de l’exécution des programmes conçus pour promouvoir la production des fibres textiles. Il concordait à l’extension des superficies plantées en cotonnier dans les différentes zones agricoles, aux transports et à la répartition des semences améliorées entre les cercles producteurs et enfin au renforcement de l’encadrement des paysans par les moniteurs d’agriculture.
Par ailleurs, la politique d’intensification de la production cotonnière mise en œuvre, connut quatre étapes:
ü De 1924-1927: institution des cultures forcées, imposition des champs de commandant;
ü De 1927-1932: tentative d’adoption d’une politique souple caractérisée par la persuasion et l’appui à une élite en vue de faire d’elle un modèle;
ü De 1932-1947: Production léthargique en raison de la dislocation de la colonie;
ü De 1947-1960: reprise de la production qui passa de 136 tonnes en 1951-1952 à 1018 tonnes en 1959-1960; création de la Compagnie Française pour le Développement des Textiles (CFDT).
Outre le coton, nous pouvons également énumérer quelques produits tels que le sésame, le kapok, le néré l’arachide, le karité et des cultures vivrières qui rentrent dans l’économie.
- 2. L’arachide et le karité
Au-delà de la culture du coton, la culture d’autres produits fut galvanisée. Ainsi durant la décennie 1920, l’administration coloniale encourage l’exploitation des produits tels que l’arachide.
Dès 1922 une unité de production d’huile d’arachide est créée sur fond public à Ouagadougou. En plus la Compagnie Française de la Côte d’Ivoire qui s’ouvre en 1928 à Banfora traite annuellement 8 000 tonnes d’arachides. A la fin de la décennie 1930, le Comptoir des Industries Textiles et Cotonnières (CITEC) de Robert Boussac s’est reconverti dans la production d’huile d’arachide et de beurre de karité en implantant une usine à Bobo-Dioulasso qui sera fonctionnelle à partir de 1941.
A la reconstitution de la colonie, un plan de développement de la production agricole avait été élaboré par le service de l’agriculture et approuvé par le Conseil Général lors de la séance du 16 décembre 1948. Il recommandait l’orientation des efforts vers l’expansion de la culture de l’arachide. L’arachide est une plante industrielle et vivrière. En plus, on utilisait la paille d’arachide pour constituer des réserves de pâturages durant la saison sèche.
Quant au karité, il occupait une place considérable dans l’économie de la colonie de la Haute- Volta. On note de ce fait, l’implantation d’usines pour la transformation des amendes de karité. Ainsi, on a la Compagnie Française de la Côte d’Ivoire (C.F.C.I) pour le traitement; le Comptoir des Industries Textiles et Cotonnières (C.I.T.C) dans la production d’huile d’arachide et de beurre de karité; la Société d’Exploitation des Carburants Coloniaux (S.C.C) pour la production d’hydrocarbures à base de karité qui sera reconvertie à la fabrication du beurre, du savon de karité…
- 3. L’élevage
L’élevage constituait une richesse considérable. Même s’il est pendant longtemps resté parent pauvre de la politique coloniale, l’élevage reçoit à partir des années 1950, des formes d’investissement dans l’encadrement sanitaire et hydraulique. Aussi le réseau du commerce des bovins en direction de la Gold-Coast est enraciné dans l’économie voltaïque et Ouest africaine.
Des acteurs essentiellement composés d’éleveurs, de commerçants, voir d’agriculteurs tirent des revenus substantiels de cette activité. Les avantages, à savoir revenus substantiels aux populations, devises, fiscalités au profit du budget de la Haute-Volta que procure la filière bétail, ont conduit l’administration coloniale à adopter une politique pour mieux la contrôler, la réglementer et la baliser. Pour améliorer la production, des vétérinaires parcourent les campagnes pour disséminer les méthodes modernes d’élevage et de lutte contre les épizooties. En plus, les peaux faisaient l’objet d’exportations vers l’Europe.
- III. Unités industrielles et difficultés liées au développement de la Haute-Volta
1 .Unités industrielles
L’industrie est embryonnaire et se réduisait à une quarantaine d’installations vétustes, dont les principales unités sont:
ü Une huilerie à Bobo gérée par le Comptoir des Industries Textiles et Cotonnières;
ü Une rizerie à Sissalia décortiquant du riz paddy;
ü Une chaîne d’embouteillage de bière à Bobo;
ü Trois complexes d’égrenage coton de la Compagnie Française de Développement du Textiles (C.F.D.T) totalisant une capacité de 2000 tonnes et implantées à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Tougan;
ü Quelques unités artisanales de bois, ainsi qu’une trentaine d’entreprises, de travaux publics et de bâtiments dont SCOMB-DRAGAGE ;
ü Deux imprimeries, deux usines de fabrication de glaces et deux centrales électriques à Ouagadougou et à Bobo;
ü Un réseau de postes, télégraphes et téléphones implantés depuis 1920;
ü Une mine d’or nouvellement ouverte produisant 500 tonnes de minerais par an.
L’industrie occupait 4000 salariés et distribuait environ 0,5 milliard de francs CFA de salaires.
Aussi un effort considérable a été fait dans le domaine des infrastructures de communication. De 6000 Km de routes en 1925, on en compte 2115 km de routes Inter-états, 2615 km interurbaines, 10830 km de pistes rurales en 1960 et 509 km de voies ferrées.
