L'économie de la Haute Volta
PLAN
INTRODUCTION
- I. Définition de l’économie - Economie précoloniale
de la Haute-Volta
- 1. Définition
- 2. Economie précoloniale de la Haute-Volta
- II. Economie de la Haute-Volta de 1919 à 1960
- 1. Le coton
- 2. L’arachide et le karité
- 3. L’élevage
- III. UNITES INDUSTRIELLES ET DIFFICULTES LIEES AU DEVELOPPEMENT DE LA HAUTE-VOLTA
- 1. Unités industrielles
- 2. Difficultés liées au développement
CONCLUSION
INTRODUCTION
La Haute Volta, actuel Burkina-Faso, est l’un des rares pays à avoir connu dans son histoire coloniale, trois démembrements successifs (création, suppression et reconstitution). Les Français à leur arrivée, ont trouvé sur ce territoire des sociétés à pouvoir centralisé et des sociétés lignagères. Ces Sociétés évoluaient dans un univers économique très largement autarchique. La création des frontières fit située le territoire de la Haute-Volta entre les économies Sahélo-sahariennes du Soudan et du Niger et les économies subtropicales de la Côte d’Ivoire et de la Gold-Coast. Cependant quelle est l’économie de la Haute Volta? Pour cerner cette problématique, nous définirons d’abord l’économie et ferons un bref aperçu de l’économie de la période précoloniale de la Haute-Volta ensuite nous aborderons l’économie de la Haute-Volta de 1919 à 1960. Et enfin nous parlerons des unités industrielles et des difficultés liées au développement de ce pays.
- I. Définition de l’économie - Economie précoloniale
de la Haute-Volta
- 1. Définition
L’économie est une science qui étudie la production, la consommation et l’échange des biens de service. Le terme «économie» dérive du grec. Oïkonomia qui signifie «les lois de la maison».
A l’origine, l’économie désigne donc, la gestion privée; au delà de ce niveau domestique, cette discipline s’intéresse également aux comportements collectifs des individus et des groupes. L’économie aujourd’hui, au delà de la science et de ses théories, est un élément essentiel de la vie moderne. Elle a toujours été puisqu’il a fallu échanger des marchandises par exemple et donc avoir recourt à des comportements économiques. A cette vue générale, il faut ajouter une définition restreinte et ciblée centrée sur les activités nées des initiatives locales pour ce qui est des sociétés africaines.
- 2. Economie précoloniale de la Haute-Volta
Les sociétés précoloniales ont développé des systèmes de production allant de la mise en œuvre d’une agriculture très diversifiée au pastoralisme en passant par des types d’Associations entre agriculteurs et éleveurs. Le mil et le sorgho constituent les cultures vivrières de base, mais selon des conditions écologiques locales, de nombreuses autres cultures sont pratiquées : maïs, fonio, riz, arachide, haricot, pois de terre, igname, manioc, patate douce, sésame…On peut aussi ajouter le coton que l’administration coloniale va mettre en valeur.
Les produits de cueillette (graines de karité et de néré) font aussi partie de la ration alimentaire. De ce système économique, dont la finalité première est la satisfaction des besoins alimentaires des unités de production, les échanges ne sont pas pour autant exclus : échanges à courte distance à travers la commercialisation sur les marchés locaux le surplus de la production agricole et de l’élevage, mais aussi des produits transformés (coton égrainé, fil de coton, bande de coton tissé). Les échanges à longue distance concernent l’approvisionnement en bétail ou en bandes de coton du commerce caravanier qui traditionnellement pourvoit les «pays» de la Haute-Volta en cola depuis la forêt tropicale (pays Ashanti, Ghana actuel) et en sel depuis les salines du Sahara. En prévision au déficit des mauvaises années, les produits céréaliers sont stockés dans des greniers. Cependant, la colonisation va bouleverser le fonctionnement de l’univers économique des Sociétés traditionnelles.
- II. Economie de la Haute-Volta de 1919 à 1960
- 1. Le coton
Le système colonial fit de la Haute-Volta, une productrice de produits de base destinés à l’exportation. Ainsi, le coton qui avait joué un rôle important dans l’économie précoloniale (culture, filage, tissage, commerce) sera valorisé par la puissance coloniale en lui donnant une nouvelle orientation dès les années 1920.
L’Administration coloniale française avait agi avec détermination pour intensifier la culture du coton afin d’augmenter « dans la plus large proportion la part de la récolte non nécessaire à la consommation locale et par la suite disponible pour l’exportation». Le rôle assigné au coton colonial consistait à réduire la dépendance de la France des pays étrangers dans le domaine d’approvisionnement en matières premières.
