L'étude comparative de l'évolution institutionnelle des territoires de l'A.O.F. et celle du Togo(2)
PLAN
INTRODUCTION
I / APPERÇU HISTORIQUE DU TOGO ET DE L’A.O.F
1- LE TOGO
LES TERRITOIRES DE L’A.O.F
II / ETUDE COMPARATIVE DES INSTITUTIONS DU TOGO ET DES TERRITOIRES DE L’A.O.F DE 1895 à 1914
1- SUR LE PLAN POLITICO–ADMINISTRATIF
2- SUR LE PLAN SOCIO–ECONOMIQUE
III/ ETUDE COMPARATIVE DES INSTITUTIONS DU TOGO ET DES TERRITOIRES DE L’A.O.F DE 1914 à 1945
1- SUR LE PLAN POLITICO-ADMINISTRATIF
2- SUR LE PLAN SOCIO-ECONOMIQUE
IV/ ETUDE COMPARATIVE DES INSTITUTIONS DU TOGO ET DES TERRITOIRES DE L’A.O.F DE 1945 à 1960
1- SUR LE PLAN POLITICO-ADMINISTRATIF
2- SUR LE PLAN SOCIO-ECONOMIQUE
CONCLUSION
INTRODUCTION
Le continent africain fut le théâtre des grandes opérations occidentales qui ont conduit à son partage vers la fin du XIXème siècle. Résulteront de ce partage des vastes régions qui vont se différer non seulement par les méthodes de leur conquête mais aussi par les résistances qui s’y sont opérées ainsi que par les pays colonisateurs. En cela, l’A.O.F et le Togo sont un exemple édifiant. C’est dans ce contexte que s’inscrit la portée de notre étude qui consiste à comparé l’évolution institutionnelle du Togo et celle de l’A .O .F .
Par institution il faut entendre l’ensemble des règles établies en vue de la satisfaction d’intérêts collectifs, organisme visant à les maintenir. Une telle comparaison ne serait possible que si nous disposions des critères et des domaines par lesquels portera notre étude. C’est pourquoi nous avons choisi d’orienter notre travail sur l’évolution des institutions en fonction des bornes chronologiques (1895 à 1914, 1914 à 1945, 1945 à 1960) en intégrant les facteurs politico-administratifs et socio-économiques qui ont soutenu cette évolution.
I. Aperçu historique du Togo et de l’A.O.F
- 1. Le Togo
L’histoire du Togo est marquée par des innovations majeures qui s’expliquent par ses rapports avec territoire en a modifié les limites et les composantes sociales dans leur structure. Ceci pour dire que le Togo n’est qu’une partie d’un vaste territoire qui fut sous domination allemande. En effet après 1914 les acteurs en ont décidé autrement si bien que ce vieux territoire fut reparti en deux, une partie sera intégrée à la colonie anglaise ; la Gold Coast et l’autre constitue le Togo actuel. Cette division géographique a entrainé celle de la société qui fut elle aussi repartie.
La partie qui constitue le Togo d’aujourd’hui passera sous domination française après 1914. Les français ont à cet effet procédé à l’élaboration de nouvelles formules d’encadrement pour son administration. En 1946, le Togo fut donc intégrée dans l’AOF pour des questions financières et pour des raisons d’ordre politique.
- L’AOF
L’AOF, créée le 16 Juin 1895, est l’ensemble des territoires conquis par la France en Afrique de l’Ouest. Ce vaste ensemble était limité à l’Est par la Libye, le Soudan ainsi que l’Afrique Equatoriale, par le Sahara au Nord, les colonies britanniques et le Togoland allemand au Sud. Ce cadre administratif a conditionné l’évolution, économique, politique et sociale des territoires concernés. Le pays colonisateur de cet ensemble a voulu imposer son modèle administratif commun à tous les territoires quand bien même ils n’ont pas les mêmes réalités. Composée de huit territoires au début la tendance sera autre en 1946 lorsque le Togo lui fut rattachée. De nombreux facteurs seront à l’origine de la nouvelle phase de l’histoire qui s’ouvre pour ce vaste ensemble dans les tournants 1956.
