CLUB D\'HISTOIRE JOSEPH KI-ZERBO DE KOUDOUGOU

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Les religions en A.O.F.

PLAN

                                                                                                                    I.            LES RELIGIONS TRADITIONNELLES

  1. Les prophètes africains
  2. Persistance de la religion traditionnelle

                                                                                                                                                                    II.            L’ISLAM

  1. Une nouvelle voie de résistance
  2. Contribution de l’islam à la colonisation
  3. Rôle de l’islam dans la décolonisation

                                                                                                                                            III.            LE CHRISTIANISME

  1. Administration et mission : l’union sacré
  2. Christianisme, décolonisation et développement

CONCLUSION

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

La religion imprègne toute la trame de la vie individuelle et communautaire en Afrique. Ce n’est pas seulement un ensemble de croyance, mais un mode de vie, le fondement de la culture, de l’identité et des valeurs sociales. La religion constitue un élément essentiel de la tradition qui contribue à la fois à assurer la stabilité sociale et à promouvoir l’innovation créatrice. Le fait religieux qui se manifeste sous différentes formes à une influence indéniable sur le développement historique de l’Afrique, ou il joue un rôle très important. Ainsi, l’apport de certaines religions en Afrique avec la colonisation contribuera d’une manière ou une autre à l’installation de l’économie coloniale. Cependant, parlant de l’Afrique occidentale française (AOF), quelles sont les principales religions qu’on y  rencontrait ? Quelles ont été leurs participations à l’exploitation coloniale dans cette partie de l’Afrique ? Nous aurons comme tache la présentation des différentes religions en AOF et leur contribution à la colonisation.

        I.            Les religions traditionnelles en AOF

  1. 1.      les prophètes

A l’inverse de l’islam, apparemment soumis et docile, les religions Africaines et toutes les pratiques du sacré se révélèrent un ferment d’opposition aux européens. L’arrivée de ces derniers provoquant d’ailleurs un regain des pratiques et l’émergence foisonnante prophètes. Sociétés secrète, sorciers, prêtresses, faiseurs de pluie connurent une nouvelle heure de gloire. Pendant cette période on rencontrait un peu partout des prophètes sur le territoire Africain. En AEF : Afrique équatoriale française on a le prophète Karnou, en Afrique centrale on a le Kimbanguisme au Congo fondé par Simon Kimbangu. Parlant de l’AOF on peut citer le harrisme créée par le prophète William Wade Harris en cote d’ivoire.

Le harrisme se cantonnait à un message d’ordre religieux (« je viens parler pour tout le monde, Noirs et blancs de ce pays », disait Harris), ce qui ne suffit pas d’ ailleurs à calmer les inquiétudes des européens. Le mouvement harriste et son prophètes ressemble au mouvement Kimbanguiste et à son fondateur, avec cependant une différence de taille. Si le christianisme était déjà largement implanté au Kongo, la cote d’ivoire était plutôt le domaine de l’islam et des religions traditionnelles ; les missionnaires n’avaient pu diffuser leur religion que sur une étroite banale côtière et dans quelques zones forestières. Si Simon Kimbangu apparait en Afrique centrale comme un grand prophète parmi beaucoup d’autres, William Wade Harris fait donc presque figure d’exception dans sa région. Son mouvement n’eut pas pour objectif de contester la colonisation ; pourtant c’est biens dans l’action politique que débuta son fondateur et c’est en prison ou il était détenu pour trouble de l’ordre public qu’il dit avoir vue sa première vision mystique. On retrouve dans le Harris les principaux traits des prophétismes africains : Invocation de Dieu dont il dit être l’envoyé. Le souci exclusif du gouverneur de la cote d’ivoire Gabriel Angoulvant, qui voulait assoir sa politique de « pacification » et l’inquiétude des missionnaire européens eurent raison du prophète qui, après avoir plusieurs fois traversé la frontière fut arrêter et déporter.