En Haute-Volta, la culture du coton avait été caractérisée par deux modes de production avant 1932. Le premier fut obligatoire et institué par le Gouverneur E. Hesling et le second basé sur la libre entreprise, débuta sous l’administration de M. Chesse.
Le climat tropical convenait parfaitement à la culture du coton et la dynamique du rendement avait beaucoup influencé les activités agricoles dans les régions voltaïques. L’augmentation de la récolte provenait de l’exécution des programmes conçus pour promouvoir la production des fibres textiles. Il concordait à l’extension des superficies plantées en cotonnier dans les différentes zones agricoles, aux transports et à la répartition des semences améliorées entre les cercles producteurs et enfin au renforcement de l’encadrement des paysans par les moniteurs d’agriculture.
Par ailleurs, la politique d’intensification de la production cotonnière mise en œuvre, connut quatre étapes:
ü De 1924-1927: institution des cultures forcées, imposition des champs de commandant;
ü De 1927-1932: tentative d’adoption d’une politique souple caractérisée par la persuasion et l’appui à une élite en vue de faire d’elle un modèle;
ü De 1932-1947: Production léthargique en raison de la dislocation de la colonie;
ü De 1947-1960: reprise de la production qui passa de 136 tonnes en 1951-1952 à 1018 tonnes en 1959-1960; création de la Compagnie Française pour le Développement des Textiles (CFDT).
Outre le coton, nous pouvons également énumérer quelques produits tels que le sésame, le kapok, le néré l’arachide, le karité et des cultures vivrières qui rentrent dans l’économie.
- 2. L’arachide et le karité
Au-delà de la culture du coton, la culture d’autres produits fut galvanisée. Ainsi durant la décennie 1920, l’administration coloniale encourage l’exploitation des produits tels que l’arachide.
Dès 1922 une unité de production d’huile d’arachide est créée sur fond public à Ouagadougou. En plus la Compagnie Française de la Côte d’Ivoire qui s’ouvre en 1928 à Banfora traite annuellement 8 000 tonnes d’arachides. A la fin de la décennie 1930, le Comptoir des Industries Textiles et Cotonnières (CITEC) de Robert Boussac s’est reconverti dans la production d’huile d’arachide et de beurre de karité en implantant une usine à Bobo-Dioulasso qui sera fonctionnelle à partir de 1941.
A la reconstitution de la colonie, un plan de développement de la production agricole avait été élaboré par le service de l’agriculture et approuvé par le Conseil Général lors de la séance du 16 décembre 1948. Il recommandait l’orientation des efforts vers l’expansion de la culture de l’arachide. L’arachide est une plante industrielle et vivrière. En plus, on utilisait la paille d’arachide pour constituer des réserves de pâturages durant la saison sèche.
Quant au karité, il occupait une place considérable dans l’économie de la colonie de la Haute- Volta. On note de ce fait, l’implantation d’usines pour la transformation des amendes de karité. Ainsi, on a la Compagnie Française de la Côte d’Ivoire (C.F.C.I) pour le traitement; le Comptoir des Industries Textiles et Cotonnières (C.I.T.C) dans la production d’huile d’arachide et de beurre de karité; la Société d’Exploitation des Carburants Coloniaux (S.C.C) pour la production d’hydrocarbures à base de karité qui sera reconvertie à la fabrication du beurre, du savon de karité…
- 3. L’élevage
L’élevage constituait une richesse considérable. Même s’il est pendant longtemps resté parent pauvre de la politique coloniale, l’élevage reçoit à partir des années 1950, des formes d’investissement dans l’encadrement sanitaire et hydraulique. Aussi le réseau du commerce des bovins en direction de la Gold-Coast est enraciné dans l’économie voltaïque et Ouest africaine.
Des acteurs essentiellement composés d’éleveurs, de commerçants, voir d’agriculteurs tirent des revenus substantiels de cette activité. Les avantages, à savoir revenus substantiels aux populations, devises, fiscalités au profit du budget de la Haute-Volta que procure la filière bétail, ont conduit l’administration coloniale à adopter une politique pour mieux la contrôler, la réglementer et la baliser. Pour améliorer la production, des vétérinaires parcourent les campagnes pour disséminer les méthodes modernes d’élevage et de lutte contre les épizooties. En plus, les peaux faisaient l’objet d’exportations vers l’Europe.
