CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

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L'économie de la Cote d'Ivoire

                                                             PLAN

 

INTRODUCTION

 

  1. L’ECONOMIE PRE-COLONIALE

1. Le système politique précolonial

2. Les caractéristiques de l’économie précoloniale

 

  1. LES SECTEURS DE L’ECONOMIE COLONIALE
    1. L’agriculture
    2. Les ressources naturelles
    3. L’industrie

 

  1. Les infrastructures et le commerce
    1. Les infrastructures
    2. Le commerce ivoirien

 

                        CONCLUSION

 

 

 

 

 

 

 

Introduction

       Situé dans la zone intertropicale de l’Afrique de l’ouest avec une  superficie de 322463km2, la Côte d’Ivoire créé par le décret du 10 mars 1892, fait partie des différentes colonies ayant été conquises par la France  et aussi membres constituants de l’AOF. C’est dans cette optique que notre étude s’est portée sur l’économie de la Côte d’Ivoire. Autrement dit comment était l’économie de ce pays. Il s’agira pour nous dans une analyse de voir le système économique qui y prévalait  avant la colonisation puis les secteurs de cette économie durant la colonisation et enfin les infrastructures et le commerce.

 

  1. L’ECONOMIE PRECOLONIALE.

 

  1. Le système politique précolonial.

        A la veille de la conquête coloniale, deux systèmes politiques cohabitaient sur le territoire de l’actuelle Côte d’Ivoire.  Ces deux systèmes influençaient fortement l’économie :

-         Le système étatique d’une part, présent au nord et à l’ouest du pays notamment dans les royaumes de Bouna, du Kabadougou, de Kong et dans les royaumes Akans. Dans ces sociétés à pouvoir centralisé, le mode de production était caractérisé par l’existence d’une classe dirigeante qui exploitait la paysannerie et une classe servile. Les échanges économiques échappaient peu ou prou à des impératifs de parenté pour s’inscrire dans une logique de profit économique.

-         Le système des sociétés lignagères d’autre part, pratiqué notamment par les populations lagunaires, Krous et Mandé du sud. Ces peuples ne sont pas organisés en empires ou royaumes mais en lignages et classe d’âge, à l’intérieur des communautés tribales ou villageoises. Dans ces sociétés, l’unité économique de base est le lignage, véritable centre de production et de consommation, voué pour l’essentiel à l’autosubsistance.

 

 

  1. Les caractéristiques de l’économie précoloniale

            L’économie de la côte d’Ivoire était caractérisée à l’origine et durant de nombreux siècles par la recherche de l’autosubsistance. Elle était axée sur l’agriculture vivrière et utilisait des techniques de cultures itinérantes sur brûlis. Toutefois à partir du XVe siècle, elle entre dans une phase mercantiliste au contact de nombreux commerçants mandés d’origines soudanaises, attirés par la kola produite dans les régions de Touna, Dans, Mahou, Bété, Gouro et Anno (zones forestières des centre-ouest et nord-ouest de l’actuelle Côte d’Ivoire). Ces marchands recherchaient également l’or, dans les régions essentiellement habitées par les peuples sénoufo (autour de Kong notamment), Djininis et Lobi (nord et nord-ouest).

            Au contact des européens, l’agriculture locale connait une réorientation et est désormais pratiquée en vue de la commercialisation des produits tropicaux. Un type particulier d’échange, la traite négrière, fait son apparition dans les zones du littorale. L’esclavage est aboli en 1848 dans les colonies françaises et cette mesure formelle à un impact économique indéniable. L’arrêt de la déportation massive entraine le développement d’une traite intérieure. Il favorise en outre, au sein des colonies l’instauration et la multiplication de rapports de production de type esclavagiste. Chez les Dioula et les Malinké, les esclaves sont redirigés vers les vastes domaines agricoles tandis que chez les Anans, ils servent à l’extraction de l’or et au portage.

            Le commerce des produits naturels remplacent alors celui des esclaves et l’agriculture est de nouveau dynamisée. Les échanges commerciaux s’accroissent sous la poussée de la demande des Européens, installés sur le littoral (a Assinie et Grand-Bassam en 1843). Mais aussi celle des africaines, entrainant par leur ampleur l’émergence et la consolidation de la fonction de courtier africain qui sont les intermédiaires entre les Européens et les Africains.  Mais aussi entre les populations côtières et celles de l’hinterland. Ces derniers se retrouvent peu à peu face à l’impérialisme économique français au quel ils tentent de s’opposer, mais ils seront progressivement éliminés.