- 1. Difficultés liées au développement de la Haute-Volta
La vocation de la Haute-Volta a toujours été et restera fondamentalement agricole. Certes si les sols n’y constituent pas un facteur limitant (ils ne sont ni meilleurs, ni pires qu’ailleurs dans le monde tropical), les conditions climatiques y sont souvent capricieuses. En effet, depuis 1925 la pluviométrie est désastreuse jusqu’en 1931. Sur sept années agricoles quatre sont anormalement sèches (1926-1927, 1928-1929, 1930-1931, 1931-1932) et victimes de surcroît d’invasions acridiennes. Aussi, notons que l’enclavement constitue l’une des difficultés à l’émergence de l’économie de la Haute-Volta.
Avec l’avènement du système colonial, les unités de production fragilisées n’arrivent plus à se constituer autant de réserves qu’autrefois, à la fois parce qu’elles dégagent moins d’excédent et qu’elles sont obligées de surcroît d’en vendre pour l’acquittement de l’impôt.
Dans ces sociétés fondamentalement agricoles, la force de travail des unités de production va subir une véritable saignée, au niveau notamment de sa tranche démographique la plus vive, à cause des prélèvements consécutifs à l’acquittement des prestations, de main-d’œuvre, aux recrutements militaires, aux migrations de travail volontaire «pour trouver l’argent de l’impôt»; mais aussi à l’exode massif des hommes en âge de travailler vers la Gold Coast anglaise - colonie où la contrainte exercée par l’administration de tutelle est beaucoup moins sévère - que l’institution du travail forcé a déclenché. La productivité de ses unités s’en trouvera considérablement réduite. Le système de gestion des surplus agricoles va par ailleurs être sérieusement déstabilisé, à la fois à cause de la moindre efficience du système des productions et de la mise sur le marché d’une part de plus en plus importante de la production céréalière.
CONCLUSION
Pays enclavé, la Haute-Volta se présente comme un pays, dont l’économie est essentiellement basée sur l’agriculture. Sa production était d’abord une économie de subsistance et sera bouleversée avec l’avènement de la colonisation. En effet les Européens auront une mainmise sur son économie par la revalorisation de certains de ses produits comme le coton destiné à l’exportation. L’administration coloniale mit en place des infrastructures de base pour la transformation de certains produits (coton, arachide). Soulignons que l’économie de la Haute Volta rencontrait d’énormes difficultés d’ordre naturel, politique et humain. Cependant les problèmes économiques actuels du Burkina Faso ne tirent-ils pas leur source des politiques économiques de la Haute Volta?
BIBLIOGRAPHIE
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ü www.histoire-afrique.org: BATENGA M. W. Héritage colonial: quelques aspects de l’économie, Université de Ouagadougou
ü Encarta 2009
www.ambaburkina.dk: économie de la Haute
L'économie de la Cote d'Ivoire
PLAN
INTRODUCTION
- L’ECONOMIE PRE-COLONIALE
1. Le système politique précolonial
2. Les caractéristiques de l’économie précoloniale
- LES SECTEURS DE L’ECONOMIE COLONIALE
- L’agriculture
- Les ressources naturelles
- L’industrie
- Les infrastructures et le commerce
- Les infrastructures
- Le commerce ivoirien
CONCLUSION
Introduction
Situé dans la zone intertropicale de l’Afrique de l’ouest avec une superficie de 322463km2, la Côte d’Ivoire créé par le décret du 10 mars 1892, fait partie des différentes colonies ayant été conquises par la France et aussi membres constituants de l’AOF. C’est dans cette optique que notre étude s’est portée sur l’économie de la Côte d’Ivoire. Autrement dit comment était l’économie de ce pays. Il s’agira pour nous dans une analyse de voir le système économique qui y prévalait avant la colonisation puis les secteurs de cette économie durant la colonisation et enfin les infrastructures et le commerce.
- L’ECONOMIE PRECOLONIALE.
- Le système politique précolonial.
A la veille de la conquête coloniale, deux systèmes politiques cohabitaient sur le territoire de l’actuelle Côte d’Ivoire. Ces deux systèmes influençaient fortement l’économie :
- Le système étatique d’une part, présent au nord et à l’ouest du pays notamment dans les royaumes de Bouna, du Kabadougou, de Kong et dans les royaumes Akans. Dans ces sociétés à pouvoir centralisé, le mode de production était caractérisé par l’existence d’une classe dirigeante qui exploitait la paysannerie et une classe servile. Les échanges économiques échappaient peu ou prou à des impératifs de parenté pour s’inscrire dans une logique de profit économique.
- Le système des sociétés lignagères d’autre part, pratiqué notamment par les populations lagunaires, Krous et Mandé du sud. Ces peuples ne sont pas organisés en empires ou royaumes mais en lignages et classe d’âge, à l’intérieur des communautés tribales ou villageoises. Dans ces sociétés, l’unité économique de base est le lignage, véritable centre de production et de consommation, voué pour l’essentiel à l’autosubsistance.