- III. Unités industrielles et difficultés liées au développement de la Haute-Volta
1 .Unités industrielles
L’industrie est embryonnaire et se réduisait à une quarantaine d’installations vétustes, dont les principales unités sont:
ü Une huilerie à Bobo gérée par le Comptoir des Industries Textiles et Cotonnières;
ü Une rizerie à Sissalia décortiquant du riz paddy;
ü Une chaîne d’embouteillage de bière à Bobo;
ü Trois complexes d’égrenage coton de la Compagnie Française de Développement du Textiles (C.F.D.T) totalisant une capacité de 2000 tonnes et implantées à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Tougan;
ü Quelques unités artisanales de bois, ainsi qu’une trentaine d’entreprises, de travaux publics et de bâtiments dont SCOMB-DRAGAGE ;
ü Deux imprimeries, deux usines de fabrication de glaces et deux centrales électriques à Ouagadougou et à Bobo;
ü Un réseau de postes, télégraphes et téléphones implantés depuis 1920;
ü Une mine d’or nouvellement ouverte produisant 500 tonnes de minerais par an.
L’industrie occupait 4000 salariés et distribuait environ 0,5 milliard de francs CFA de salaires.
Aussi un effort considérable a été fait dans le domaine des infrastructures de communication. De 6000 Km de routes en 1925, on en compte 2115 km de routes Inter-états, 2615 km interurbaines, 10830 km de pistes rurales en 1960 et 509 km de voies ferrées.
- 1. Difficultés liées au développement de la Haute-Volta
La vocation de la Haute-Volta a toujours été et restera fondamentalement agricole. Certes si les sols n’y constituent pas un facteur limitant (ils ne sont ni meilleurs, ni pires qu’ailleurs dans le monde tropical), les conditions climatiques y sont souvent capricieuses. En effet, depuis 1925 la pluviométrie est désastreuse jusqu’en 1931. Sur sept années agricoles quatre sont anormalement sèches (1926-1927, 1928-1929, 1930-1931, 1931-1932) et victimes de surcroît d’invasions acridiennes. Aussi, notons que l’enclavement constitue l’une des difficultés à l’émergence de l’économie de la Haute-Volta.
Avec l’avènement du système colonial, les unités de production fragilisées n’arrivent plus à se constituer autant de réserves qu’autrefois, à la fois parce qu’elles dégagent moins d’excédent et qu’elles sont obligées de surcroît d’en vendre pour l’acquittement de l’impôt.
Dans ces sociétés fondamentalement agricoles, la force de travail des unités de production va subir une véritable saignée, au niveau notamment de sa tranche démographique la plus vive, à cause des prélèvements consécutifs à l’acquittement des prestations, de main-d’œuvre, aux recrutements militaires, aux migrations de travail volontaire «pour trouver l’argent de l’impôt»; mais aussi à l’exode massif des hommes en âge de travailler vers la Gold Coast anglaise - colonie où la contrainte exercée par l’administration de tutelle est beaucoup moins sévère - que l’institution du travail forcé a déclenché. La productivité de ses unités s’en trouvera considérablement réduite. Le système de gestion des surplus agricoles va par ailleurs être sérieusement déstabilisé, à la fois à cause de la moindre efficience du système des productions et de la mise sur le marché d’une part de plus en plus importante de la production céréalière.
CONCLUSION
Pays enclavé, la Haute-Volta se présente comme un pays, dont l’économie est essentiellement basée sur l’agriculture. Sa production était d’abord une économie de subsistance et sera bouleversée avec l’avènement de la colonisation. En effet les Européens auront une mainmise sur son économie par la revalorisation de certains de ses produits comme le coton destiné à l’exportation. L’administration coloniale mit en place des infrastructures de base pour la transformation de certains produits (coton, arachide). Soulignons que l’économie de la Haute Volta rencontrait d’énormes difficultés d’ordre naturel, politique et humain. Cependant les problèmes économiques actuels du Burkina Faso ne tirent-ils pas leur source des politiques économiques de la Haute Volta?
BIBLIOGRAPHIE
ü MASSA. G. et MADIEA Y. G (dir). 1995. La Haute-Volta coloniale: Témoignages, Recherches, Regards. Paris, karthala .677 p
ü BAYALA. M.C, HIEN P.C, COMPAORE M. GOMGNIMBOU M (eds) 2010. La reconstitution de la Haute-Volta. Ouagadougou, Harmattan Burkina, 415 p
ü ZAGRE P. 1994. Les politiques économiques du Burkina Faso : une tradition d’ajustement structurel. Paris, Karthala 244 p
ü Dictionnaire de Français, Larousse
ü www.histoire-afrique.org: BATENGA M. W. Héritage colonial: quelques aspects de l’économie, Université de Ouagadougou
ü Encarta 2009
www.ambaburkina.dk: économie de la Haute
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