             D’une manière générale, l’économie précoloniale se retrouve autour de divers espaces relativement homogènes. Ceux du centre et du nord sont reliés par un réseau de routes commerciales comportant de nombreux marchés  et divers cités, aminés par des marchands Dioula ou des membres des aristocraties dirigeantes locales. Le cauri et l’or y servent de monnaie de transaction. Ceux du sud et de l’ouest du pays comportent de nombreux village-marchands et les biens y circulent à travers des réseaux de parenté, d’alliance ou de clientèle plus éloigné. L’économie précoloniale s’ajuste aux nouvelles exigences du XIXe siècle dont celle de la colonisation du pays qui porte déjà les germes de la désorganisation de l’agriculture traditionnelle et de l’émergence de nouveaux partenaires commerciaux.

 

  1. LES SECTEURS DE L’ECONOMIE COLONIALE.

 

  1. L’agriculture.

           L’agriculture occupe une place très importante dans l’économie de la Côte d’Ivoire. En effet, avec un climat subéquatorial et tropical soudanien qui est favorable à plusieurs types de cultures, la Côte d’Ivoire a une agriculture très diversifiée. Nous avons d’abord une économie de cueillette qui était sous la houlette de grandes compagnies comme la SCOA, la CFAO et les établissements Peyrissac. Ces derniers exploitaient la Cola, le caoutchouc, le bois, le palmier à huile qui est l’arbre par excellence de la zone forestière littorale. La Côte d’Ivoire se place au premier rang des producteurs de l’AOF. Il est bon de préciser que le palmier à huile va souffrir de l’intérêt croissant que les indigènes vont porter plutard au café, au cacao et à la banane. On compte sur 700 000ha, 35millions d’arbres notamment dans les cercles de Grand Lahou, Abidjan, Sassandra, Tabou, Man, Daloa et surtout à Bouaké, Lagoualé, Agboville venant largement en tête. La production est très difficile à évaluer. Théoriquement, on devrait noter 56 000 tonnes d’huile et 63 000 tonnes de palmiste. Le rendement moyen à l’hectare est de 80 kg d’huile et 90 kg de palmiste.

         Depuis 1950 les statistiques enregistrent à peine 3 000 t d’huile et 8 à 10 000 t de palmiste. A cette économie de cueillette succéda une économie de plantation. Ici nous pouvons mentionner la culture du café qui démarra en 1927 et occupe prés de 200 000 ha dont 25 000 ha étaient dans les mains des Européens. En plus du café nous avons la culture de la banane. La Côte d’Ivoire est en tête avec les plantations de cocotiers qui eux donnent peu de travail mais des résultats satisfaisants. Nous avons également le cacao. Le coton qui occupe le premier rang est cultivé en haute Côte d’Ivoire (Ferkessédougou, Khorogo, Boundiali) et en moyenne Côte d’Ivoire près de Bouaké, Bouémi. La culture des oléagineux tel le soja occupe plus de 6 millions ha. Avec l’arachide la Côte d’Ivoire se place au quatrième rang mondial. Les cultures fruitières se retrouvent  également en Côte d’Ivoire notamment  la culture d’ananas. Les cultures vivrières telles que le riz, le maïs, l’igname, le manioc…y sont pratiquées. Bref l’agriculture était le secteur le plus développé de l’économie ivoirienne car elle bénéficiait de la proximité des infrastructures qui permettaient l’évacuation des produits. Ainsi cela faisait entrer des devises pour le pays à travers leur transformation dans les industries et leur commercialisation.

  1. LES RESSOURCES NATURELLES.  

           Les ressources naturelles sont très diversifiées en Côte d’Ivoire. Ainsi l’exploitation forestière a joué pendant plusieurs décennies, un rôle majeur dans l’économie du pays. Elle débute au cours des années 1880 -1890, à l’initiative de commerçants britanniques en quête d’une nouvelle essence de bois à même de remplacer le Mahogany des Antilles. La principale essence commercialisée jusqu’au début des années 1920 est alors l’acajou, fortement demandé sur le marché international. De nombreuses essences sont par la suite  exploitées aux fins d’exportation, parmi lesquelles le makoré, le sipo…Près de 70% de la production de bois est destiné à l’exportation sur les marchés internationaux, le bois de teck étant la principale grume tropicale exportée.