- Les caractéristiques de l’économie précoloniale
L’économie de la côte d’Ivoire était caractérisée à l’origine et durant de nombreux siècles par la recherche de l’autosubsistance. Elle était axée sur l’agriculture vivrière et utilisait des techniques de cultures itinérantes sur brûlis. Toutefois à partir du XVe siècle, elle entre dans une phase mercantiliste au contact de nombreux commerçants mandés d’origines soudanaises, attirés par la kola produite dans les régions de Touna, Dans, Mahou, Bété, Gouro et Anno (zones forestières des centre-ouest et nord-ouest de l’actuelle Côte d’Ivoire). Ces marchands recherchaient également l’or, dans les régions essentiellement habitées par les peuples sénoufo (autour de Kong notamment), Djininis et Lobi (nord et nord-ouest).
Au contact des européens, l’agriculture locale connait une réorientation et est désormais pratiquée en vue de la commercialisation des produits tropicaux. Un type particulier d’échange, la traite négrière, fait son apparition dans les zones du littorale. L’esclavage est aboli en 1848 dans les colonies françaises et cette mesure formelle à un impact économique indéniable. L’arrêt de la déportation massive entraine le développement d’une traite intérieure. Il favorise en outre, au sein des colonies l’instauration et la multiplication de rapports de production de type esclavagiste. Chez les Dioula et les Malinké, les esclaves sont redirigés vers les vastes domaines agricoles tandis que chez les Anans, ils servent à l’extraction de l’or et au portage.
Le commerce des produits naturels remplacent alors celui des esclaves et l’agriculture est de nouveau dynamisée. Les échanges commerciaux s’accroissent sous la poussée de la demande des Européens, installés sur le littoral (a Assinie et Grand-Bassam en 1843). Mais aussi celle des africaines, entrainant par leur ampleur l’émergence et la consolidation de la fonction de courtier africain qui sont les intermédiaires entre les Européens et les Africains. Mais aussi entre les populations côtières et celles de l’hinterland. Ces derniers se retrouvent peu à peu face à l’impérialisme économique français au quel ils tentent de s’opposer, mais ils seront progressivement éliminés.
D’une manière générale, l’économie précoloniale se retrouve autour de divers espaces relativement homogènes. Ceux du centre et du nord sont reliés par un réseau de routes commerciales comportant de nombreux marchés et divers cités, aminés par des marchands Dioula ou des membres des aristocraties dirigeantes locales. Le cauri et l’or y servent de monnaie de transaction. Ceux du sud et de l’ouest du pays comportent de nombreux village-marchands et les biens y circulent à travers des réseaux de parenté, d’alliance ou de clientèle plus éloigné. L’économie précoloniale s’ajuste aux nouvelles exigences du XIXe siècle dont celle de la colonisation du pays qui porte déjà les germes de la désorganisation de l’agriculture traditionnelle et de l’émergence de nouveaux partenaires commerciaux.
- LES SECTEURS DE L’ECONOMIE COLONIALE.
- L’agriculture.
L’agriculture occupe une place très importante dans l’économie de la Côte d’Ivoire. En effet, avec un climat subéquatorial et tropical soudanien qui est favorable à plusieurs types de cultures, la Côte d’Ivoire a une agriculture très diversifiée. Nous avons d’abord une économie de cueillette qui était sous la houlette de grandes compagnies comme la SCOA, la CFAO et les établissements Peyrissac. Ces derniers exploitaient la Cola, le caoutchouc, le bois, le palmier à huile qui est l’arbre par excellence de la zone forestière littorale. La Côte d’Ivoire se place au premier rang des producteurs de l’AOF. Il est bon de préciser que le palmier à huile va souffrir de l’intérêt croissant que les indigènes vont porter plutard au café, au cacao et à la banane. On compte sur 700 000ha, 35millions d’arbres notamment dans les cercles de Grand Lahou, Abidjan, Sassandra, Tabou, Man, Daloa et surtout à Bouaké, Lagoualé, Agboville venant largement en tête. La production est très difficile à évaluer. Théoriquement, on devrait noter 56 000 tonnes d’huile et 63 000 tonnes de palmiste. Le rendement moyen à l’hectare est de 80 kg d’huile et 90 kg de palmiste.
Depuis 1950 les statistiques enregistrent à peine 3 000 t d’huile et 8 à 10 000 t de palmiste. A cette économie de cueillette succéda une économie de plantation. Ici nous pouvons mentionner la culture du café qui démarra en 1927 et occupe prés de 200 000 ha dont 25 000 ha étaient dans les mains des Européens. En plus du café nous avons la culture de la banane. La Côte d’Ivoire est en tête avec les plantations de cocotiers qui eux donnent peu de travail mais des résultats satisfaisants. Nous avons également le cacao. Le coton qui occupe le premier rang est cultivé en haute Côte d’Ivoire (Ferkessédougou, Khorogo, Boundiali) et en moyenne Côte d’Ivoire près de Bouaké, Bouémi. La culture des oléagineux tel le soja occupe plus de 6 millions ha. Avec l’arachide la Côte d’Ivoire se place au quatrième rang mondial. Les cultures fruitières se retrouvent également en Côte d’Ivoire notamment la culture d’ananas. Les cultures vivrières telles que le riz, le maïs, l’igname, le manioc…y sont pratiquées. Bref l’agriculture était le secteur le plus développé de l’économie ivoirienne car elle bénéficiait de la proximité des infrastructures qui permettaient l’évacuation des produits. Ainsi cela faisait entrer des devises pour le pays à travers leur transformation dans les industries et leur commercialisation.