  1. 2.      Persistance de la religion traditionnelle

L’importance de religion traditionnelle africaine va bien au delà  de ce qu’on pourrait croire au vu des 20% que les statistiques lui accordent. Pour nombre de chrétiens et de musulmans, le fondement des valeurs morales continuent de s’appuyer davantage sur l’ancienne cosmologie que sur les croyance nouvelles: on manifeste toujours du respect envers les ancêtres, notamment par le versement de libations,  on croit encore que les ancêtres interviennent dans la vie de leurs successeurs , qu’il existe  des forces du bien et du mal que l’on peut manipuler en accédant directement aux divinités  par la prière et le sacrifice , que leur charmes  et amulettes sont efficaces pour écarter le mal ,etc. Même lorsque ces croyances et ces pratiques cessent d’être  considérées come une affaire de religion, on continue de les observer en tant que coutume.

Il y a tout un plan de la vie africaine que l’islam et le christianisme ont envahi sans réussir a le dominer entièrement : c’est celui de la santé et de la guérison. Dans la religion traditionnelle, les maux physiques ne sont qu’une symptôme de mauvaise santé qui peut découler de la colère d’une force malveillance, laquelle peut être due à  quelques méfaits ou à mauvaise qualité des rapports de l’intéressé avec ses voisins ,un ancêtre, une divinité. Pour redonner la santé, le guérisseur devait interroger le malade sur toutes ses relations et remédier au problème par la prière, le sacrifice, ou les deux. Le symptôme physique était ensuite traité avec des herbes ou, au besoin, par des incantations. Le regain que connait actuellement la religion traditionnelle est du en grande partie au fait que autorités reconnaissent, plus que par le passé, la place importante de la place des  systèmes de guérison traditionnelle dans les soins de santé. Grace à cette reconnaissance officielle ; ceux qui continuent  à recourir à ces soins ont moins besoin de le faire dans la clandestinité.

      II.            L’islam

1        Une nouvelle voie de résistance

Curieusement,  l’islam qui inquiétait tant les Européens ne représenta qu’exceptionnellement une réelle force d’opposition à l’ordre colonial. Certes, à l’heure de la conquête se dressèrent des hommes et des mouvements de défense dont l’obédience musulmane était claire sinon clairement exprimée. En outre, le désarroi dans lequel la colonisation plongea les populations contribua certainement à l’expansion de l’islam, le positionna comme un facteur potentiel de résistance : ainsi, le développement du mouridisme tient- il pour partie à la chute du cayor et à la mise en place de l’économie de traite au Sénégal ; il trouva un terrain favorable chez les Wolof. Mais le premier âge de la colonisation et de la résistance passé(la dernière manifestation de cette manifestation se réclamant de la religion fut la révolte Touareg au Niger pendant la première guerre mondiale), alors même que l’islam en Soudan tissait des liens profonds avec le nationalisme, musulmans d’Afrique noir fut plutôt coopératifs, conscient du pouvoir que la reconnaissance coloniale leur conférait, sensibles aux avantages matériels octroyés à leurs dignitaires, inquiet à juste titre de la répression qui pouvait à tout moment faire vaciller leurs chefs, et satisfait de la latitude dont ils jouissaient ou des encouragements qu’ils recevaient, situation de liberté et prestige qui permettait de multiplier les conversion. En outre, l’absence de d’unité et parfois de la concurrence entre les confréries empêchaient un élan unitaire massif ainsi que toute conscience d’une appartenance un groupe potentiellement puissant.

Il y eut certes quelques signes d’agitation, comme lors de l’expansion du hamallisme en Afrique  de l’ouest ou dans les milieux musulmans du Mozambique, mais aucun mouvement  de réelle portée. Pourtant, la vigilance et la crainte des Européens ne fléchirent jamais. En AOF, en particulier, ou courait une psychose du complot musulman, la surveillance était et les agents de renseignements nombreux ; confréries, écoles coraniques, maisons de cheikh et des imams étaient l’objet d’un perpétuel espionnage.