            La production de diamant en Côte d’Ivoire commence en 1948 par le gisement de Tortiya étendu sur 188 ha avec une réserve estimée à 830 000 carats. L’exploitation de ce gisement est confiée à la société anonyme de recherches minières en Côte d’Ivoire (saremci).Ainsi l’exploitation diamantifère, plus récente et mieux équipée marque des progrès sensibles. Elle offrait l’exemple d’une industrie neuve en excellente position (région du cours supérieur du Bandama).L’exploitation débuta en 1948 avec une production de 8 500 carats, passe à 38 000 en 1949 pour atteindre 70 000 en 1952. Le gisement de tortiya a constitué à son époque la principale ressource minière du pays. A côté de cette expérience qui constitue la plus importante opération de production de diamant dans le pays et parallèlement à elle, se développe d’autres travaux d’exploitation de gisement dans la région de Séguéla. Ceux-ci sont entrepris d’abord par la compagnie minière du haut-Sassandra(Sandramine) en 1949 puis repris par la société diamantifère de la Côte d’Ivoire(Sodiamci) en 1956. Mais par la suite l’exploitation industrielle s’arrêtera en 1971 due à la faiblesse de la production annuelle qui n’excédait pas les 25 000 carats.

        La production aurifère qui a alimenté le commerce transsaharien durant des siècles se faisait au moyen de techniques traditionnelles par les peuples de la Côte d’ivoire dès avant l’accession du pays à l’indépendance. L’or constitue la deuxième ressource minière exploitée d’un sol qui recèle de beaucoup d’autres minerais comme le fer, le nickel, le manganèse … Toutefois, un seul gisement, géré par la Société des mines d’Ity (SMI) est en exploitation industrielle. Cependant la production aurifère connaitra une baisse au cours des années 1949 et 1951 avec une production respective de 1305 kg d’or en fin 1949 et moins de 300 kg en 1951. Ce fléchissement est dû à l’épuisement des gisements, lesquels ont été « écrémés ».

  1. L’industrie

          Pour l’instant, l’industrialisation de certains centres est beaucoup plus un problème à résoudre qu’un facteur économique primordial. Cependant, nous pouvons remarquer les multiples petites industries de biens de consommation. De même se sont créés les compléments indispensables des grandes villes : usines des eaux, centrales électriques (groupes électrogènes), usine à glace alimentaire, huileries plus ou moins primitives. Mais ce ne sont pas là des preuves d’industrialisation, seulement les manifestations habituelles de la promotion citadine des agglomérations humaines. Ainsi ce que l’on peut retenir de l’industrie ivoirienne, c’est qu’elle est dominée par les industries agroalimentaires et les usines d’emballage. Comme exemple d’industries alimentaires, on a les chocolateries qui se sont installées (production : une centaine de tonne). En novembre 1952, sortait le premier kilogramme de beurre de cacao. C’est d’ailleurs une industrie de grand avenir dans le pays, laquelle avait déjà exportée pendant les dernières hostilités du beurre de cacao de fabrication artisanale. Cette usine est réalisée suivant des conceptions modernes, toutes les manipulations étant mécanisées.

          L’industrie fruitière se développe mais a un rythme souvent plus rapide que la production de la culture de base. Les trois conserveries d’ananas de Tiassale, Bassam et Abidjan ont une capacité journalière d’absorption de 73 tonnes de fruits. En 1949, la production générale a été de 230 000 l de jus, 540 000 l en 1951, un million en 1952, deux millions prévus pour la campagne en cours (1953).

            On a également l’usine d’emballage à Vridi et l’industrie de la cellulose à Bimbresso. En mars 1951, les usines d’emballages Van Leer envoyaient leurs directeurs en voyage d’étude en Afrique Noire. En mai, on procédait au montage de l’usine, tout à côté des stocks d’hydrocarbures. Le 3 septembre de la même année, sortait le premier fut métallique. Jusqu'à la fin du mois, deux cents futs étaient quotidiennement fabriques. Dès, octobre la capacité journalière était portée à 400 futs et à 500 ou 600 vers la fin du mois de novembre.

           La seconde industrie a surtout une valeur expérimentale. L’usine de Bimbresso est une usine-pilote, mise en route en avril 1951. A partir de bois divers, on y fabrique des papiers d’emballage de bonne qualité, et on envisage la fabrication de papiers destinés à l’impression. En 1952, 4000 t de pates ont été transformées sur place en papier-kraft.