- LES RESSOURCES NATURELLES.
Les ressources naturelles sont très diversifiées en Côte d’Ivoire. Ainsi l’exploitation forestière a joué pendant plusieurs décennies, un rôle majeur dans l’économie du pays. Elle débute au cours des années 1880 -1890, à l’initiative de commerçants britanniques en quête d’une nouvelle essence de bois à même de remplacer le Mahogany des Antilles. La principale essence commercialisée jusqu’au début des années 1920 est alors l’acajou, fortement demandé sur le marché international. De nombreuses essences sont par la suite exploitées aux fins d’exportation, parmi lesquelles le makoré, le sipo…Près de 70% de la production de bois est destiné à l’exportation sur les marchés internationaux, le bois de teck étant la principale grume tropicale exportée.
La production de diamant en Côte d’Ivoire commence en 1948 par le gisement de Tortiya étendu sur 188 ha avec une réserve estimée à 830 000 carats. L’exploitation de ce gisement est confiée à la société anonyme de recherches minières en Côte d’Ivoire (saremci).Ainsi l’exploitation diamantifère, plus récente et mieux équipée marque des progrès sensibles. Elle offrait l’exemple d’une industrie neuve en excellente position (région du cours supérieur du Bandama).L’exploitation débuta en 1948 avec une production de 8 500 carats, passe à 38 000 en 1949 pour atteindre 70 000 en 1952. Le gisement de tortiya a constitué à son époque la principale ressource minière du pays. A côté de cette expérience qui constitue la plus importante opération de production de diamant dans le pays et parallèlement à elle, se développe d’autres travaux d’exploitation de gisement dans la région de Séguéla. Ceux-ci sont entrepris d’abord par la compagnie minière du haut-Sassandra(Sandramine) en 1949 puis repris par la société diamantifère de la Côte d’Ivoire(Sodiamci) en 1956. Mais par la suite l’exploitation industrielle s’arrêtera en 1971 due à la faiblesse de la production annuelle qui n’excédait pas les 25 000 carats.
La production aurifère qui a alimenté le commerce transsaharien durant des siècles se faisait au moyen de techniques traditionnelles par les peuples de la Côte d’ivoire dès avant l’accession du pays à l’indépendance. L’or constitue la deuxième ressource minière exploitée d’un sol qui recèle de beaucoup d’autres minerais comme le fer, le nickel, le manganèse … Toutefois, un seul gisement, géré par la Société des mines d’Ity (SMI) est en exploitation industrielle. Cependant la production aurifère connaitra une baisse au cours des années 1949 et 1951 avec une production respective de 1305 kg d’or en fin 1949 et moins de 300 kg en 1951. Ce fléchissement est dû à l’épuisement des gisements, lesquels ont été « écrémés ».
- L’industrie
Pour l’instant, l’industrialisation de certains centres est beaucoup plus un problème à résoudre qu’un facteur économique primordial. Cependant, nous pouvons remarquer les multiples petites industries de biens de consommation. De même se sont créés les compléments indispensables des grandes villes : usines des eaux, centrales électriques (groupes électrogènes), usine à glace alimentaire, huileries plus ou moins primitives. Mais ce ne sont pas là des preuves d’industrialisation, seulement les manifestations habituelles de la promotion citadine des agglomérations humaines. Ainsi ce que l’on peut retenir de l’industrie ivoirienne, c’est qu’elle est dominée par les industries agroalimentaires et les usines d’emballage. Comme exemple d’industries alimentaires, on a les chocolateries qui se sont installées (production : une centaine de tonne). En novembre 1952, sortait le premier kilogramme de beurre de cacao. C’est d’ailleurs une industrie de grand avenir dans le pays, laquelle avait déjà exportée pendant les dernières hostilités du beurre de cacao de fabrication artisanale. Cette usine est réalisée suivant des conceptions modernes, toutes les manipulations étant mécanisées.
L’industrie fruitière se développe mais a un rythme souvent plus rapide que la production de la culture de base. Les trois conserveries d’ananas de Tiassale, Bassam et Abidjan ont une capacité journalière d’absorption de 73 tonnes de fruits. En 1949, la production générale a été de 230 000 l de jus, 540 000 l en 1951, un million en 1952, deux millions prévus pour la campagne en cours (1953).
On a également l’usine d’emballage à Vridi et l’industrie de la cellulose à Bimbresso. En mars 1951, les usines d’emballages Van Leer envoyaient leurs directeurs en voyage d’étude en Afrique Noire. En mai, on procédait au montage de l’usine, tout à côté des stocks d’hydrocarbures. Le 3 septembre de la même année, sortait le premier fut métallique. Jusqu'à la fin du mois, deux cents futs étaient quotidiennement fabriques. Dès, octobre la capacité journalière était portée à 400 futs et à 500 ou 600 vers la fin du mois de novembre.
La seconde industrie a surtout une valeur expérimentale. L’usine de Bimbresso est une usine-pilote, mise en route en avril 1951. A partir de bois divers, on y fabrique des papiers d’emballage de bonne qualité, et on envisage la fabrication de papiers destinés à l’impression. En 1952, 4000 t de pates ont été transformées sur place en papier-kraft.
