CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

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L'industrialisation en A.O.F.

PLAN

                                Introduction

I-Présentation de l’AOF et définition de l’industrialisation

1-      Présentation de l’AOF

2-      Définition de l’industrialisation

 

II- LE Processus  de l’industrialisation

1-      Les facteurs

2-      Les unités industrielles

 

III- les  apports et les limites de l’industrialisation

1-      Les apports

2-      Les limites

 

 

                                                     Conclusion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                       INTRODUCTION

            La fin du XIXème a été marquée par une forte présence européenne en Afrique pour de multiples raisons notamment économiques. Pour mieux asseoir sa domination et favoriser l’exploitation des ressources, les puissances colonisatrices à savoir la France va mettre en place une politique qui regroupera ses colonies sous sa tutelle justifiant ainsi la création de l’AOF. Le pouvoir de la France ainsi centralisé, une innovation de méthodes de production est entreprise d’où la notion de l’industrialisation en AOF. On se demande alors à quoi est redevable ce processus d’industrialisation ? Etant enclenchée en terre de l’AOF, qu’est-ce que celle doit s’en attendre ? Notre travail consistera à donner un bref aperçu de l’organisation de l’AOF, les potentialités du processus d’industrialisation tout en faisant cas de ses effets sur les territoires concernés.  

 

  1. I.                   PRESENTATION DE L’AOF ET DEFINITION DE L’INDUSTRIALISATION
  2. 1.      Présentation

          Avec une superficie de 4 633 985 km², l’Afrique Occidentale Française(AOF) était constituée de huit colonies qui comprenait la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan Français, actuel Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta devenue Burkina-Faso et  le Dahomey (Bénin actuel). Après la défaite allemande à la 1ère Guerre Mondiale, une partie du Togoland a été rattachée à l’AOF. C’était une Fédération créée le 16 Juin 1895 et dissoute en 1958 suite au processus de décolonisation. L’AOF avait pour but de coordonner sous une même autorité la stratégie de pénétration coloniale à l’intérieur du continent. Elle était sous la direction d’un gouvernement général et sa capitale a été Saint-Louis en 1895 avant d’être transférée à Dakar plus tard au Sénégal   

          Ce gouvernement a pour rôle de mener la politique économique, culturelle et sociale du territoire et aussi d’administrer les colonies. L’AOF comptait près de 25 millions de personnes en 1958

  1. 2.      Définition de l’industrialisation

             Comprenons par industrialisation, un processus de bouleversement des techniques de production. Ainsi, l’ancien système notamment artisanal, manuel de production peu organisé fait place à une production qui a recours à l’utilisation des machines, des productions en grande série. Cette  production était centralisée à l’aide des normes ou standards permettant d’obtenir des produits d’une qualité homogène.

Elle est aussi le processus de fabrication des produits manufacturés avec des techniques permettant une forte  productivité du travail et qui regroupe ses travailleurs dans des infrastructures constantes avec des horaires fixes et une réglementation stricte. Dans telle situation, on note un changement radical des modes de vie des populations.

  1. PROCESSUS DE L’INDUSTRIALISATION

          La présence française en Afrique se justifiait par le besoin des ressources minières et agricoles. C’est ainsi que la métropole va procéder à la mise en valeur des colonies. L’exploitation de certaines ressources nécessitait leurs transformations sur place d’où l’industrialisation. Divers facteurs expliquent l’installation de ces unités industrielles. 

  1. Les facteurs

           D’énormes facteurs sous-tendent le processus d’industrialisation en AOF. Bien avant l’arrivée des Européens notamment les Français, la population « indigène » pratiquait une industrie artisanale. Nous pouvons énumérer l’artisanat de filature du coton.  Les industriels français vont perfectionner ces industries artisanales en les faisant dépendre maintenant des moyens techniques.