2        Contribution de l’islam à la colonisation

Les puissances coloniales ont constaté qu’une collaboration avec les communautés musulmanes dociles pouvait être bénéfique aux deux parties en présence. Elles ont encouragé l’enseignement islamique élémentaire dispensé dans les écoles coraniques ; elles ont promulgué des lois autorisant les musulmans à pratiquer librement leur religion, incluant notamment les dispositions de la sharia dans les règles de droit civil au sein des communautés musulmanes. Elles ont imposé des restrictions à l’accès des missionnaires chrétiens aux zones musulmanes.

Beaucoup de communautés africaines, qui avaient jusque- là résisté propagation de l’islam, ont considéré, après la conquête coloniale, qu’il était plus honorable d’adhérer à l’islam qu’à la religion des conquérants. Mais, même chez ceux qui s’étaient convertis par résistance passive, s’instaurait souvent une collaboration remarquable avec les autorisé coloniales. Ainsi,  les Wolof, que les mouvements précoloniaux du djihad n’avaient pas réussi à convertir, sont sortis de la période coloniale entièrement islamisés, grâce surtout à l’action de Shaykh Ahmadou Bamba, fondateur de l’ordre Soufi des Mourides. Ahmadou Bamba devint un personnage éminemment respecté durant la période coloniale et fut décoré pour les services qu’il rendit dans recrutement des soldats qui servirent en France pendant la première guerre mondiale. Le succès remporté par les Mourides et l’importance qu’ils continuent d’avoir aujourd’hui au Sénégal  illustrent l’une des façons dont l’islam a su se faire une place dans la société et la culture africaines en devenant une force religieuse vitale.

  1. 3.      Rôle de l’islam dans la décolonisation

Dans le processus de décolonisation, les musulmans n’ont pas eut les mêmes problèmes de structures coloniales et d’aliénation culturelle que les chrétiens. S’ils ont d’abord considérés l’indépendance comme une «aventure ambigüe », c’est en raison de leur hostilité à l’égard de l’éducation occidentale et de leur crainte que ne sait donner un avantage déloyal aux chrétiens. Les musulmans d’Afrique occidentale n’ont dans un premier temps, manifestés que peut d’enthousiasme pour les mouvements nationalistes. Ils s’étaient tenus à l’écart du courant dominant du mouvement panafricain inspiré du nouveau monde et transmis dans les cercles chrétiens européens. L’une des mérites d’Al Nasser a été précisément de devenir le point de rencontre du panarabisme, du panislamisme et du panafricanisme. Il a contribué à intégrer les dirigeants  musulmans d’Afrique occidentale dans le courant dominant du mouvement nationaliste.    

    III.            Le christianisme

  1. 1.      Administration et  mission : l’union sacré

Le plus souvent, l’entente entre les domaines public et religieux se décidait sur le terrain et non dans les capitales européennes. L’administration fixait des règles et des systèmes d’autorisation qui lui permettaient de contrôler l’installation des missionnaires. En AOF, elle évita de donner à ces missions un statut privilégié là ou les musulmans, solidement implantés, auraient pu réagir : les missionnaire du Dahomey et de la cote d’ivoire eurent les coudées plus franche que ceux du Soudan française. En contrepartie de se control, l’administration devait fournir un soutien concret au mouvement missionnaire : les églises et missions obtenaient de bonnes terres et des emplacement de choix dans les villes ; le système d’imposition comportait parfois une « dime » ; le travail forcé permettait de fournir la main d’œuvre nécessaire construction des bâtiments ou la mise en exploitation des terres ; l’éducation reposait en grande partie sur les missionnaires, chargés en contrepartie de subventions de prendre en main l’enseignement primaire ; enfin les « encouragements » à la conversion de la part des administrateurs n’étaient pas rares.