- LES INFRASTRUCTURES ET LE COMMERCE.
- Les infrastructures
Il faut noter que pour les africains les premières manifestations de l’économie nouvelle se présentèrent sous forme de routes, de chemins de fer et de lignes télégraphiques. La construction de réseaux de transport et de communication préludait à la conquête : ils constituaient les moyens logistiques permettant de nouvelles agressions a partir des bases formées par les zones occupées. Toutefois, rares étaient les routes et les chemins de fer dont l’intérêt était exclusivement militaire. Le chemin de fer qui facilitait la transaction des produits agricoles fut construit en Cote d’Ivoire entre 1904 et 1912 d’une longueur d’environ 316 km, reliant Abidjan à Bouake. Il sera prolonge jusqu'à Bobo en 1934 après la guerre puis Ouagadougou en 1954. Les voies routières, quant à elles permettaient de relier et de rapprocher les différentes villes entre eux. On a également les ports dont celui de San-Pedro et Abidjan. La construction du port d’Abidjan fut terminée en 1952. Ainsi ces infrastructures permirent l’exploitation et le transport des produits à l’intérieur de la colonie, du continent mais également vers la métropole. Ce qu’il faut retenir c’est que ces infrastructures ont été réalisées grâce aux financements dégagés par l’impôt et grâce au travail forcé.
- Le commerce ivoirien
D’une manière générale, le commerce ivoirien a beaucoup bénéficié de la présence des infrastructures et des moyens de communication précédemment cités. Il s’effectuait aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. A l’intérieur le commerce était pratiqué par des indigènes qui s’étaient appuyés sur les méthodes européennes. A titre d’exemple on peut citer les factoreries qui constituaient des magasins dans lesquels étaient stockés des produits ou certains marchands profitaient se ravitailler pour alimenter les marches locaux. On a également l’exemple du coprah acheté par des huileries locales. Quant au commerce extérieur, il concernait les exportations des produits comme le palmier a huile, le café, le cacao et la banane. On peut citer également le bois qui jusqu’en 1930 constituait l’essentiel de l’économie ivoirienne. En effet de 1930 à 1938, le café et le cacao ont connu une croissance dans les exportations. L’ensemble de la production se diversifia et se spécialisa. En 1938 la Cote d’Ivoire exportait 52 000t de cacao. Apres guerre, on comptait 42 000tonnes en 1947 ; 61 000 tonnes en 1950 ; 55 600 tonnes en 1951 ; 45 000 tonnes en 1952. Avec le cacao la Cote d’Ivoire est en tête de toute l’Afrique française devant le Cameroun et le Togo. La culture du café a démarré en 1927 dont 300 t auraient été exportés en 1928. La Cote d’Ivoire se classe également en tete avec l’exportation de noix de coco. Pour ce qui est de la banane le pays a enregistré une production de deux tonnes en 1930 et plus de 20 000 t les années suivantes. Comme autre produit exporté on peut citer l’arachide, le coton et le soja qui est cultive sur 1000 ha dont 400 t exportée vers le Sénégal et la métropole.
Les importations se composaient essentiellement des produits manufactures comme les allumettes, les bougies, l’huile de cuisine et même le jus d’orange qui auraient tous pu être fabriques facilement en Cote d’Ivoire, étaient importés.
En résumé il est utile de signaler que la Cote d’Ivoire participe pour 100% à l’exportation du bois, 100% à celle du cacao, 96% pour le café, 30% pour la banane, le reste étant presque exclusivement du ressort de la Guinée dans l’AOF. Elle intervient également pour 50% à celle des animaux et du Karité. L’utilisation de la monnaie coloniale apparait vers les années 1930.
CONCLUSION
En résume, l’économie précoloniale ivoirienne s’ajuste aux nouvelles exigences du XIXe siècle dont celle de la colonisation du pays qui porte déjà les germes de la désorganisation de l’agriculture traditionnelle et de l’émergence de nouveaux partenaires commerciaux. Elle oriente l’économie ivoirienne vers l’exportation de produits agricoles et l’importation de produits européens manufacturés. Dès le début de la colonisation jusqu'à la fin des années 1960, la situation économique de la Cote d’Ivoire est florissante. Le taux de croissance annuelle du PIB est élevé et il dépasse 7% durant la dernière décennie de la période coloniale (1950-1960).
BIBLIOGRAPHIE
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Dictionnaire universel
Encyclopédie Encarta 2009
www.google.com
L'école en A.O.F.
INTRODUCTION
L’Afrique Occidentale Française était une fédération groupant entre 1895 et 1958 huit colonies françaises d’Afrique de l’Ouest, avec pour objectif de coordonner sous une même autorité la pénétration coloniale française sur le continent africain.
Constituée de plusieurs étapes, elle réunit à terme la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan Français (devenu MALI), la Guinée, la Cote d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue Burkina-Faso) et le Dahomey (devenu Benin), soit près de 25 million de personnes au moment de sa dissolution.
Cependant un arrêté de 1903 porte création du système scolaire en A.O.F et en 1904, un corps d’inspecteurs de l’enseignement est crée et formé dans ce qui deviendra en 1916 l’Ecole William PONTY.