           Outre la filature, il faut noter l’abondance des matières premières d’origine minière telles que :

-          l’or en Côte d’Ivoire, en Haute-Volta, en Guinée ;

-          la bauxite, l’aluminium en Guinée ;

-          le cuivre en Haute-Volta, en Guinée et en Mauritanie ;

-          le fer en Mauritanie ;

-          l’étain au Niger ;

-          le phosphate de chaux au Sénégal

           Les ressources agricoles ne sont aussi en reste surtout avec la spécialisation des colonies selon une typologie de monoculture et obligatoire. On note au Sénégal une révolution arachidière dans les années 1924-1939. La production café-cacao et bois dans les colonies côtières (Côte d’Ivoire, Dahomey) et les palmiers à huile. Au Soudan, en Haute-Volta et au Niger on pratique la culture de l’arachide et du coton. Cette spécialisation agricole était en fonction des conditions climatiques.

           Pour le cheminement de ces différents produits vers les zones d’exportation de nombreuses unités infrastructurelles ont été mises en place. Au nombre de ces infrastructures, il faut noter le chemin de fer notamment celui de Dakar-Bamako, Dakar-Saint-Louis et de Dahomey-Niamey desservant le Soudan français et la Mauritanie. Il y a aussi celui d’Abidjan-Niger (non encore réalisé) distant de 1142 km reliant Ouagadougou en 1954 avec 514 km. Les rails permirent le désenclavement de la Haute-Volta, du Soudan français, de la Mauritanie et du Niger (colonies de l’intérieur) les reliant ainsi à l’océan Atlantique. Les relations commerciales entre les colonies de l’intérieur et les colonies côtières connurent un essor. Il faut noter également la construction d’infrastructures portuaires comme le port de Dakar, de Cotonou et d’Abidjan. On enregistre enfin l’aménagement des routes notamment des pistes rurales, des routes bitumées, d’aérodromes (celui de Bobo- Dioulasso, Koudougou) et d’aéroports à Abidjan et à Dakar.   

 

  1. 1.      Les unités industrielles

 

          Les diverses productions (minières et agricoles) ainsi que l’importance des unités infrastructurelles ont favorisé l’installation des unités industrielles dans les différentes villes de l’AOF. Cette émergence industrielle gagne du terrain à partir de 1940. Le Sénégal était la colonie la mieux logée en raison du choix de Dakar comme capitale de l’AOF en 1902.La politique d’industrialisation mise en place était celle à « deux vitesses ». D’une part, il y’avait les pôles de développement limités en quelques points de la cote qui recevait le gros des investissements notamment le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et le Dahomey. D’autre part, le reste des colonies était mal équipé dans le processus d’industrialisation .L’essentiel des activités industrielles en AOF concernait les huileries et les savonneries comme au Sénégal en 1930.Notons aussi l’installation des usines de textiles en 1938 dans les colonies telle que la Haute- Volta .Concernant les unités de filature on a la CITEC(Compagnie de Industrie Textile Cotonnière) basée à Bobo-Dioulasso et Compagnie Française du Développement(CFDT) et celle de Boussa (Soudan). Nous avons aussi d’emballages, d’alimentations et du jus de fruits qui embouteillent des eaux et boissons gazeuses et des brasseries. C’est l’exemple de la BRAVOLTA en Haute-Volta. Aussi retenons la Société Industrielle de Construction d’Abattoirs Frigorifiques pour l’Afrique(SICAFA), les boulangeries (Boulangerie, Pâtisserie Nouvelle à Ouagadougou). Il y avait aussi la cimenterie, l’imprimerie (Imprimerie des Presses Africaines à Ouagadougou.

            Au Niger était installée la SICONIGER, la SMDN (Société Minière à Agadez)

           En Guinée, il faut noter les industries de limonades, de brasseries et de transformations alimentaires                  

           Au Sénégal, on note les grandes firmes comme SCAO (Société Commerciale de l’Afrique de l’Ouest) et la CFAO (Compagnie Française d’Afrique Occidentale) qui deviendra plus tard après 1945 Unilever.

           Pour ce qui est de la Mauritanie, l’industrie fut presque inexistante en ce sens que les économistes la font débuter dans les années 70.