  1. 2.      Christianisme, décolonisation et développement

 C’est le christianisme qui illustre le mieux le rôle contradictoire, à la fois positif et négatif, de la religion dans la transformation sociale de l’Afrique. D’une part, le christianisme a été bien accueilli et son expansion s’explique part sa participation directe au développement de l’Afrique. Son rôle dans la promotion de l’éducation occidentale à tous les niveaux a été primordial. En effet, sauf dans les régions à prédominance musulmane, les puissances coloniales se sont le plus souvent contentées de laisser aux missionnaires le soin d’assurer l’éducation, moyennant une aide financière par les impôts. Les missionnaire ont entreprirent l’étude des langues africaines, l’élaboration d’alphabets et la traduction de la bible et d’autres ouvrages religieux pour créer une nouvelle tradition littéraire en langues africaines et promouvoir l’alphabétisation. Les missions chrétiennes ont dominé le commerce des livres, l’impression et l’édition, les librairies et les bibliothèques. Elles ont été aussi les premières à introduire des soins d santé à l’occidentale lors de la fondation d’hôpitaux et de cliniques. Ainsi, l’un des grands attraits du christianisme résidait dans les efforts déployés pour mettre en place des mesures progressistes et passé de la société traditionnelle à un monde en cours de modernisation.

            D’un autre coté, le christianisme  s’est développé avec le colonialisme, et les missionnaires, qui gardaient une forte emprise sur les églises qu’ils avaient fondées étaient plus proche des fonctionnaires et des colons européens que leurs collègues, assistants et paroissiens africains. Les établissements religieux faisaient partie des structures coloniales dont les mouvements indépendantistes africains tentaient de se libérer.

            La décolonisation devait commencer par  l’église ; il fallait non seulement en transformer les structures et remplacer les dignitaires européens par les africains, mais aussi chercher à africaniser ses formes et son contenu sans perdre l’essence des valeurs chrétiennes. Cet effort d’africanisation de l’église chrétienne a été accompli à la fois par les catholiques et les protestants, mais il était communément  admis qu’il ne se limitait pas à la simple question du contrôle, du contenu et de la forme des églises chrétiennes ; c’est toute la stratégie du développement qui était en cause.

                                               Conclusion

La religion traditionnelle africaine bien qu’érodée par l’extension de l’islam et du christianisme, est toujours vivante et porteuse de ses principes humanistes et spirituels propres qui ont soutenu les générations africaines successives, depuis des millénaires. Pourtant, il faut noter que, trop souvent encore, une certaine mentalité africaine de caractère fétichiste, magique et mystique vient bloquer l’élaboration d’une pensée et d’une action constructive indispensable à la construction de la société africaine. Les religions chrétiennes et musulmanes ont déjà marqué profondément l’histoire du continent africain, surtout au cours des cinquante dernières années. Leur influence est particulièrement sensible dans l’élaboration du droit africain, qu’il s’agisse du code de la famille ou d’élément de droit privé. Elles sont appelées si l’on en croit les tendances socioculturelles actuelles a joué un grand rôle dans le développement de l’Afrique tant sur le plan de l’orientation des idées que par leur contribution à l’aménagement des infrastructures sociales et économiques, bases de l’essor général de l’Afrique. Il est logique qu’en Afrique le christianisme et l’islam passent par un processus minimum d’acculturation notamment en ce qui concerne l’expression doctrinale ou rituelle. La multiplication des confréries apparentées à l’islam ou à des églises indépendantes, des sectes, des messianismes et autres syncrétismes christiano-africains incitent à réflexion sur les religions constituées historiquement et contrôlées hiérarchiquement, tout comme d’ailleurs, sur la société africaine tout entière. Ces mouvements révèlent des failles et des lacunes dans les principes d’organisation sociale ; ils attirent l’attention sur des aspirations spirituelles et des besoins qui ne sont pas entièrement satisfaits par les systèmes politiques et économiques en place. Ainsi, le fait religieux, adéquatement perçu, analysé et critiqué en AOF peut encore contribuer à la transformation sociale et au développement harmonieux de l’Afrique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

Mazrui, A.A et Wondji, C. 1998, Histoire Générale de l’Afrique, Vol VIII : L’Afrique depuis 1935  Paris, édition présence africaine ; UNESCO 639 pages.

Elikia, M.   1992, Afrique Noire : Histoire et civilisations du XIXème siècle à nos jours Paris, Hatier 587 pages.

WWW.yahoo.fr

WWW.wikipedia



24/09/2012
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