Ainsi pour bien cerner la question de l’école en A.O.F, nous articulerons notre travail autour de quatre grands points à savoir les conceptions et les buts de l’école, la création et la nature de l’école, l’organisation de l’enseignement et enfin la crise de l’enseignement en A.O.F.
I-CONCEPTIONS ET BUTS DE L’ECOLE
1-Conceptions
Dans les sociétés traditionnelles africaines, les systèmes éducatifs étaient fondés sur l’oralité. Ils étaient souvent organisés en stage initiatiques et marqués par des rites de passage. Ils permettaient aux adultes de socialiser les plus jeunes et de leur transmettre les savoirs nécessaires à la vie quotidienne, les comportements sociaux, des sciences traditionnelles et les connaissances religieuses.
Or les colonisateurs ont méprisé ces systèmes. Pour eux, la politique éducative coloniale devrait viser au maintien et au développement du système colonial. C’est pourquoi A. SARRAUD disait : «La mise en valeur des possessions d’Outre- Mer appelle d’abord la mise en valeur de l’individu par l’instruction».
2-Objectifs
Les points de vue de la conception et les objectifs de l’école sont concordants quant au circulaire et rapport des gouverneurs ainsi que les travaux d’auteurs spécialistes ou non de l’enseignement : accomplissement de la mission civilisatrice de la France, imposition de ses idées et sa culture à des populations dites primitives, transformation et évolution de ces mêmes populations.
Sur le plan pratique, l’école fournit à l’administration coloniale, à l’économie les hommes dont elles ont besoin : techniciens, employés auxiliaires, contre- maitres…Il s’agit de rendre les indigènes le plus possible dévoués à la cause coloniale et utiles à l’entreprise coloniale. C’est l’unique moyen d’accéder à la civilisation. Le système d’enseignement assure aux blancs des postes de responsabilité de conception et aux africains des d’exécution. Proprement dit, l’école coloniale forme des auxiliaires africains assujettis aux blancs. Si l’école coloniale est un moyen d’accéder à la civilisation, il faut cependant vaincre les préjugés.
II-CREATION ET NATURE DE L’ECOLE
1-Création
L’enseignement à l’occidentale a commencé à se diffuser en Afrique de l’Ouest au cours de la première moitié du XIXème siècle, surtout à travers les écoles tenues par des congrégations religieuses, même-si l’instituteur Jean Dard avait déjà ouvert une école publique à Saint-Louis dès 1817. Lorsque Faidherbe arrive au Sénégal en 1854, il est persuadé de la valeur stratégique de l’enseignement et de la propagation de la langue française. L’année suivante il fonde l’Ecole des otages rebaptisée par la suite « Ecole des fils de chefs et des interprètes », puis, en 1857, une première école laïque à Saint-Louis. D’autres écoles sont créées dans la foulé, primaires d’abord, puis secondaires. Une école normale est officiellement créée à Saint-Louis en Novembre 1903. Elle fonctionne d’abord en tant que section de l’école des fils de chefs et des interprètes, dans le quartier de SOR, donc en dehors de l’île, une localisation qui nuit à son succès. En 1907, la section des instituteurs est séparée de celle des interprètes et installée rue PORQUET dans les locaux mieux adaptés de l’ancienne Ecole Faidherbe. Le nombre d’élèves en provenance de l’A.O.F croît de manière significative et l’établissement se trouve bientôt à l’étroit. Plusieurs solutions sont alors envisagées, mais aucune n’aboutit jusqu’au départ vers Gorée en 1913. A sa création, l’école est placée sous l’autorité du gouverneur général et de l’inspecteur de l’enseignement de l’A.O.F. En 1907 elle est placée sous l’autorité directe du gouvernement du Sénégal, puis, en 1912, à la suite d’un conflit, elle revient à nouveau au gouvernement général de l’A.O.F. Dès le début et jusqu’à la fin de la période coloniale, l’accès à l’école se fait par concours. Le certificat d’études, d’abord exigé, ne l’est plus à partir de 1904. La difficulté du concours varie selon les années : 30 candidats sur 50 sont admis en 1905, 35 sur 66 en 1910, 10 sur 54 en 1912. Ces chiffres indicatifs ne reflètent pas la sélectivité du concours, car seuls les meilleurs y sont présentés. Un grand prestige est donc attaché à sa réussite. Les élèves sont externes, généralement boursiers. Les premières années ils sont avant tout sénégalais, mais cette proportion s’inverse par suite, en donnant à l’école son caractère véritablement fédéral. Cependant, en l’exception d’un certificat d’aptitude à l’enseignement, les sortants ne reçoivent pas de véritable diplôme reconnu en dehors de ce contexte.
L’Ecole normale d’instituteurs de Saint-Louis est transférée à Gorée le 1er mars 1913 et prend dans un premier temps le nom d’« Ecole normale d’instituteurs de Gorée ». Le 13 juin 1915 le gouverneur général de l’A.O.F, William PONTY, meurt à Dakar, et quelques semaines plus tard, l’école est rebaptisé en son honneur « Ecole normale William PONTY ». En 1921 l’école est réorganisée. Elle intègre l’école d’apprentissage administratif et commercial dite « Ecole Faidherbe » et change d’appellation pour devenir l’ « Ecole William PONTY » tout court. Elle comprend en effet désormais trois filières : une section dédiée à la formation des instituteurs, une section générale formant des agents de l’administration et du commerce et une section préparant les candidats à l’école de médecine de l’A.O.F à Dakar. La section administrative sera supprimée en 1924.