II. ETUDE COMPARATIVE DE L’EVOLUTION INSTITUTIONNELLE DU TOGO ET CELLE DE L’A.O.F (1895 à 1914)
- 1. Sur le plan politico-administratif
Le Togo et l’AOF, ne dépendant pas d’une même métropole à cette période n’étaient pas régies par une même institution. Le Togo appelé Togoland était sous la domination allemande alors que l’AOF était sous celle de la France. Et ces deux puissances, n’ayant pas la même idéologie politique auront chacune des méthodes de gestion qui lui sont propres. La France avait entrepris l’organisation de son vaste territoire c’est-à-dire l’AOF par un pouvoir centralisé alors que les Allemands qui n’avaient en vue que le commerce s’était organisé dans leur possession selon cette directive. L’AOF était ainsi régi par une institution au style direct avec un gouverneur général à la tête de l’administration. Les régions étaient dirigées par des Lieutenant-gouverneurs, les cercles par des commandants et en bas de l’échelle nous avons les chefs de villages. Cette hiérarchie était liée à la métropole qui décidait du fonctionnement. Le Togo au contraire était régi par une institution plus calquée sur la gestion économique qui n’avait pas pour objectif de régir la vie sociale mais celle économique.
Il faut néanmoins retenir que des deux côtés, l’autorité traditionnelle fut impliquée dans le fonctionnement de l’administration coloniale. Les chefs locaux étaient des instruments à la solde du colonisateur. La question de la mise en valeur des colonies était une préoccupation commune aux Allemands et aux Français si bien qu’au Togo qu’en AOF elle fut exposée.
- 2. Sur le plan socio-économique
Il faut entendre par là la législation qui devait régir la vie économique et l’implication des masses sociales.
L’AOF comparativement au Togo avait un avantage en matière d’économie du fait de la diversité de son territoire et de ses ressources. La politique française visait l’exploitation des richesses que contenaient les différentes de l’AOF pour servir à leurs industries. Et toutes les entreprises économiques se faisaient au compte de la métropole. Alors qu’au Togo, les Allemands cherchaient à faire prospérer l’économie du pays qui devait servir à sa mise en valeur. Ils étaient mercantilistes ce qui justifient la constitution des comptoirs ainsi que des chemins de fer devant faciliter le transport. Malgré la rareté des ressources naturelles, le Togo bénéficiait des Allemands d’une gestion financière rigoureuse et d’une politique de développement pragmatique. Cette politique économie devait libérer l’Allemagne des dépenses qu’elle devrait consacrer sur ses colonies d’Outre-mer. Si l’autonomie financière du Togo était la politique de son colonisateur, il n’en est la même pour l’AOF tout simplement parce que la France a toujours cherché à maintenir le bâton de commandement pour s’assurer de sa grandeur. L’équilibre économique du Togo était à bien de l’égard distancé de celle de l’AOF.
Mais notons des points communs à ces deux entités notamment dans l’implication des masses sociales. Les populations devaient de leur sang à travers l’impôt de capitation qui était la règle économique. Notons aussi l’imposition des types de cultures qui appliqués à l’AOF et au Togo. Et la redistribution des biens était favorable aux pays colonisateurs conformément à la loi économique en vigueur dans ces deux entités. Cependant, après la première guerre mondiale, avec la défaite allemande, le cours des événements prendra un autre élan.
III. ETUDE COMPARATIVE DE L’INSTITUTION DU TOGO ET CELLE DES TERRITOIRES DE L’AOF (1914-1945)
- 1. Sur le plan politico-administratif
Après la première guerre mondiale, l’AOF était sous le régime imposé par la France qui va entamer une application rigoureuse de ses institutions en vue de retrouver son équilibre, alors que le Togo faisait l’objet de débat international entre les vainqueurs de la guerre qui devaient se partager les colonies allemandes. La SDN qui devait trancher la question donnant autorisation à la Grande-Bretagne et à la France de se partager le Togoland allemand. Le Togo passe sous mandat de la SDN et est divisé en deux, le Togo français (actuel Togo) et le Togo britannique rattaché à la Gold-Coast en 1919. Entre 1914 et 1919, pendant que l’AOF était sous l’influence d’une juridiction française, le Togo était dans une phase de réorganisation administrative et institutionnelle qui devait émaner de la SDN.
Après 1919, on ne parlera que du Togo français qui aura une particularité par rapport à l’AOF quand bien même ils sont tous des territoires français.
Bien que calquée sur les institutions administratives de l’AOF, l’armature administrative du Togo présente des particularités en raison de l’application du régime de mandat introduit par l’article 22 du pacte de la SDN. L’application conjointe du régime de mandat international et de la législation française va conférer aux institutions togolaises un caractère singulier, ce qui distinguera le Togo d’une colonie traditionnelle. Ainsi jusqu’en 1936, le Togo est resté un territoire de pilotage politique qui devait servir de cadre d’expérimentation à l’administration française. A cette date donc le Togo sera rattaché à l’AOF mais ne jouit pas du même statut que les autres territoires de celle-ci. Il releva donc de l’administration du Dahomey qui y était représenté. Il a fallut donc les années 1946 pour que le Togo ait son statut autonome pour être gouverné par un administrateur qui dépend du gouvernement central de Dakar.