 

  1. LES INFRASTRUCTURES ET LE COMMERCE.

 

  1. Les infrastructures

         Il faut noter que pour les africains les premières manifestations de l’économie nouvelle se présentèrent sous forme de routes, de chemins de fer et de lignes télégraphiques. La construction de réseaux de transport et de communication préludait à la conquête : ils constituaient les moyens logistiques permettant de nouvelles agressions a partir des bases formées par les zones occupées. Toutefois, rares étaient les routes et les chemins de fer dont l’intérêt était exclusivement militaire. Le chemin de fer qui facilitait la transaction des produits agricoles fut construit en Cote d’Ivoire entre 1904 et 1912 d’une longueur d’environ 316 km, reliant Abidjan à Bouake. Il sera prolonge jusqu'à Bobo en 1934 après la guerre puis Ouagadougou en 1954. Les voies routières, quant à elles permettaient de relier et de rapprocher les différentes villes entre eux. On a également les ports dont celui de San-Pedro et Abidjan. La construction du port d’Abidjan fut terminée en 1952.  Ainsi ces infrastructures permirent l’exploitation et le transport des produits à l’intérieur de la colonie, du continent mais également vers la métropole. Ce qu’il faut retenir c’est que ces infrastructures ont été réalisées grâce aux financements dégagés par l’impôt et grâce au travail forcé.

  1. Le commerce ivoirien

              D’une manière générale, le commerce ivoirien a beaucoup bénéficié de la présence des infrastructures et des moyens de communication précédemment cités. Il  s’effectuait aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. A l’intérieur le commerce était pratiqué par des indigènes qui s’étaient appuyés sur les méthodes européennes. A  titre d’exemple on peut citer les factoreries qui constituaient des magasins dans lesquels étaient stockés des produits ou certains marchands profitaient se ravitailler pour alimenter les marches locaux. On a également l’exemple du coprah acheté par des huileries locales. Quant au commerce extérieur, il concernait les exportations des produits comme le palmier a huile, le café, le cacao et la banane. On peut citer également le bois qui jusqu’en 1930 constituait l’essentiel de l’économie ivoirienne. En effet de 1930 à 1938, le café et le cacao ont connu une croissance dans les exportations. L’ensemble de la production se diversifia et se spécialisa. En 1938 la Cote d’Ivoire exportait 52 000t de cacao. Apres  guerre, on comptait 42 000tonnes  en 1947 ; 61 000 tonnes en 1950 ; 55 600 tonnes en 1951 ; 45 000 tonnes en 1952. Avec le cacao la Cote d’Ivoire est en tête de toute l’Afrique française devant le Cameroun et le Togo. La culture du café a démarré en 1927 dont 300 t auraient été exportés en 1928. La Cote d’Ivoire se classe également en tete avec l’exportation de noix de coco. Pour ce qui est de la banane le pays a enregistré une production de deux tonnes en 1930  et plus de 20 000 t les années suivantes.  Comme autre produit exporté on peut citer l’arachide, le coton et le soja qui est cultive sur 1000 ha dont 400 t exportée vers le  Sénégal et la métropole.

      Les importations se composaient essentiellement des produits manufactures comme les allumettes, les bougies, l’huile de cuisine et même le jus d’orange qui auraient tous pu être fabriques facilement en Cote d’Ivoire, étaient importés.

        En résumé il est utile de signaler que la Cote d’Ivoire participe pour 100% à l’exportation du bois, 100% à celle du cacao, 96% pour le café, 30% pour la banane, le reste étant presque exclusivement du ressort de la Guinée dans l’AOF. Elle intervient également pour 50% à celle des animaux et du Karité. L’utilisation de la monnaie coloniale apparait vers les années 1930.

 

CONCLUSION

     En résume, l’économie précoloniale ivoirienne s’ajuste aux nouvelles exigences du XIXe siècle dont celle de la colonisation du pays qui porte déjà les germes de la désorganisation de l’agriculture traditionnelle et de l’émergence de nouveaux partenaires commerciaux. Elle oriente l’économie ivoirienne vers l’exportation de produits agricoles et l’importation de produits européens manufacturés. Dès le début de la colonisation jusqu'à la fin des années 1960, la situation économique de la Cote d’Ivoire est florissante. Le taux de croissance annuelle du PIB est élevé et il dépasse 7% durant la dernière décennie de la période coloniale (1950-1960).

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Jean POUQUET (1954), L’Afrique Occidentale Française, Que sais-je ?, P.U.F, 128 p

  1. ADU BOAHEN(1989), Histoire Générale de l’Afrique : tome VII, l’Afrique sous domination coloniale (1880-1935), Présence africaine/Edicef/UNESCO, 544p

Dictionnaire universel

Encyclopédie Encarta 2009

www.google.com



24/09/2012
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