2-Nature
Si nous considérons que l’enseignement colonial doit valoriser l’indigène, permettre son évolution sociale, la transformation économique dans ces conditions selon BREVIE , il est un enseignement véritablement populaire c’est-à-dire un enseignement élémentaire simple, pratique ,approprié aux capacités mentales des enfants ou même des adultes auxquels il s’ adresse .L ‘école doit être massive, désintéressée ,largement humaine visant à réaliser l’ accession d’ une race à une vie améliorée, à un niveau de civilisation plus élevé .L’enseignement doit se faire en français .L’enseignement en français devient obligatoire en 1922 dès les petites classes pour diverses raisons :l’implantation politique, l’ homogénéité, l’ acculturation ,le caractère scientifique, la faculté pour les enseignants européens, la possibilité de contrôle et enfin la préférence nationale. Le français doit être imposé au plus grand nombre d’ indigènes et servir de langue véhiculaire. DENISE BOUCHE : « parler français c’est pensé en français et pensé en français c’est être quelque chose de plus qu’un homme ordinaire, c’est s associer à la noblesse de la destinée de notre pays ,de vivre de vie nationale. »
Par l’ enseignement moral ,le colonisateur doit se préoccuper de l’ amélioration morale des indigènes d ’ ou très fréquemment l’ introduction d’ éducation morale et d’ économie morale permettant aux instituteurs européens de développer chez l’ indigène le sentiment de la dignité personnelle, l’ esprit de conduite et de gouvernance de soi, de lui inculquer également quelques idées directrices, des habitudes d’ ordre de propreté , de prévoyance et de politesse.
III- ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENT
1-Ecole de village ou école de 1er degré
Elle ne comporte que les niveaux C.P et C.E, ou s’enseignent les rudiments de langue française, d’hygiène, les calculs et l’initiation aux travaux agricoles. Ainsi, l’enseignement du français est limité à l’expression d’idées courantes, à la désignation d’objets (visuels, usuels) sans raffinement de syntaxe et sans prétention à l’élégance.
2-Ecole régionale
Cette école est installée dans les centres les importants et qui comporte un C.M. Ces classes préparatoires élémentaires et cours moyens sont tenues par des instituteurs européens. Aussi, les études sont sanctionnées par un certificat d’étude primaire indigène d’un niveau inferieur à celui de la métropole.
3-Ecole urbaine
L’école est implantée dans les grands centres ou vivent des populations européennes et assimilés, fonctionnant avec les programmes de la métropole et sanctionné par un diplôme dont le Certificat d’Etudes Primaires.
4-Les écoles primaires supérieures
Au-delà du cycle primaire proprement dit, est prévu un enseignement primaire supérieur pour lequel sont recrutés par concours les meilleurs élèves de l’enseignement primaire élémentaire. Il est prévu d’implanter ces écoles dans chaque chef-lieu de colonie. A partir de 1920, elles permettent aux élèves de compléter sur place les connaissances acquises dans les écoles régionales et de poursuivre leurs études ailleurs. Elles sont très sélectives. Elles reçoivent des candidats titulaires du CEPI (Certificat d’Etude Primaire Indigène) et âgés de 17 ans et plus recrutés parmi les meilleurs éléments des écoles régionales et urbaines du territoire. Les préparant aux écoles du gouvernement général pour former des agents, des cadres locaux pour les besoins de la colonie. L’école primaire supérieure forme des cadres administratifs et économiques. La forme est orientée vers les professionnels.
5-L’école William PONTY
L’école William PONTY est l’école normale fédérale de l’Afrique Occidentale Française(AOF) qui a formé avant l’ère des indépendances, la plupart des instituteurs, médecins et cadres d’Afrique de l’Ouest, dont de nombreux ministres et chefs d’Etat ou de gouvernement, tels que Félix Houphouët BOIGNY , Modibo KEITA, Hubert MAGA, HAMARI DIORI, Sylva nus OLYMPIO, Mamadou DIA ou Abdoulaye WADE. Plus de 2000 élèves, surnommés « Pontins », en sont issus.
L’école a changé plusieurs fois de nomination, de statut et de localisation : créée à Saint-Louis en 1903, elle est transférée sur l’île de Gorée en 1913, puis à Sébikhotane, près de Rufisque, en 1937. L’institution se perpétue après l’indépendance, mais perd de sa spécificité avec les reformes du système éducatif, puis la multiplication des Ecoles de formation d’instituteurs(EFI).
Vue comme un établissement « prestigieux », un « vivier », une « pépinière », de futurs cadres par les uns, elle est décriée par d’autres comme un instrument idéologique, « jouant le même rôle que l’armée coloniale auprès des tirailleurs », « l’école de la soumission, de la compromission, de l’équilibre à tout prix », voire « le cimetière de l’intelligence africaine ». Au-delà des différentes approches, l’école normale William PONTY assurément occupé une place significative dans la vie sociale, culturelle et politique du XIXème siècle en Afrique de l’Ouest.