Mais il faut reconnaître que l’AOF et le Togo français était organisés selon les intérêts de la France en dépit de la diversité des modalités administratives.
- 2. SUR LE PLAN SOCIO-ECONOMIQUE
En ce qui concerne le partage du Togo il faut retenir que la France s’est procurée d’un vaste territoire qui était moins riche par rapport à la Grande Bretagne qui s’est procuré de la zone riche la France dans la mise en valeur de sa possession devait avoir affaire à de rudes épreuves puisque les masses sociales vont sévèrement critiquer leur politique au regard de celle de leur voisins. Il n’existait pas cependant de différence en matière de gestion économique entre les territoires de l’AOF. La France avait entrepris une politique qui visait à mettre en valeur ses possessions par leurs propres richesses et assurer sa prospérité économique. Si des difficultés se sont imposées, cela fut partout. Après 1929, les profondes reformes étaient communes à tous les territoires de la France. Mais après la seconde guerre mondiale, pour des difficultés financières, le Togo sera intégré dans l’A O F.
IV. ETUDE COMPARATIVE DES INSTITUTIONS DU TOGO ET DES TERRITOIRES DE L’AOF
- SUR LE PLAN POLITICO-ADMINISTRATIF
Les changements de la vie politique en Afrique amorcés depuis le lendemain de la première guerre mondiale se sont poursuivis. En ce qui concerne les territoires de l’AOF et le Togo entre 1945 et 1960, on en a constaté sur le plan politique et administratif. L’émergence d’une élite politique dans un cadre organisé moderne, se fit après la seconde guerre mondiale dans les territoires de l’AOF. Les colonies d’Afrique Occidentale passent d’un régime purement autoritaire à l’ébauche d’un régime incluant la participation des élites politiques de première génération. La mutation fut d’ampleur et les assemblées territoriales notamment sont devenues les structures qui, dans d’étroites limites, siègent, débattent, votent et participent à la vie locale.
Le Togo incorporé dans l’AOF entre 1934 et 1936 retrouva son individualisme en 1946. Cependant la constitution l’assimila à un territoire d’outre-mer, avec la restriction imposée par le régime de tutelle. Cette individualité se trouve renforcée avec la loi de reforme de 1951 et le Togo bénéficie d’une décentralisation poussée et une autonomie administrative. La nouvelle structure administrative est définie sous la forme d’une énumération des institutions togolaises. Ainsi l’objectif de la loi organique du 16 avril 1955 porte sur trois institutions à savoir l’assemblée territoriale, les conseils de circonscription qui sont les institutions existant déjà et le conseil de gouvernement, principale innovation de la loi. Cette innovation traduit sans doute la volonté de la puissance administrative d’instaurer une démocratie participative au profit des populations rurales et de rapprocher par la même occasion l’administration de ces dernières.
- SUR LE PLAN SOCIO-ECONOMIQUE
A la fin de la seconde guerre mondiale la France a révisé sa politique à l’égard de ses colonies en y appliquant des formules souples. Le discours de DE GAULLE en 1944 a donc réorienté les rapports entre colonies et colonisateurs. Le Togo qui venait donc d’être intégré en tant que pays autonome dans les territoires sous domination française devait donc être régie par la même législation économique que les autres. L’émergence des élites dans tous les territoires changea la donne dans la gestion économique des territoires concernés. Les masses sociales seront donc représentées pour la gestion économique des biens des territoires. Ainsi l’exploitation exagérée qui était en cours jadis cède la place à des rapports économiques plus ou moins équilibrés. Ce processus de libéralisation des colonies sera effectif en 1956 lorsque disparut l’AOF. Quelques années plus tard la décolonisation se réalisa et laissa la destinée économique des territoires entre les mains de leurs propres fils.
CONCLUSION
En définitive, nous pouvons noter que le Togo et les territoires de l’AOF ont connu une évolution de leurs institutions depuis les années 1895 date de l’installation de l’AOF jusqu’en 1960 marquant l’accession à l’indépendance de plusieurs pays de l’Afrique. Selon des périodes données et en fonction de leurs puissances colonisatrices, des dissemblances et des ressemblances ont été constatés dans ces entités.
BIBLIOGRAPHIE
GUILHEM Marcel (dir), 1962, Histoire de la Haute-Volta, Cours moyens, 2ème édition, l’Afrique-le monde, Paris IV, 382 pages
Jacques Marseille, 1987, Histoire 2nde, Nathan, Paris, 383pages
Charles-Robert AGERON, 1994, La décolonisation française, 2ème édition, Armand Colin, Paris, 187 pages
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