          Un type d’industrie existait aussi dans les colonies de l’intérieur en fonction des possibilités cynégétiques : c’est l’industrie touristique. L’exemple du parc W à Diapaga, les réserves d’Arly, les Minarets du Soudan, les dunes de sable en témoignent.

           Un autre atout industriel est à souligner : c’est la main-d’œuvre industrielle. Elle était obtenue par la coercition ou par le recrutement à bon marché. Leur production était orientée essentiellement vers la consommation à l’intérieur des colonies de l’AOF et aussi à la satisfaction de la métropole

 

  1. III.              APPORTS ET LIMILTES
  2. 1.      Les apports

           Dans l’immédiat, la politique de spécialisation des colonies pour l’exploitation des ressources agricoles a donné aux différentes colonies de l’AOF un système de monoculture. Avec l’essor industriel, on assiste à l’émergence des institutions financières telles que la Banque de l’Afrique Occidentale (BAO) créée en 1901 et la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie (BNCI). La production industrielle a aussi favorisé le développement du commerce import-export. C’est le cas des sociétés comme SCOA et CFAO.                                                                                                             A long terme, nous remarquons que les colonies indépendantes ont été bénéficiaires des infrastructures mises en place à la faveur de l’industrialisation (routes, ports, rails, usines…) dont la plupart de nos gouvernements essaient d’améliorer ou de renforcer des infrastructures nouvelles. Notons aussi la contribution de l’implantation des usines au développement des villes capitales comme Dakar, Abidjan, Cotonou, Ouagadougou, Niamey, sans oublier Bobo-Dioulasso même si la ville n’était pas une capitale.

 

  1. 2.      Les limites

             Au moment de la spécialisation des colonies en zone de monocultures, l’impact négatif sur l’environnement y était déjà constaté. Les mouvements des populations ne sont pas à négliger. En effet, ces mouvements sont par l’emploi de la main-d’œuvre indigène dans l’industrie. Le recrutement par la force pour les cultures obligatoires expliquerait ces mouvements. Le dépeuplement des colonies de l’intérieur (Haute-Volta, Niger, Soudan français) pour être expliqué par la recherche du numéraire surtout avec l’introduction du franc CFA en 1939. L’industrialisation a aussi entrainé le délaissement des cultures vivrières pour les cultures de rente. Elle a même temps introduit certaines maladies comme les maladies respiratoires (tuberculose)

               En outre, elle a polarisé l’espace économique, a construit une dimension « monde » autour d’un centre prospère dominant, industrialisation, détenteur des capitaux et du savoir-faire (la métropole) et les colonies relégués en « périphérie » cantonnées sur la production et la livraison des matières premières accentuant ainsi leur dépendance vis-à-vis de la métropole.

 

 

 

CONCLUSION

              Les colonies de l’AOF ont connu une industrialisation lente et disparate en fonction de la situation des colonies. Au départ les colonies avaient dans la plupart des unités artisanales et qui seront plus tard modernisées. Divers moyens ont été employés par les colonisateurs pour la réussite de l’installation des unités industrielles. L’implantation des centrales hydroélectriques a boosté davantage la production  industrielle. Ces unités industrielles ont eu d’énormes apports dans l’économie des différentes colonies de l’AOF, mais ont même temps eu des inconvénients pour ces dernières.    

              Toutefois, ces industries léguées par les colonisateurs n’ont pas beaucoup connu d’évolution après les indépendances. Elles demeurent toujours des industries légères caractérisées par la transformation et de fabrication des produits qui, le plus souvent, ne peut pas faire face à la concurrence des grandes firmes mondiales.  

 

 

                                                    BIBLIOGRAPHIE

-          L’héritage colonial : quelques aspects de l’économie de BANTENGA Moussa consulté via internet sur www .histoire-afrique.org

-          COQUERY-VIDROVITCH C.  histoire de l’Afrique noire de 1800 à nos jours

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



24/09/2012
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