IV-Crise de l’enseignement en A.O.F
A la fin de la deuxième guerre mondiale, l’enseignement colonial en Afrique Occidentale Française a connu une crise profond qui n’a toujours pas été étudiée dan toute sa complexité. Comment comprendre la disparition rapide des formes d’enseignement « colonial » qui avaient été élaborées entre 1903 et 1944 ? Et comment se fait-il que l’enseignement « métropolitain » s’imposa avec autant de puissance ? Dans bien des récits historiques, ces transformations semblent presque aller de soi : « la France » aurait renoué avec les vielles habitudes et pratiques assimilationnistes. Et pourtant, quand on regarde de plus près, on découvre que la reforme scolaire a été l’objet de vifs débats et de sérieuses controverses. De plus, ces débats et controverses révèlent différents groupes d’acteurs, qui luttaient pour définir le sens de la réforme scolaire. Il est important de souligner à quel point les administrateurs coloniaux cherchèrent à défendre les écoles coloniales de l’entre-deux-guerres. Les travaux préparatifs à la conférence de Brazzaville tout autant que les délibérations du « Comité du Plan de l’Enseignement » pendant la conférence elle-même révèlent des efforts sérieux pour « sauver les écoles rurales ». La fin des écoles rurales fut surtout la conséquence d’autres facteurs tels que l’interdiction du travail forcé, la pression des élus africains et l’engagement croissant du Ministère de l’Education Nationale. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la légitimité de l’administration coloniale en matière d’éducation fut sévèrement mise en cause. Un procès de l’école coloniale fut ouvert, en premier lieu par les élus africains, mais aussi par l’Education Nationale, qui n’accepta plus d’être exclue des « territoires » d’Outre-mer. Face à ce procès, les écoles de l’entre-deux-guerres apparaissent très vite comme des écoles pour « sujets français », alors que les africains viennent d’accéder à la citoyenneté. Il nous faut comprendre le désarroi de l’administration coloniale devant cette situation. Pendant les périodes 1944-1950, et même au-delà, beaucoup d’administrateurs coloniaux craignent que l’arrivée des écoles « métropolitaines » ne les prive de leur autorité dans ce domaine important. Et cependant, quelques administrateurs de premier plan, tels Marius MOUTET et René BARTHES, invite l’Education Nationale à jouer un rôle croissant en AOF.
Après la deuxième guerre mondiale, le discrédit de « l’éducation adaptée » mina profondément la légitimité de l’administration coloniale dans le domaine de l’éducation. Tout au long de la période 1903-1944, l’administration coloniale avait invoqué la spécificité des « indigènes » pour justifier sa compétence exclusive en matière d’éducation coloniale. Après la deuxième guerre mondiale, l’administration coloniale de projet éducatif qui puisse couper court aux ambitions croissantes de l’Education Nationale. Pour comprendre la réforme scolaire, telle qu’elle se présente à partir de 1944, on doit analyser les nouveaux engagements du Ministère de l’Education Nationale ainsi que ceux des élus africains. De chaque côté on prône l’intégration des écoles locales dans le système scolaire métropolitain. La collaboration entre Ministère de l’Education Nationale et les élus africains va aboutir, en 1950 à la création de l’académie de l’AOF, qui sera gérée plus ou moins directement par des fonctionnaires de l’Education Nationale. Cette collaboration se montra efficace tant que l’administration coloniale n’avait pas renoncé au contrôle d l’enseignement en AOF. Et pourtant, les visées des deux côtés n’étaient pas toujours les mêmes. En soutenant l’assimilation administrative des écoles africaines, l’Education Nationale cherchait, entre autre à ouvrir de nouveaux champs à son action. Les ambitions expansionnistes de ce ministère « métropolitain » trouvèrent un terreau fertile dans cette « union française » qui était marquée par des discours égalitaires. Les élus africains invoquent eux-mêmes les principes égalitaires de la quatrième république pour mieux soustraire l’enseignement au contrôle de l’administration coloniale. Les solides structures et pratiques de l’Education Nationale étaient alors perçues comme une ligne de défense efficace face à une administration coloniale qui tenait à préserver ses « responsabilités » en matière d’éducation. Ce type de recomposition n’était certainement pas limité en AOF, mais des comparaisons et contrastes avec d’autres parties de la « France d’Outre-mer » restent à faire.
CONCLUSION
En somme, il ressort que l’enseignement à l’occidentale a commencé à se diffuser en Afrique de l’Ouest au cours de la première moitié du XIXème siècle. C’est ainsi grâce à l’initiative du gouverneur général ROUME, le premier système scolaire de type public pour l’ensemble de l’AOF a pu être mis en place le 24 novembre 1903. Pour les européens, l’école avait pour mission de civiliser ces indigènes et leur permettre l’accès à la lumière.
Cependant à partir de 1944, on assiste à une crise dans l’enseignement colonial. Des voix s’insurgent donc pour dénoncer à l’école coloniale un caractère de domination morale. Mais cela devrait être relativisé car si on peut reconnaitre à l’école coloniale une fonction de domination, nous ne pouvons occulter qu’elle a été une arme importante dans la lutte pour l’émancipation du continent et de ses hommes. Comment l’enseignement colonial en AOF a contribué donc à cette lutte ?